ABIDJAN (AFP)
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La crise en Côte d'Ivoire était samedi à un tournant, après la menace lancée par l'Afrique de l'Ouest à Laurent Gbagbo de le déloger par la force s'il persiste à se maintenir à la présidence malgré les appels internationaux à céder le pouvoir à Alassane Ouattara.
Tristes fêtes de fin d'année pour un pays qui espérait, à la faveur de la présidentielle du 28 novembre, clore une décennie de crises précisément ouverte un jour de Noël 1999, avec le premier coup d'Etat de l'histoire du pays.
Lors de son message traditionnel de Noël, le pape Benoît XVI a appelé samedi à "une paix durable" en Côte d'Ivoire qui, déchirée entre deux présidents proclamés, le sortant Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, ne cesse de s'enfoncer dans la crise depuis près d'un mois.
La tension est encore montée vendredi avec la ferme menace brandie par les pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) à l'adresse de Gbagbo: le recours à la "force légitime" s'il ne cède pas, mais aussi les poursuites internationales pour les violences récentes, qui ont fait 173 morts selon l'ONU entre le 16 et le 21 décembre.
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C'est la première fois que Gbagbo, qui a ignoré jusque-là ultimatums et sanctions, est directement sous la menace d'une opération militaire.
A l'issue d'un sommet de ses chefs d'Etat à Abuja (Nigeria), l'organisation sous-régionale a annoncé "un dernier geste" avec l'envoi d'"une délégation spéciale de haut niveau", dont on ignorait samedi à la mi-journée la composition et la date d'arrivée.
Il s'agirait d'intimer à Gbagbo de partir de lui-même, faute de quoi il pourrait se retrouver sous le feu de ses voisins.
Le gouvernement d'Alassane Ouattara, coincé dans un hôtel de luxe d'Abidjan soumis à un blocus des Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à Gbagbo, avait jugé cette semaine que la force était la "solution qui reste" pour expulser son rival du palais présidentiel.
Vendredi, sortant d'un silence de plusieurs semaines, Ouattara a solennellement appelé les FDS à se placer sous son autorité et à protéger la population contre les "atrocités" commises par des éléments armés, parmi lesquels "des mercenaires et des miliciens étrangers".
Gbagbo, qui s'est réaffirmé comme "le président de la République" malgré les appels innombrables à céder la place et les sanctions - interdictions de voyager - de l'Union européenne et des Etats-Unis, n'a montré aucune disposition à se plier aux injonctions.
L'un de ses avocats les plus enflammés, Charles Blé Goudé, ministre de la Jeunesse et chef des "jeunes patriotes", a d'ailleurs arpenté Abidjan cette semaine pour appeler ses partisans au futur "combat" pour la "souveraineté" ivoirienne. Il prévoit une grande manifestation "pacifique" mercredi dans la capitale économique.
Mais si le régime Gbagbo a en main des leviers essentiels comme l'armée, sur le plan financier la situation devient délicate.
Jeudi, l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) a décidé d'accorder à Ouattara le contrôle des comptes ivoiriens à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).
Le gouvernement Gbagbo a rejeté une décision "illégale" qui pourrait s'avérer lourde de conséquences, même si les salaires des fonctionnaires pour décembre ont commencé à être payés ces derniers jours.
Enfin, dans la bataille diplomatique en cours, Ouattara a marqué un premier point avec la reconnaissance par l'Assemblée générale des Nations unies de son ambassadeur désigné auprès de l'organisation.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué une "décision importante" qui "reflète la position unie de la communauté internationale concernant la légitimité" du gouvernement Ouattara.
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