13 octobre, 2010

Le risque de pénurie de carburant pointe pour la semaine prochaine

Les automobilistes pourraient commencer à manquer de carburant la semaine prochaine, si les grèves qui bloquent huit des douze raffineries françaises perduraient, mais les stations-service continuent pour l'heure à être alimentées par les dépôts pétroliers. La compagnie Total a annoncé, mercredi, qu'elle allait arrêter ses six raffineries françaises en raison du mouvement de grève contre la réforme des retraites. Faire tourner les raffineries "devient incompatible avec un fonctionnement normal pour des raisons de sécurité", selon un porte-parole. En plus du mouvement sur les retraites, la compagnie subit le contrecoup de la grève des terminaux pétroliers de Fos-Lavéra, qui a contraint sa raffinerie de La Mède à stopper ses activités par manque de brut dès dimanche. L'arrêt d'une raffinerie, processus très lourd, prend entre 48 heures et cinq jours en fonction de sa taille.

Au total, huit raffineries sur douze, représentant plus de 70 % des capacités du secteur, sont à l'arrêt ou en cours d'arrêt, selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip). Et parmi celles qui tournent, certaines sont affectées par des grèves partielles et d'autres au ralenti par manque de brut. "Pour le consommateur, ça ne change rien, car les dépôts de distribution continuent à fonctionner", temporise cependant Jean-Louis Schilansky, président de l'Ufip, qui n'entrevoit des risques de pénurie qu'à compter du 20 octobre. La France compte 219 dépôts de produits pétroliers qui alimentent 12.500 stations-service. "La situation est préoccupante, mais elle reste sous contrôle", juge, lui aussi, Alexandre de Benoist, délégué général de l'Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP), qui représente la grande distribution. "Il faut attendre la fin de la semaine pour évaluer la portée du mouvement actuel et savoir s'il se reconduit ou pas", ajoute Alexandre de Benoist.

"Les personnes âgées ont peur de manquer"

Certaines stations ont d'ores et déjà du mal à se réapprovisionner, reconnaît Alexandre de Benoist, mais cela est surtout dû aux achats de précaution effectués par des automobilistes inquiets. "Nos clients viennent en masse dans nos magasins, avec des hausses de vente de 50 % par rapport au même jour de l'année dernière, voire un doublement dans certains cas", indique-t-il. Cette ruée vers les pompes se remarque à Rennes, où plusieurs files de voitures d'une longueur inhabituelle ont été constatées par l'AFP lundi et mardi à l'entrée des stations-service. À Amiens, "les gens nous disent qu'ils ont peur de la pénurie. Hier, on a fait trois fois plus que d'habitude", a confié à l'AFP un responsable de station-service BP.

À Grenoble, quelques clients "remplissent des bidons de carburant. Surtout les personnes âgées. Elles ont fait la guerre, elles ont peur de manquer", témoigne Angelo Curatolo, gérant d'une station Agip. À Marseille, un porte-parole de Total confirme une demande de carburants deux fois supérieure à la normale et des embouteillages dans les dépôts de carburant. "Personne n'est capable de dire combien de temps on va tenir", car de nombreuses inconnues existent, souligne Alexandre de Benoist.

Une chose est certaine cependant : les prix vont augmenter, car le carburant est de plus en plus importé de l'étranger, note le responsable patronal. "Si la situation demeure ce qu'elle est, il faudra regarder très sérieusement le problème des stocks stratégiques de pétrole", prévient Jean-Louis Schilansky. La France dispose de réserves stratégiques représentant 98,5 jours de consommation de pétrole, composées à 60 % de produits raffinés et 40 % de brut. Le pays dispose donc de près de deux mois de réserves de carburants. "On a de quoi tenir sérieusement", note Jean-Louis Schilansky.

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