28 novembre, 2010

Cinquantenaire du Burkina: cours d’histoire sur le Yatenga

La cité de Naaba Kango a accueilli, le jeudi 25 novembre 2010, la 11ème grande conférence régionale organisée dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina Faso. Un rendez-vous qui a permis aux panelistes et au public, de revisiter l’histoire du Yatenga depuis sa fondation par Naaba Yadega au XVème siècle jusqu'à l’arrivée du colon, d’évoquer le présent de la Région du Nord marqué par de lourdes contraintes socio-économiques et de dégager des perspectives pour un avenir radieux de cette partie du «Pays des hommes intègres».

Le royaume du Yatenga fut fondé vers 1540 par Naaba Yadega. Selon le Dr Samuel Salo de l’Université de Ouagadougou, «la fondation de ce royaume est partie de Yadega, fils du Moogho Naaba, qui a été confié à Naaba Suida (un chef de commandement dans le Zandoma) afin qu’il lui apprenne l'art de la guerre. Le Moogho Naaba décède alors que son fils Yadega est en formation militaire. Mais le tuteur de Yadega, ne l’'informa pas, de peur qu'il ne le quitte. Yadega apprendra la nouvelle par hasard et décide de revenir à Ouagadougou.
Mais, grande fut la surprise de Yadega, car c'est son frère cadet qui a été intronisé Moogho Naaba. Toute chose qu’il ne supportera pas. Aidé par sa sœur Pabré qui dérobe les emblèmes royaux, il s’enfuit vers le nord et fonde le royaume du Yatenga et s’installa à Gourcy. A sa mort, et n’ayant pas préparé sa succession, le Yatenga sera en proie à de graves instabilités politiques.» Toutefois, à indiqué le Dr Salo, «les chefs qui se sont succédés à la tête du royaume ont fait de la promotion du commerce local, régional et même international l’une de leur priorité ».
L’histoire de se royaume sera donc émaillée de troubles de succession et de guerres internes et externes jusqu’à l’arrivée du colon en 1885. «Mais que serait devenu le Yatenga d’aujourd’hui sans tous ses événements», s’est interrogé le conférencier, avant de donner la parole à l’un des fils de la région et co-parrain avec Oumarou Kanazoé de la grande conférence, Gérard Kango Ouédraogo.
«Aujourd’hui, la jeunesse à soif de savoir, mais l’on fait boire aux jeunes ce qu’on veut leur faire boire. Mais chaque fois que Gérard, ouvrira la bouche, c’est pour rétablir la vérité», assène le duc du Yatenga, avant d’entamer sa longue communication sur la «vie et l’œuvre du capitaine Michel Dorange». Pour lui, Michel Dorange est un officier français qui avait sous sa direction des tirailleurs sénégalais dont un Voltaïque, plus précisément un Yadéga qui lui était très attaché. Victime d’une blessure suite à une attaque des Allemands et gisant dans son sang, Michel Dorange sera abandonné par ses collaborateurs sous prétexte qu’il était pratiquement mort. Mais le jeune Yadéga, poursuit le conférencier, «a insisté pour qu'on lui montre le lieu où était son officier». Il le retrouvera, peu après toujours gisant dans son sang.
Selon Gérard Kango, Dorange une fois guéri, fit un serment: «Si je ne meurs pas à la guerre, je ferai tout pour partir au pays de mon sauveur et me mettre à la disposition de ce pays jusqu'à ma mort».
Voila comment, à en croire Gérard Kango, ce capitaine français arriva à Ouahigouya en mai 1945. Mais il ne trouvera pas son sauveur en vie car ce dernier venait de mourir, seulement quinze jours avant.
Le capitaine fera alors construire la tombe de son bienfaiteur avant de parcourir les villages du Yatenga pour recenser les anciens combattants, les veuves et orphelins de guerre, pour qu’ils puissent jouir de la pension. Pour l’ancien président de l’Assemblée nationale, cet officier français mérite la reconnaissance du peuple burkinabè. «Je propose que l’on rebaptise le lycée Yadega (un lycée public de Ouahigouya) au nom du capitaine Dorange et que l’on donne à l’Université de Ouahigouya celui de Yadega», à plaidé Gérard Kango Ouédraogo, avant d’inviter les jeunesses burkinabè et africaine à s’unir pour affronter leur avenir en toute sérénité.
Au cours de cette grande conférence, deux autres panels ont porté sur l’économie et l’agriculture de la Région du nord, animés respectivement par Djibrina Barry, secrétaire général du Conseil présidentiel des investisseurs et Alfred Sawadogo, sociologue et ancien expert du Pnud.

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