09 décembre, 2010

Bienvenue au "Golf hôtel" d`Abidjan: le président Ouattara en son palais (REPORTAGE)

AFP


Mercredi
© Reuters
Chars de l`ONU postés devant l`entrée, foule
bigarrée à l`intérieur allant du simple militant au ministre en vue: bienvenue
au "Golf hôtel" d`Abidjan où règne Alassane Ouattara, président proclamé en
quête de présidence.
"C`est la sécurité, ouvrez le coffre arrière de votre véhicule, s`il vous
plaît": casquette vissée sur la tête, chemise rouge et noire, des
"volontaires" du parti de M. Ouattara fouillent les véhicules à l`entrée du
parking. Une dizaine de Casques bleus jordaniens les observent, dont deux sont
debout sur un char au canon pointé en direction du terrain de golf.
Une dame tente de se soustraire au contrôle, on la stoppe aussitôt mais un
bref coup d`oeil de l`agent dans son sac à main lui permet de se retrouver
dans le hall de l`immense cinq étoiles.
Tandis que son rival Laurent Gbagbo siège au palais présidentiel, veillé
par la Garde républicaine, c`est dans cet hôtel en bord de lagune qu`Alassane
Ouattara, reconnu par la communauté internationale, a établi ses quartiers
avant même la présidentielle du 28 novembre aux résultats controversés.
Une foule de sympathisants anonymes se mêle à des visages connus, de
dirigeants de l`ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) - dont le chef
Guillaume Soro a été nommé Premier ministre par M. Ouattara - ou de ministres
nommés par l`ex-opposant.
"Un mélange de cour des miracles, de ruche bourdonnante et de Versailles
rempli de courtisans", glisse un diplomate qui fait à l`occasion un crochet
par le "Golf".
"Je viens ici tous les jours pour montrer à mon président que sa victoire
est réelle", explique à l`AFP Siaka Diomandé, 29 ans, assis en compagnie de
trois autres militants.
Alors que M. Gbagbo a formé son propre cabinet en début de semaine, Cissé
Vakaba, 47 ans, cadre au ministère des Nouvelles technologies de l`information
et de la communication, est catégorique: "l`autre, ce n`est pas le vrai
gouvernement".
M. Ouattara a déménagé de sa villa cossue, pourtant située à une centaine
de mètres seulement de l`hôtel, pour installer ici son QG, sous la garde des
Casques bleus et d`hommes des FN.
Il y accorde ses "audiences" de chef de l`Etat, au représentant spécial de
l`ONU dans le pays Choi Young-jin, aux ambassadeurs ou encore au médiateur de
l`Union africaine Thabo Mbeki, de passage le week-end dernier.
Conciliabules improvisés entre gens importants dans l`ombre des couloirs,
discussions serrées sur un projet de décret dans une salle de réunion, conseil
des ministres au fond du jardin planté d`immenses palmiers: c`est là que tous
ceux qui comptent dans le camp Ouattara doivent être vus.
Un responsable du Parti démocratique de Côte d`Ivoire (PDCI) de
l`ex-président Henri Konan Bédié, allié à Alassane Ouattara, préfère pourtant
y venir "assez rarement". "Beaucoup de cadres PDCI tournent dans les couloirs
en quête d`un poste, je ne veux pas qu`on me prenne pour l`un d`eux",
épingle-t-il.
Dans le grand jardin, quelques éléments des FN, sanglés dans des treillis
impeccables, vont et viennent, téléphone portable collé à l`oreille. Quelques
jeunes filles les regardent avec intérêt.
Plus loin, des Casques bleus pakistanais se photographient à tour de rôle
près de la piscine, en souvenir de la "République autonome du Golf (RAG)",
comme l`ont déjà baptisée les Abidjanais.

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