13 novembre, 2010

Blaise en bouteille

Cher Wambi,
Tout le long de la route principale qui mène à Nobéré, les enfants au ventre ballonné, par dizaines, avaient délimité leur territoire. Passé la saison des pluies et la campagne agricole, ils peuvent maintenant se livrer à leur sport favori, le football, qui prend parfois des allures de partie de chasse, tant ils peinent à démêler la boule de cuir des ronces et des herbes folles qui font encore de la résistance. Malgré tout, ils s’en donnaient à cœur joie, sûrs qu’après tant d’heures de duels à haut risque, maman les accueillerait avec un plat bien fumant qui puisse les revigorer.

Car, durant la campagne agricole, chacun a mis du sien pour mériter ces nombreux greniers qui font aujourd’hui la fierté du village tout entier. Mais, hélas, cher cousin, la joie ne sera que de courte durée, car, au lointain, des cris de détresse se font entendre : oui, le pire est survenu à Pawamtaoré, où les tout-petits sont les victimes privilégiées du paludisme, qui sévit cette année.

Les morts, eux aussi, se comptent par dizaines, alors que les moustiquaires imprégnées promises par le gouvernement se font toujours attendre. Alors, le médecin viendra-t-il après l’hécatombe ? En attendant, l’harmattan ne cesse de prendre ses marques, et l’on peut aisément deviner quel froid il fera cette année au Pays des hommes intègres.

Cela dit, et comme promis, je serai des vôtres ce mardi 16 novembre à la faveur de la fête de la Tabaski. L’information sur la date de ladite fête vient, en effet, de m’être donnée par la Fédération des associations islamiques du Burkina, qui met ainsi un terme à vos multiples interrogations. Qu’il y ait le bélier bien gras ou pas, nous fêterons dans la joie, heureux de nous retrouver après une aussi longue absence. Mais, même au village, mon cœur battra au rythme de la campagne électorale, ouverte depuis le 31 octobre dernier.

Car les sept candidats au scrutin présidentiel du 21 novembre poursuivent leur caravane de séduction. Bien que ce soit une campagne terne, on a beau le répéter, certains prétendants au palais de Kosyam tranchent par la kyrielle de gadgets déversés sur l’électorat. Une démonstration de force qui fait dire à certains observateurs de la scène politique nationale qu’assurément, Blaise Compaoré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, se trompe et de terrain et d’adversaires, tant il fait dans la démesure.

Avez-vous en effet vu, cher cousin, autre candidat que lui déployer des hélicoptères, des montgolfières, les grosses cylindrées, les tee-shirts et pagnes dans nos bas-fonds ? Mieux, l’eau minérale « Lafi » se vend depuis peu à son effigie. Un choix commercial qui vaut ce qu’il vaut, mais a-t-on un tant soit peu pensé à l’effet boomerang ? Car, qu’on le veuille ou pas, cette campagne-là ne passera pas sans laisser des séquelles.

Le disant, cher cousin, je tends l’oreille vers la région du Centre-Sud et la coordination nationale de la campagne de Blaise Compaoré, où l’on s’offusque de l’absence fort remarquée du gouverneur Raymond Edouard Ouédraogo au meeting de Manga du 02 novembre 2010. Si l’intéressé tarde encore à desserrer les dents, dans certains cercles, on se pose, en effet, la question de savoir s’il était en mission ou indisposé au point de devenir la vedette de ce meeting à la place du candidat. Pour sûr, cher Wambi, les jours à venir nous en diront davantage, tant la polémique ne fait que s’amplifier.

Mais, en attendant, retour au palais des Sports à Ouaga 2000, où le candidat Compaoré a rencontré, le 09 novembre dernier, ses militants et sympathisants de la région du Centre ; une rencontre qui demeurera dans les mémoires collectives après sa promesse de faire raser l’hôpital Yalgado… Une promesse présidentielle qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, comme peut en témoigner cette réaction du Dr Lassina Simporé, maître-assistant d’archéologie africaine et gestionnaire de patrimoine culturel immobilier ».
Lis plutôt donc, cher cousin :

“On prête à Pisistrate, un homme d’État, législateur et poète sage grec, la loi suivante : « Je décrète comme criminel tout citoyen se désintéressant du débat public ». Avant lui, Thucydide, lui, avait relevé qu’« un homme qui ne se mêle pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile ».

