20 septembre, 2010

« Les poèmes de l’empereur » pour la sauvegarde des valeurs


L’empereur des Mossé, sa Majesté le Mogho Naaba Baongo, a procédé, ce vendredi 17 septembre 2010, dans son palais à Ouagadougou, à la dédicace de son oeuvre. Il s’agit d’un recueil de poèmes traitant des valeurs traditionnelles de la paix, la dignité, la gouvernance, la solidarité, l’intégrité…

« Si tu as du sel dans ta poche, il est inutile de le décrire indéfiniment. Sors-le plutôt pour le montrer ». C’est par cette invite que le Larlé Naaba a annoncé la présentation du recueil de poèmes du Mogho Naaba Baongo au palais royal de Ouagadougou. Intitulé Poèmes de l’empereur, c’est un ouvrage plein de symboles et riche en enseignements que l’auteur a produit, afin d’apporter sa contribution à l’édification de la paix et à la consolidation des valeurs traditionnelles.

L’œuvre parue la semaine dernière à Ouagadougou, met en relief les valeurs cardinales des sociétés ancestrales. Sur les caractéristiques techniques de l’ouvrage, le présentateur de l’œuvre, l’éminent homme de culture, de droit et de lettres, Titinga Frédéric Pacéré, a indiqué qu’il comporte 106 pages dans son édition en langue française originale et 86 pages dans sa version en langue mooré. Il est de grand format (21x19) et de luxe, selon le présentateur. Il est sur papier blanc couché (135 grammes).

La couverture de couleur rouge qui symbolise le soleil levant, le Dieu apparaissant, est à rapprocher au rite ancestral de vendredi matin que perpétue toujours le Mogho Naaba. La couleur rouge est aussi, selon le présentateur, une couleur sacrée du royaume aux destinées duquel préside Naaba Baongo. L’autre couleur de la couverture, à savoir le noir, est une matérialisation de l’Afrique noire.

Pour la version en mooré, Frédéric Titinga Pacéré a expliqué que la couleur bleue de sa couverture symbolise des gouttes d’eau de pluie tombant sur le Kadiogo et alimentant la rivière « Baongo » qui est le titre du Mogho Naaba Baongo. L’impression est en quadrichromie sur des feuilles glacées avec 32 illustrations de la culture traditionnelle et moderne de tous les supports : bronze, pierre, bois, fer, tissu, toile de peinture...

En ce qui concerne l’écrit, l’auteur justifie dans l’avant-propos de l’œuvre, la raison de cette initiative. Il a souligné en effet, que c’est au vu du monde en perpétuelle mutation qu’il a décidé de livrer lui aussi ses pensées sous un pan, l’expression par l’écriture qui contribuera à compléter notre langage de l’oralité, de l’instrument et de la gestuelle.

« L’auteur a voulu exploiter les canaux modernes de transmission de la pensée et les canaux nouveaux pour enrichir par apports mutuels et réciproques, les mécanismes traditionnels des civilisations africaines pour connaissance et exploitation par le peuple et d’autres peuples », a justifié Me Titinga Frédéric Pacéré.

L’ouvrage est le fruit de la médiation sur la vie et les valeurs de la société. Des thèmes comme la gouvernance, la culture, la paix, le dialogue, la solidarité, l’amitié, la famille, la notion de l’homme intègre au « Pays des hommes intègres » sont abordés dans l’œuvre.

En voie de traduction en dioula, fulfuldé, gulmancema…

La femme occupe aussi une place importante dans l’œuvre, puisque c’est au cours de la visite des femmes-maires du Burkina Faso en 2007 à sa Majesté que l’auteur a trouvé l’inspiration. Et pour Me Pacéré, « l’œuvre n’est pas seulement pour le présent et pour les hommes de notre temps. C’est un outil didactique pour l’éducation et la formation des hommes, tous les hommes et les générations futures sur la base des valeurs universelles du temps ».

D’un coût unitaire de 10 000 F CFA, il est sous traduction en dioula, fulfuldé, gulmancema, dagara pour l’année prochaine et dans d’autres langues. « Sa Majesté le Mogho Naaba, à travers l’œuvre, veut apporter sa contribution à la construction de la paix, à la construction et à la pérennisation de nos valeurs culturelles partagées que sont la paix, la solidarité, l’hospitalité que nos ancêtres nous ont léguées », a expliqué le Larlé Naaba Tigré. L’initiative est selon lui, une contribution à la connaissance de nos valeurs et traditions. « Nous sommes une société d’oralité et le Mogho naaba a voulu introduire l’écriture dans notre société mossi.

C’est par l’écriture que nos valeurs essentielles seront héritées de nos enfants, car par la tradition orale, beaucoup de valeurs se perdent », a soutenu le Larlé Naaba Tigré. Le Moogo Naaba, le Ouidi Naaba, doyen de la cour royale et le Larlé Naaba se sont tous réjouis de l’intérêt porté par les officiels et invités à cette cérémonie de dédicace.

Le ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Filippe Savadogo, tout heureux, a salué la parution de cette œuvre « de grande valeur » qui permet de pérenniser des valeurs ancestrales. « Que dire de cette action qui va plonger dans la vie des jeunes africains, dans la vie des jeunes burkinabè, mais dans la vie tout simplement des jeunes et des femmes du monde, une face cachée de la culture burkinabè ?

En cette année du cinquantenaire un tel projet ne pouvait pas si bien tombé ». Filippe Savadogo a remercié l’auteur, au nom du président du Faso, du chef du gouvernement et du président de l’Assemblée nationale, pour cette « œuvre utile et gigantesque ». Ces poèmes, a affirmé le ministre de la Culture, vont nous permettre de nous replonger dans la vie avec les meilleurs souvenirs, mais également avec l’espérance.

C’est devant une foule composée d’autorités politiques, administratives, coutumières, religieuses, d’ambassadeurs et de participants au 22e congrès de l’Union catholique internationale de la presse (UCIP) que l’empereur des Mossé, Naaba Baongo, a dédicacé son recueil de poèmes.

A cette cérémonie de dédicace marquée par des prestations d’artistes-musiciens (Floby, Youmaly), des exemplaires de l’œuvre ont été donnés au chef de l’Etat, au Premier ministre et aux présidents d’institutions.

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