12 novembre, 2010

Près de 800 morts du choléra en Haïti, l'ONU lance un appel de fonds

Des Haïtiens à l'hôpital de Médecins sans Frontières à Port-au-Prince, le 10 novembre 2010
Des Haïtiens à l'hôpital de Médecins sans Frontières à Port-au-Prince, le 10 novembre 2010 Thony Belizaire AFP

Le choléra a fait près de 800 morts en Haïti, dont 13 dans la capitale surpeuplée Port-au-Prince, poussant l'ONU à lancer un appel de fonds d'urgence afin "d'éviter d'être dépassée" par une épidémie qui menace tout particulièrement les sinistrés du séisme de janvier.

Le ministère haïtien de la Santé a publié vendredi un bilan de 796 morts et 12.303 hospitalisations depuis l'éclosion de l'épidémie dans le pays à la mi-octobre, soit 72 décès de plus que le bilan annoncé la veille, et 1.303 hospitalisations supplémentaires.

La plupart des décès (540) sont survenus dans le département de l'Artibonite (nord), principal foyer de l'épidémie.

Toutefois, la maladie semble s'installer aussi à Port-au-Prince, où vivent dans des conditions sanitaires extrêmement précaires, depuis le séisme du 12 janvier, plus d'un million de personnes. Le ministère haïtien de la Santé y a fait état vendredi de 13 décès, contre 4 la veille.

L'ONU a lancé vendredi un appel de fonds d'urgence de 163,8 millions de dollars (120 millions d'euros) pour "éviter d'être dépassée" par l'épidémie de choléra dans le pays, le plus pauvre du continent américain.

"Il nous faut absolument cet argent au plus vite pour éviter d'être dépassés par cette épidémie", a expliqué la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs.

L'organisation s'attend à ce que près de "200.000 personnes montrent des symptômes du choléra, allant de diarrhées légères à une déshydratation sévère".

"Les cas (de choléra) devraient apparaître lors d'une poussée de l'épidémie qui se produira de façon soudaine dans différentes parties du pays".

Face à cette propagation attendue de l'épidémie dans l'ensemble du pays, l'ONU estime que des ressources devront encore être mobilisées pour au moins six mois.

Le Dr Claude Suréna, président de l'Association médicale haïtienne, a indiqué vendredi que les autorités sanitaires avaient mis en place à Port-au-Prince 5 centres de traitement du choléra (CTC) et qu'elles travaillaient avec 14 hôpitaux publics et privés afin d'aménager des espaces d'implantation d'autres CTC.

Il s'agit de "parer à toute éventualité, parce que la crainte d'une flambée (de l'épidémie) à Port-au-Prince demeure", a-t-il expliqué, soulignant que des cas de choléra avaient été identifiés dans des quartiers de la capitale où jusqu'à présent aucun malade n'avait été recensé.

La semaine dernière l'ouragan Tomas a fait au moins 21 morts dans le pays et provoqué d'importantes inondations et les autorités redoutaient une augmentation des infections, les précipitations ayant entraîné une augmentation du volume d'eau polluée, un des principaux vecteurs de la maladie.

Le choléra est une maladie hautement contagieuse que l'on sait prévenir. Etroitement liée à la pauvreté, elle sévit en particulier en Afrique et persiste à l'état latent dans une centaine de pays.

Le nombre de malades répertorié par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne cesse de croître avec 3 à 5 millions de cas par an et 100.000 à 120.000 décès.

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