02 novembre, 2010

Elections américaines : vers un nouvel équilibre politique

Les républicains s'attendent à une large victoire, mardi, lors des élections de mi-mandat. Les démocrates peuvent perdre leur majorité à la Chambre des représentants, voir au Sénat.

Les républicains s'attendent à une large victoire, mardi, lors des élections de mi-mandat. Les démocrates peuvent perdre leur majorité à la Chambre des représentants, voir au Sénat.AFP/JIM WATSON

Les élections de mi-mandat, qui se déroulent mardi 2 novembre, dessineront un nouvel équilibre politique aux Etats-Unis. Le Parti démocrate contrôle les deux chambres législatives depuis l'élection de Barack Obama à la Maison Blanche en 2008. Selon la plupart des sondages, ils devraient perdre leur majorité à la Chambre des représentants, voire au Sénat.

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Enjeux et explications. Les 435 sièges de la Chambre des représentants, 37 postes de sénateurs (un peu plus d'un tiers du Sénat) et 37 postes de gouverneurs seront renouvelés lors de ce scrutin. De nombreux sondages donnent une avance considérable aux républicains dans les intentions de vote. Concrètement, les sondeurs s'attendent à ce que le Grand Old Party gagne entre 40 et 70 sièges à la chambre basse. Ils n'ont besoin que de 39 sièges supplémentaires pour en prendre le contrôle.

>> Regarder notre infographie animée sur les élections de mi-mandat

Au Sénat, les sondages donnent également une avance aux républicains (entre 6 à 8 sièges supplémentaires en moyenne). Mais ils ne devraient cependant pas en prendre le contrôle, puisqu'il leur faut au moins 11 sièges de sénateurs supplémentaires. Dans des scrutins sénatoriaux clés, comme en Californie, dans l'Etat de Washington ou en Virginie de l'Ouest, les démocrates devraient conserver une légère avance et préserver leur majorité à la chambre haute.

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Les républicains favoris. Au-delà des estimations et autres études d'opinion, les tendances favorables aux républicains se confirment depuis plusieurs semaines. Mettant sans cesse en avant la mauvaise situation économique du pays, le GOP veut se poser en alternative à l'administration Obama. L'état-major du parti s'attend à une large victoire, peut-être la plus grande depuis les élections de mi-mandat de 1938, quand le New Deal de Franklin Roosevelt coûta 71 sièges aux démocrates. Les élections de mi-mandat sont traditionnellement favorables à l'opposition, comme le rappelle le chercheur Barthélémy Courmont : "Il n’y a pas de spécificité Obama dans cette élection, mais un simple retour à la normale. Les élections de mi-mandat sont l’occasion pour les Américains de manifester leur mécontentement ou leur frustration et d’envoyer un message à la Maison Blanche, ce qui se caractérise le plus souvent par un réajustement de sa politique".

En face, le camp démocrate paraît sur la défensive. Barack Obama a multiplié les déplacements pendant les deux dernières semaines de campagne, incitant l'électorat qui l'avait propulsé à la Maison Blance à se rendre de nouveau aux urnes. Il a défendu sans relâche son bilan, rappellant par exemple que la situation économique dont il a hérité avait été provoquée en partie par la précédente administration républicaine.

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L'inconnue Tea Party. A cela, il faut ajouter la perçée du mouvement Tea Party, une "mouvance" populiste emmenée notamment par l'ancienne candidate à la vice-présidence Sarah Palin, qui s'est structurée progressivement depuis son apparition fin 2008, comme l'explique au Monde le politologue François Vergniolle de Chantal. Et s'il est encore trot tôt pour analyser le véritable impact politique du Tea Party, M. Vergniolle de Chantal estime que "cette radicalisation serait plutôt une bonne nouvelle" car "elle a toutes les chances d'être rejetée par l'électorat indépendant, les plus jeunes, la 'majorité silencieuse'".

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 Promis à une défaite électorale deux ans à peine après son arrivée à la Maison Blanche, Barack Obama aura une marge de maneouvre restreinte pour les deux dernières années de son mandat.

Promis à une défaite électorale deux ans à peine après son arrivée à la Maison Blanche, Barack Obama aura une marge de maneouvre restreinte pour les deux dernières années de son mandat.AFP/JEWEL SAMAD

Obama peut-il rebondir ? Promis à une défaite électorale deux ans à peine après son arrivée à la Maison Blanche, Barack Obama aura une marge de manoeuvre restreinte pour les deux dernières années de son mandat. Face à des républicains renforcés et capables de ralentir considérablement l'adoption de futures réformes, le président américain devra faire preuve de tout son art de la conciliation. "La nouvelle stratégie de la présidence américaine devra permettre à la fois d’éviter le blocage législatif tout en conservant le contrôle de l’agenda politique", souligne Catherine Croisier, chercheuse au Centre d’études transatlantiques. Elle s’attend "à un certain nombre de compromis avec le camp républicain" et à "des mesures plus centristes".

Reste maintenant à savoir si Barack Obama sera "un Bill Clinton, le premier démocrate réélu à la Maison Blanche depuis Roosevelt, ou un Jimmy Carter, battu après un seul mandat ?" Clinton, sévèrement défait lors des élections de mi-mandat en 1994, était parvenu à se faire réelire deux ans plus tard. Après le départ de plusieurs personnalités clés de son équipe (son directeur de cabinet, Rahm Emmanuel, son conseiller économique, Larry Summers), Obama a d'ores et déjà annoncé une version "2.0" de son administration, qui travaillera "par petites touches", en "espérant tomber sur quelques domaines où un consensus pourra être trouvé".

>> Lire l'analyse Barack Obama sur les pas de Bill Clinton

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"Le doute a remplacé l'espoir". L'atmosphère des élections de mi-mandat contraste avec celle, plus euphorique, qui a accompagné la victoire de Barack Obama deux ans plus tôt. Une conjoncture économique inquiétante, la montée des extrêmes ou la désillusion provoquée par les promesses non tenues : des internautes du Monde.fr, Français résidents aux Etats-Unis ou citoyens américains, décrivent une situation résolument différente, où "le doute" a remplacé "l'espoir". Pour l'historien Justin Vaïsse, cette élection stigmatisera surtout l'existence de "la profonde division du pays sur le sens de la crise actuelle et les remèdes pour en sortir".

>> Lire le point de vue de Justin Vaïsse Les élections de mi-mandat devraient confirmer la profonde division du pays

>> Lire les témoignages d'internautes du Monde.fr En 2008, c'était l'espoir, en 2010, c'est le doute

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