C’est pourquoi, comme bon nombre de citoyens burkinabè, nous suivons avec une attention particulière la campagne en vue de la présidentielle du 21 octobre 2010. C’est ainsi que, le mardi 9 novembre 2010 au Palais des sports à Ouaga 2000, nous avons entendu un des candidats, en l’occurrence Blaise Compaoré, dire, entre autres : « Même l’hôpital Yalgado, nous allons bientôt le raser pour en construire un autre plus beau et plus performant ».

Nous comprenons le bien-fondé des initiatives pour améliorer les conditions de vie des Burkinabè ; cependant, en tant que professionnel du patrimoine culturel physique et immobilier, nous ne pouvons pas rester insensible à l’idée de « raser ». Aussi suggérons-nous qu’en temps opportun, toutes les options soient sérieusement étudiées avant l’ultime décision de raser. Rappelons que, depuis les indépendances, Ouagadougou, la capitale de notre pays, a été progressivement dépouillée de ses repères précoloniaux et coloniaux.

Les réalisations qui ont été faites ne portent presque aucun témoignage (gens d’avant, fondateur de la ville, fonctions des quartiers, etc.) qui permet à la jeunesse du Burkina Faso en général et de Ouagadougou en particulier de se rattacher à son passé. Le patrimoine culturel permet de comprendre le présent (les événements, les modes de vie).

Aussi appelons-nous une fois de plus à un « auto-investissement continu du passé dans le présent ». Comme le dit bien l’adage, « c’est sur la corde tressée par les ancêtres que l’on tresse la nouvelle corde ». Le patrimoine de Ouagadougou et de tout le Burkina Faso, c’est aussi ce qui dort « sous nos pas ».

Mais les grands travaux (projets Zaca, hôpital de Komsilga, échangeurs de l’Ouest et de l’Est, aéroport de Donsin, divers bitumages de routes, etc.) se font sans études archéologiques. Pourtant, la loi n°24-2007/AN du 13 novembre 2007, portant protection du patrimoine culturel au Burkina Faso, en son article 38, stipule : « Le volet archéologique doit être inclus dans les frais d’études de grands travaux de construction et d’aménagement ». En plus de détruire le patrimoine « visible », nous saccageons le patrimoine enterré que peut révéler l’archéologie burkinabè, la mieux structurée de l’Afrique de l’Ouest.”

Dr Lassina Simporé
Maitre-assistant d’archéologie africaine,
gestionnaire de patrimoine
culturel immobilier

Voilà, cher cousin, une leçon qui vaut son pesant d’or ; gageons qu’au sommet de l’Etat et des autres niveaux de décision, elle fera tache d’huile pour l’édification de ce Burkina émergent qui revient tant sur les lèvres. Et, maintenant que je m’en vais t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, j’ai le regard tourné vers l’Est-Burkina, où le ciel s’est assombri depuis une semaine pour cette raison : le décès, la semaine dernière, de Mathieu Couldiaty. C’est vrai que le nom de ce grand monsieur (au propre comme au figuré) ne te dira presque rien.

Plus qu’enseignant du primaire, il a servi le plus clair de son temps à l’Est du Burkina, principalement à Fada N’Gourma, et a eu à former, comme seuls savaient le faire les éducateurs de son temps, des centaines de cadres de notre pays. Appelé à faire valoir ses droits à la retraite depuis 1974, celui que tous ses élèves appelaient affectueusement « le vieux maître » et qui fut député dans les années 60 était père de nombreux enfants dont Innocent Couldiaty, le directeur général de la CNSS. C’est à 93 ans que Mathieu Couldiaty a tiré sa révérence.

- Après son manège qui a trôné de longs mois à la maison du Peuple il y a quelques années, Idrissa Bandaogo nous revient, cette fois avec une “action”. Au cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, ce spécialiste des gros engins a décidé de participer à sa manière, en confectionnant un gros porteur de 60 places. Dans son atelier de Larlé, les ouvriers sont à pied d’œuvre à cet effet. Et c’est des tonnes de fer et de tôles qui seront englouties pour permettre aux tout-petits de voyager en brinoteur, même si celui-ci ne prendra pas les airs.

