17 octobre, 2010

Carburant : les autorités veulent éviter la panne sèche

En Seine-et-Marne, la préfecture a pris un arrêté afin de requérir du personnel de la raffinerie de Grandpuits. Les industriels "livrent les stations-service de façon quasi-normale", mais "ne pourront pas tenir éternellement".


La France ne souffre "pas de pénurie" de carburant, a assuré Christine Lagarde. Pourtant, des pompes sont "vides". (AFP) La France ne souffre "pas de pénurie" de carburant, a assuré Christine Lagarde. Pourtant, des pompes sont "vides".

Dimanche après-midi 17 octobre, la préfecture de Seine-et-Marne a pris un arrêté afin de requérir du personnel "pour procéder au chargement et à la livraison des clients de la raffinerie" Total de Grandpuits. La préfecture a pris cet arrêté pour répondre aux "difficultés d'approvisionnement en carburants en Seine-et-Marne ainsi que dans la région Ile-de-France", selon le texte administratif.

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Par cette annonce, la préfecture reconnaît implicitement que la grève contre la réforme des retraites pose des difficultés. Le gouvernement assure cependant qu'il n'y a pas de pénurie d'esence et qu'il n'y en aura pas.

"La situation se calme" pour la livraison d'essence dans les stations-service et les aéroports, après une journée de samedi "très dure" où les Français, pris de panique, s'étaient précipités pour faire le plein, ne permettant d'alimenter les stations suffisamment vite, a indiqué dimanche le président des l'Union française des industries pétrolières (Ufip) Jean-Louis Schilansky. Désormais, les industriels ont "les moyens de livrer les stations-service de façon 'quasi-normale'", a-t-il affirmé, car "l'accès aux dépôts est libre". La menace d'une pénurie "s'éloigne considérablement" avec "plusieurs semaines" de stock disponible, a-t-il estimé.

Mais la situation "reste tendue", a ajouté Jean-Louis Schilansky. "Nous avons trouvé les moyens de faire face aux moments les plus aigus de la crise", pour autant, "nous ne pourrons pas tenir éternellement".

La CGT "n'exclut pas d'autres dépôts bloqués"

D'autant que la grève se poursuit dans les douze raffineries de métropole, a affirmé Charles Foulard, coordinateur CGT du groupe Total. Selon lui, après plusieurs interventions des forces de l'ordre pour libérer ces derniers jours les dépôts de carburants bloqués par les grévistes, "le jeu du chat et de la souris va reprendre".

La CGT "n'exclut pas d'autres dépôts bloqués", d'autant que "les transporteurs devraient entrer aussi dans le conflit" pour protester également contre la réforme des retraites, a-t-il ajouté. Il a par ailleurs accusé le gouvernement de porter atteinte au droit de grève, en procédant à des réquisitions, notamment à la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne).

"Le gouvernement est très vigilant"

Les membres du gouvernement ont eux multiplié les messages rassurants, récusant toute pénurie. Il "n'y aura pas de pénurie d'essence", car "le gouvernement est très vigilant là-dessus", a ainsi assuré le ministre du Travail Eric Woerth. "On n'est pas dans une situation de pénurie, on n'est pas non plus à la veille d'une pénurie", a renchéri Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, sur Radio J.

Seules 200 stations-service sur 13.000 étaient "gênées" en France, a affirmé le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau sur Europe 1. Celles qui affichent qu'elles sont vides "gardent le carburant pour leurs clients habituels avec lesquels (elles) ont des contrats", a-t-il fait valoir, demandant de nouveau aux automobilistes de ne pas faire de "pleins de précaution".

La ministre de l'Economie Christine Lagarde a elle mis en garde sur Europe 1 les pompistes contre des hausses des prix de l'essence injustifiées, "sous prétexte qu'il y a une perception de rareté". De tels comportements seraient "sanctionnés", a-t-elle averti.

Ces hausses sont déjà une réalité pour l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius, qui a dénoncé sur Radio J "l'attitude de certaines compagnies pétrolières qui en ont profité pour augmenter les tarifs" qui est "absolument scandaleuse". "J'attends du gouvernement qu'il réagisse durement", a-t-il dit.

Côté aéroports, la menace d'une pénurie de carburants s'éloignait alors que l'oléoduc qui les fournit en kérosène a repris du service samedi soir. L'aéroport de Roissy est "parfaitement alimenté" et il n'y a "plus aucun souci" pour cette plateforme parisienne et ce "pour une durée indéterminée", a affirmé Dominique Bussereau. Selon Jean-Louis Schilansky, "nous sommes en train de réalimenter quasi normalement l'aéroport de Roissy, celui d'Orly n'ayant jamais eu de problème".

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