27 novembre, 2010

La Suisse va-t-elle bientôt expulser les étrangers criminels ?

Le Point.fr

Dimanche, les Helvètes se prononcent sur deux textes qui réclament le renvoi des étrangers ayant commis des délits graves.

De notre correspondant à Genève, Jean Lalande

La Suisse va-t-elle bientôt expulser les étrangers criminels ?

Une partie du lectorat suisse se radicalise, à droite comme à gauche © AFP PHOTOS

"Ivan S., violeur et bientôt suisse ?" À travers la Suisse, ce slogan de l'UDC barre les affiches représentant un personnage barbu à l'air patibulaire. L'Union démocratique du Centre de Christoph Blocher récidive. Fort de son succès en 2009 concernant l'interdiction des minarets, ce parti - le plus à droite de l'échiquier politique - réclame que les étrangers condamnés pour meurtre, viol, brigandage, traite d'êtres humains, trafic de drogue, mais aussi ceux qui "ont perçu abusivement des prestations des assurances sociales ou de l'aide sociale" soient privés de leur titre de séjour et de tous leurs droits de séjourner dans la Confédération.

Les Suisses devront dire s'ils sont d'accord avec cette proposition, tandis que l'initiative populaire, qui a conduit à l'organisation du référendum de dimanche, a obtenu 200.000 signatures (100.000 auraient été suffisantes pour acter la mise en oeuvre du vote). Un sondage publié par le SonntagsZeitung en octobre avance que cette "initiative" pourrait recueillir 61,5 % des suffrages !

Si les Suisses alémaniques devraient se montrer plus sévères vis-à-vis des étrangers criminels que les Suisses francophones, le quotidien Le Temps, de Genève, a rappelé cette semaine que les cantons de Zurich et de Saint-Gall expulsent déjà à tour de bras les délinquants étrangers.

Contre-projet sévère

Afin d'éviter un nouveau triomphe pour l'UDC - la principale formation politique du pays, avec près de 30 % d'intentions de vote -, les autres partis au parlement ont lancé un contre-projet qui va dans le même sens, mais qui se veut "ferme, mais juste !" ("Hart aber fair !"). Démocrates-chrétiens, libéraux-radicaux et socialistes estiment que l'initiative lancée par l'extrême droite n'est pas compatible avec l'accord sur la libre circulation signé avec l'Union européenne. Comment réagiront en effet Paris et Berlin si Berne expulse un Français ou un Allemand coupable d'avoir vendu du haschich ou qui n'aurait pas payé une pension alimentaire ?

Mais bien que l'initiative du parlement soit plus policée que celle de l'UDC, elle reste très sévère. Les étrangers auteurs d'assassinat, viol, brigandage, mais aussi d'une "infraction passible d'une peine de privation de liberté d'un an au moins" seront reconduits à la frontière. Côté campagne sur le terrain, les jeunes socialistes mettent en scène "Christoph B., fasciste et déjà suisse !" Christoph B. contre Ivan S. Le match s'annonce serré.

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