- “... La ligne de votre correspondant n’est pas en service actuellement. Nous regrettons de ne pouvoir donner suite à votre appel...”. C’est ce qu’il est donné d’entendre souvent à ceux qui cherchent à joindre certains établissements secondaires publics de la place. Raison à cela, ceux-ci ne sont pas à jour de leurs factures de téléphone. Mais à qui la faute ? Aux dirigeants de ces lycées où à l’Etat, dont ils relèvent ?

En tout cas, cette situation est fort regrettable, vu que des parents d’élèves ne savent souvent pas comment joindre l’établissement de leurs enfants en cas de pépin et sont obligés de parcourir de longues distances pour ce faire. Vivement, que l’on résolve rapidement et définitivement ce problème, car, de nos jours, le téléphone n’est pas du luxe, mais un outil de travail indispensable.

- En mai dernier, la Loterie nationale burkinabè (LONAB) soufflait les 20 ans du Pari mutuel urbain du Burkina (PMU’B). Sept mois après cet heureux événement, c’est l’association des “clubs PMU’B” de Ouagadougou qui s’invite dans l’actualité, à travers diverses activités de communication depuis ce jeudi 11 novembre :

- don de sang ;
- prière à la grande mosquée ce vendredi à midi ;
- cross populaire ce samedi 13 novembre devant l’ex-Economat de l’armée à partir de 6 h 00 ;
- soirée récréative à partir de 17 h 00 ou Festival (ex-Farigoule) ;
- distribution de trophées et de certificats de récompense aux pionniers ;
- messe de souvenir à la Cathédrale de l’immaculée conception de Ouagadougou ce dimanche, 14 novembre, à partir de 9h 00.

- Après sa certification EASA PART 145 (Agence européenne pour la sécurité aérienne) pour sa maintenance en avril 2009, Air Burkina vient d’obtenir la certification IOSA (IATA opérationnel Safety Audit) le 20 septembre 2010, devenant ainsi la première compagnie aérienne francophone en Afrique centrale et de l’Ouest à en être détentrice. C’est la preuve que la sécurité et le confort des passagers demeurent la préoccupation constante des responsables d’Air Burkina.

- Depuis un certain temps, les téléphones portables ne cessent de vibrer au rythme des messages au Burkina. C’est la loi des sociétés de téléphonie, qui répondent ainsi à l’injection de l’Autorité de régulation des téléphonies (ARTEL) d’identifier leurs abonnés. Que de désagréments pour ces abonnés à qui l’on intime de venir se faire identifier sinon... Qui sont les responsables de ces puces qu’on vendait alors sur la place ? Et à qui la faute si certaines sociétés de téléphonie n’ont pas de mémoire ? Bonnes gens, vos abonnés méritent mieux que ça.

- On se rappelle que, par suite des difficultés que connaissait le basket-ball burkinabè, le président de cette fédération sportive, Mohamed Drabo, avait jeté l’éponge. C’était en juin 2010. Cette discipline croupissait donc dans le noir si bien qu’elle n’a pas tenu son championnat national. Les affaires urgentes étaient expédiées par le Directeur technique national (DTN), Laurent Nikiéma. A ce qu’on dit, les choses rentreront dans l’ordre d’ici peu. Car le secrétariat du ministère de tutelle va officiellement installer le comité provisoire de gestion de la FBBB le samedi 13 novembre à partir de 10 heures dans la salle de conférences du ministère.

- La sécurité et le respect des passagers, tant sollicités par les compagnies de transport aérien, semblent ne pas être une préoccupation à Air France. En tout cas ce ne sont pas les passagers du vol Air France reliant Paris-Ouaga via Niamey parmi lesquels se trouvaient des personnalités politiques du Burkina qui diront le contraire. Embarqués depuis Paris à destination de Ouagadougou, ils ont vécu un calvaire indescriptible à l’aéroport de Niamey dans la nuit du 5 novembre dernier.

Par suite d’atterrissage forcé de l’appareil, des passagers ont été contraints de rester pendant plus de 12h d’horloge dans l’avion sans aucune commodité. Estimant avoir été méprisés par cette compagnie, ces passagers entendent œuvrer à se faire rétablir dans leurs droits à travers les services du cabinet d’avocats Kam et Somé. Affaire à suivre.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé.

lobservateur

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