17 octobre, 2010

PROJET DE LOI RÉFORME DES RETRAITES - Le gouvernement tente d'apaiser la contestation

RÉFORME DES RETRAITES - Le gouvernement tente d'apaiser la contestation

Le ministre du Travail Éric Woerth, qui défend la réforme des retraites, et la ministre de l'Économie Christine Lagarde, qui assure qu'il n'y a aucun risque de pénurie de carburant, alors que les douze raffineries françaises sont toujours en grève dimanche

Malgré la volonté du gouvernement d'en finir, le bras de fer avec les opposants à la réforme des retraites s'est poursuivi dimanche en France avec le maintien du blocage des raffineries, des grèves à la SNCF et l'entrée dans le conflit des chauffeurs routiers. Au lendemain d'une cinquième journée d'action qui a vu défiler entre 825.000 et trois millions de personnes, une course de vitesse s'est engagée entre les syndicats qui brandissent la menace d'une pénurie de carburant et le pouvoir qui mise sur le vote définitif du Sénat mercredi. Une sixième journée de grèves nationales et de manifestations est programmée mardi, à la veille de ce vote. Les opposants comptent sur le renfort des chauffeurs routiers qui doivent, à partir de 22 heures dimanche, commencer les barrages routiers et le blocage de sites stratégiques.

Les membres du gouvernement tentent de se montrer rassurants, contestant la possibilité d'une pénurie de carburant et voulant croire que le conflit arrive maintenant à son terme. "Je crois qu'on est clairement à un tournant. Ce que je souhaite, c'est que la raison l'emporte et que cette réforme puisse être adoptée dans les jours à venir et définitivement mise en oeuvre dans les semaines qui viennent", a dit le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire sur Europe 1. Il a de nouveau exclu toute concession sur les deux mesures-clés du texte, le passage de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite, et de 65 à 67 ans pour un départ avec une pension de retraite à taux plein. "La rue s'est exprimée, la démocratie sociale s'est exprimée. Maintenant, je crois que la démocratie parlementaire doit prendre la main, s'exprimer à son tour, conclure le débat et permettre à cette réforme de s'appliquer", a-t-il dit.

Des centaines de stations à sec

Le secrétaire d'État aux Transports Dominique Bussereau a assuré sur la même antenne que le risque de pénurie de carburant à l'aéroport de Roissy n'était plus d'actualité, après le retour de l'alimentation en kérosène dans l'oléoduc Trapil qui dessert une partie de la région parisienne, notamment les aéroports. Il a cependant expliqué que les avions français avaient pour instruction de faire le plein à l'étranger avant de revenir et a fait état de perturbations régionales, à Nice et à Nantes. "À Nice, on n'a pas de soucis, parce qu'on peut tirer sur un certain nombre d'importations vu la proximité de l'Italie. À Nantes, le problème sera réglé rapidement", a-t-il déclaré. Il assure que 200 seulement des quelque 13.000 stations-service françaises connaissent des problèmes d'approvisionnement, mais la compagnie Total parle de son côté, dimanche, de 300 à 400 sites affectés sur son seul réseau.

Les douze raffineries françaises sont toujours en grève dimanche, et les blocages des dépôts se poursuivent un peu partout dans le pays. Selon Dominique Bussereau, ce sont les ruées à la pompe qui provoquent les problèmes, et non la grève, et les sociétés en profitent pour augmenter les prix. "Ce n'est pas civique", a-t-il dit. Samedi, la ministre de l'Économie Christine Lagarde avait demandé aux automobilistes de ne pas stocker, niant tout risque de pénurie.

"Un bac presque vide qu'on ne remplit pas..."

La CGT assure, de son côté, que c'est bien le mouvement qui provoque les problèmes et en appelle à la logique pour prévoir une aggravation. "Un bac qui est presque vide et qu'on ne remplit pas finit par être complètement vide", a dit à Reuters Éric Sellini de la CGT Total. Les chauffeurs routiers se joindront au mouvement par des blocages routiers concentrés sur les sites stratégiques et les noeuds routiers, a dit à Reuters Maxime Dumont, patron du syndicat CFDT de la branche. "Ce n'est pas une action catégorielle, c'est une action en solidarité avec les Français, il faut viser ce qui créera le plus de désagrément au gouvernement", a-t-il déclaré.

Le mouvement s'est aussi poursuivi à la SNCF ce dimanche avec deux TGV sur trois en circulation, un Corail sur trois, un TER sur deux, un Transilien sur deux. Une grève des cheminots belges devrait, en outre, interrompre à partir de dimanche soir le trafic sur l'Eurostar Bruxelles-Londres et le Thalys Paris-Bruxelles. Les lycéens, nombreux dans les cortèges samedi, maintiennent aussi la mobilisation, mais les vacances scolaires approchent, en fin de semaine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire