20 octobre, 2010

Le ton se durcit contre les grossistes-détaillants

Le bras de fer entre l’Organisation nationale des commerçants du Burkina (ONACOM-B) et les grossistes-détaillants continue. Les commerçants détaillants militants et sympathisants de la structure syndicale de l’arrondissement de Bogodogo ont fermé boutique et observé un sit-in hier 19 octobre 2010 à Ouagadougou pour exprimer leur mécontentement et exiger la fermeture des supermarchés tenus par des grossistes.

Les commerçants de Bogodogo ont débrayé hier 19 octobre 2010. C’est pour exprimer leur raz-le-bol que tous se sont donné rendez-vous sur l’axe avenue Babanguida-école de Dagnoen pour protester contre les grossistes qui font du détail. Et c’est visiblement pour que les choses changent en leur faveur que les manifestants ont réclamé une animation musicale et plus précisement la chanson "Mon pays" de l’artiste-musicien Sana Bob. C’est dans cette ambiance de reggae et d’occupation d’une partie de l’avenue Babanguida et la voie non bitumée menant à l’école Dagnoen et sous un soleil de plomb que le sit-in s’est tenu. Les uns, sous la tente dressée pour la circonstance ; les autres, sous les hangars des commerces tels que les ateliers de couture, les salons de coiffure, les kiosques. Appuyé par son secrétaire général et quelques militants, le président de la section Bogodogo de l’ONACOM-B, Issouf Bella, a décrié l’attitude des grossisstes-détaillants. De leur avis, cette situation étouffe les "petits commerçants" comme eux, car ils sont les clients de ces grossistes. Le fait pour ces derniers d’ouvrir des supermarchés constitue une concurrence déloyale selon eux, parce que les grossistes récupèrent leur clientèle des quartiers avec leur bas prix. Celui qui est particulièrement visé est le propriétaire du supermarché "Bingo" (sur l’avenue de La paix), Michel Skaff, présent au Burkina depuis une quinzaine d’années, détaillant il y a au moins dix ans et grossiste depuis maintenant deux ans. En déplacement, c’est son frère Henri Skaff qui nous a reçus. Il a nié la version des commerçants selon laquelle ils pratiqueraient des bas prix. Pour Henri Skaff, ils sont légalistes et jusqu’à preuve du contraire, la loi n’interdit pas les grossistes d’être détaillants. Il dit ne pas comprendre l’attitude de "ses clients", car certains commerçants protestataires s’approvisionnaient chez lui. Il ajoute qu’ils ne sont pas les seuls à être grossistes et détaillants. Et de citer le cas de "Marina Market" et des Burkinabè.

"Faire plier les grossistes-détaillants"

Issouf Bella, entre-temps revenu d’une rencontre avec le président de la Chambre de commerce et d’industrie, El hadj Oumarou Kanazoé, a reconnu la situation mais soutient que leur lutte est contre ce phénomène. Ils entendent faire plier ces grossistes-détaillants. A l’issue de la rencontre, engagement a été pris par le président de la Chambre de commerce afin que d’ici le retour (dans dix jours) de Michel Skaff, une solution soit trouvée. Issouf Bella dit faire ce qu’il peut pour que ses militants et sympathisants patientent jusqu’au retour de Michel Skaff. Car ils exigent la fermeture immédiate du supermarché en question. Toutefois, s’ils n’obtiennent pas satisfaction, "je ne pourrai plus maîtriser mes camarades", a-t-il laissé entendre. On peut dire que l’opération "boutiques fermées" de l’ONACOM-B fut un succès. Toutes les enseignes étaient fermées hier sur l’avenue Babanguida.

Atiana Serge OULON (Stagiaire)

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