13 décembre, 2010

Côte d'Ivoire: les forces de Gbagbo bloquent le QG de Ouattara

AFP

Un blindé des forces armées fidèles à Laurent Gbagbo près de l'hôtel du Golf, à Adbijan, où se trouve le gouvernement d'Alassane Ouattara, le 13 décembre 2010
Un blindé des forces armées fidèles à Laurent Gbagbo près de l'hôtel du Golf, à Adbijan, où se trouve le gouvernement d'Alassane Ouattara, le 13 décembre 2010 Kambou Sia AFP

Des forces fidèles à Laurent Gbagbo, l'un des deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire, ont établi lundi un blocus autour de l'hôtel qui sert de QG à son rival Alassane Ouattara, reconnu chef de l'Etat par la la communauté internationale.

C'est la première fois que les deux camps se font pratiquement face en armes sur le terrain depuis le début de la crise politique qui a suivi la présidentielle du 28 novembre.

En dépit de ce blocus, Guillaume Soro, Premier ministre d'Alassane Ouattara, a affirmé lundi qu'il s'installerait vendredi avec ses ministres au siège du gouvernement à Abidjan.

Après plusieurs heures de confusion, des forces de sécurité fidèles à Laurent Gbagbo ont réussi à la mi-journée à établir un barrage à chaque extrémité de la route par laquelle on accède à l'hôtel du Golf, situé en bord de lagune dans la capitale économique, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les forces pro-Gbagbo, au moins une cinquantaine d'hommes dont certains de la BAE (Brigade anti-émeute), étaient équipées de plusieurs pick-up surmontés de mitrailleuses.

En fin d'après-midi les barrages militaires étaient toujours en place, a constaté l'AFP, mais rien n'indiquait l'imminence d'un assaut contre l'hôtel.

A quelques centaines de mètres de là, l'entrée principale du bâtiment était gardée par des éléments des Forces nouvelles (FN, ex-rébellion) - partisans de M. Ouattara - armés notamment de lance-roquettes RPG7. Des Casques bleus de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) montaient également la garde.

Un porte-parole des Nations unies à New York a expliqué que l'Onuci avait "reçu l'ordre de protéger le gouvernement de M. Ouattara, en conformité avec (son) mandat".

La tension est à la mesure du symbole: l'hôtel sert de "présidence" à Alassane Ouattara et son gouvernement, ainsi qu'à son Premier ministre et chef des FN Guillaume Soro, tandis que son rival Laurent Gbagbo siège au palais présidentiel.

M. Soro a affirmé sa volonté de sortir de cette situation, promettant que son gouvernement se réunirait vendredi dans les locaux de la Primature au Plateau, le quartier administratif d'Abidjan.

Il compte aussi s'accaparer un autre instrument du pouvoir en se rendant avec son cabinet "dans les locaux de la RTI (télévision publique) pour y installer le nouveau directeur général".

La RTI est toujours aux mains du camp Gbagbo et la nomination par M. Ouattara d'un nouveau dirigeant est restée pour l'heure sans effet.

Solidement installé au palais présidentiel, Laurent Gbagbo est cependant de plus en plus isolé sur la scène internationale. L'Union européenne a accru lundi la pression sur lui en décidant de le sanctionner, via des restrictions de visas et un gel d'avoirs.

Signe que l'atmosphère se crispe après des jours d'apparent statu quo, le général Philippe Mangou, chef de l'armée régulière, a adressé dimanche un ferme avertissement à l'Onuci (10.000 hommes) et à la force française Licorne (900 éléments), les sommant de ne pas "faire la guerre aux Ivoiriens".

Il a rappelé "les événements douloureux" de 2004 au cours desquels les tensions avaient atteint leur paroxysme entre la Côte d'Ivoire et l'ex-puissance coloniale française, après la crise née du coup d'Etat raté de 2002 qui a coupé le pays en un sud pro-Gbagbo et un nord FN.

Un bombardement de l'aviation ivoirienne avait tué neuf soldats français à Bouaké (centre) et plus de 50 manifestants ivoiriens étaient tombés à Abidjan sous les balles des soldats français.

Avant le général Mangou, le ministre de l'Intérieur de M. Gbagbo, Emile Guiriéoulou, avait accusé des diplomates "occidentaux" à Abidjan d'"approcher" des officiers de l'armée "pour les persuader de faire allégeance" à M. Ouattara, une "immixtion" que le gouvernement ne "saurait tolérer plus longtemps".

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