08 octobre, 2010

Alliances et mésalliances présidentialistes


En attendant le coup de sifflet de la Cour constitutionnelle qui doit décider quel lapin sera dans la course à l'élection présidentielle avec quelle carpe, le lion fait profil bas, le chat miaule, tandis que l'œuf ne craint pas l'arbalète. Des alliances se défont au gré des humeurs et les présidentiables du Fasopoliticus affûtent leurs arguments...

Après l'épisode de l'Union des démocrates pour le progrès social (UDPS), où le soutien à l'homme de Dori s'est transformé en crise politique interne, voici que l'Union panafricaine sankariste/Mouvement progressiste (UPS/MP) n'a plus foi en la candidature de son lion pour briguer la magistrature suprême. Un peu plus de quatre mois après l'avoir investi en grandes pompes à Koudougou, le 22 mai 2010, cette formation politique constate simplement que «les intérêts de notre peuple ne sont plus une priorité dans cette candidature». Aussi, réunie «chaud-chaud» le 30 septembre dernier, l'UPS/MP décide-t-elle de ne plus caresser la crinière du «Lion du Bulkiemdé», auquel il ne fait plus confiance. Les militants sont priés de se «démarquer de cette candidature». Point à la ligne.
L'enfant terrible de Ziniaré peut donc dormir tranquille, la campagne pour sa succession à Kosyam ne sera pas troublée par les rugissements du «lion», toujours en course certes, mais certainement moins en jambes que le lièvre, dont tout le monde reconnaît qu'il court vite, et même très vite. D'ailleurs, il a été le tout premier à présenter ses papiers à l'arbitre constitutionnel, tandis que ses poursuivants se chamaillaient encore pour trouver la bonne combinaison pour prendre notre lièvre national de vitesse. Malgré les... carottes semées sur sa route pour l'occuper et le ralentir, il a pris une bonne longueur d'avance sur ses challengers, dans cette jungle politique où les carpes se marient volontiers aux lapins, pour ensuite annoncer leur divorce à coups de trompettes tonitruantes et discordantes.
Chaque camp y va donc de son petit cinéma, en route vers l'élection présidentielle du 21 novembre 2010. Et, semble-t-il, il y a déjà un match dans le ''pas match'' annoncé depuis plusieurs harmattans. Un match pour la deuxième place, entre l'homme-à-la-barbichette-qui-tient-l'œuf et l'homme-à-la-barbichette-qui-brandit-l'arbalette. On aura ainsi réussi à trouver un enjeu à cette élection, qui tutoyait, il y a encore quelques semaines, la placidité et le désintérêt des populations. En montrant chacun ses biceps, plutôt que de s'entendre sur leurs différences pour faire front commun pour l'alternance, ces deux bretteurs mettent un peu de piment dans cette élection et la campagne devrait nous indiquer si le match en vaut la peine. On attend donc de savoir si le deuxième de la précédente course maintiendra son rang, ou si au contraire, dans la pluralité des candidatures, le «presque candidat unique» de l'opposition établira un nouvel ordre politique national.
D'autant que les envolées endiablées du chantre du tercérisme manqueront beaucoup à la campagne. A quelques heures de la clôture du dépôt des candidatures en effet, le parti du «presque candidat» Laurent Bado a décidé de faire machine arrière et de prôner le boycott. Le Parti pour la renaissance nationale (Paren) évoque, pour justifier cette décision, «le manque d'engouement des électeurs» et «la mauvaise politique d'établissement et de distribution de la Carte nationale d'identité burkinabè (CNIB)». Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi et surtout «les intentions du CDP de réviser l'article 37 de la Constitution» et la volonté du Paren de ne participer, selon son président, Tahirou Barry, «ni de près ni de loin à l'étranglement de la démocratie burkinabè». Alors, c'est décidé, Laurent Bado, qui refuse «de servir de faire-valoir» à une élection courue d'avance avec un score stalinien, ne sera pas là pour «éduquer les Burkinabè».
Tant pis! On se consolera avec les miaulements du «chat noir du Nayala» qui prône «un Burkina Faso renaissant et progressiste», la voix engageante du PDP/PS portée par François Kaboré, la sirène indépendante de Maxime Kaboré, l'élan politique de Harouna Dicko... Après, on verra bien.

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