03 août, 2010

Football et ramadam : l’impossible mariage ?


Dans un peu plus d’une semaine, c’est le coup d’envoi du ramadan, ce mois de jeûne cher aux musulmans. Mais comment les footballeurs, quel que soit leur niveau, s’accommodent de cette période sacrée qui entre en conflit direct avec le sport de haut niveau ? Jouer au football et faire le ramadan, ce n’est pas forcément incompatible.

Peut-on pratiquer un sport de haut niveau en jeûnant ? En clair, religion et sport sont-ils compatibles ? A priori, non. Mais les réponses, évidemment, divergent que l’on soit d’un côté ou de l’autre de la barrière.

A en croire les médecins, pas question. "Le ramadan est parfaitement incompatible avec le sport, tranchait il y a peu le docteur Marcel Hoa, médecin et biologiste du sport. Pas hydraté, ni nourri, le corps à 40 minutes de réserve avant de se mettre dans un état de détresse." Plus proche du terrain, les entraîneurs abordent cette période de jeûne avec appréhension. Interrogé par Afrik.com, Nasser Sandjak, l’entraîneur de l’Olympique Noisy-le-Sec, expliquait qu’il "s’agit d’une période sensible, surtout quand le ramadan arrive en août. Les clubs sont en pleine préparation pour le début de saison. C’est une période charnière où il y a souvent des charges importantes de travail. Les organismes répondent différemment."

Risques de blessures

Même son de cloche du côté de Didier Deschamps, le coach de l’OM qui déplorait l’année dernière l’attitude de certains joueurs. "La période de ramadan c’est un souci pour les athlètes de haut niveau, affirmait-il. Qui dit entraînements dit perte en eaux et en sels minéraux. S’ils ne peuvent pas se réhydrater, manger, forcément c’est difficilement compatible avec la pratique d’un sport de haut niveau. C’est pour ça que, dans ces périodes, il y a des blessures qui apparaissent chez les joueurs qui pratiquent le ramadan. Je ne vais pas dire que ça pose un problème mais ce n’est pas évident de concilier les deux."

Contacté par Afrik.com, le recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, expliquait lui que "nous facilitons les choses. Il faut faire le ramadan en fonction des possibilités. Chez les musulmans, le ramadan, c’est quelque chose de personnel. Une relation directe entre le croyant et son Dieu. Dans le Coran, il y a des cas particuliers : quand on est malade ou une femme enceinte, par exemple. C’est leur métier, il ne faut pas que les athlètes mettent leur vie en danger." Comme le soulignent Sandjak et Deschamps en écho : "On fait avec."

Clause spécifique

La plupart du temps, les clubs, bien que mal à l’aise, se montrent conciliants. A l’image de l’AS Saint-Etienne qui avait fait venir un imam pour expliquer aux joueurs, pratiquants et non pratiquants, ce que sont l’islam et le ramadan. "L’objectif était que les non initiés comprennent ce qu’est le ramadan et que les joueurs le pratiquent correctement. L’imam a expliqué que le Coran prévoyait une "clause spécifique" en ce qui concerne les professions, qui permet de rattraper plus tard les jours de jeûne, et que le joueur de haut niveau en fait partie. Certains joueurs étaient intéressés pour décaler le ramadan, mais aucune restriction, interdiction ou aménagement d’entraînement n’ont été mis en place", expliquait ainsi un membre du staff des Verts.

Mais tout ne passe pas toujours pour le mieux. Le FSV Francfort était ainsi allé au clash avec trois de ses joueurs qui observaient le ramadan. D’après le club allemand, leurs contrats possédaient une clause qui leur interdisait de jeûner sans autorisation. C’est l’institution religieuse d’Al-Azhar qui avait tranché en indiquant qu’un joueur pouvait rompre le jeûne si il mettait en danger sa vie ou son travail en donnant la permission à toute personne musulmane de ne pas jeûner durant l’exercice de son emploi en terre étrangère.

Une chose est sûre, les sportifs sont priés, par leurs entraîneurs, d’au moins boire les jours de match. Une approche résumée, la saison dernières, par Antoine Kombouaré, l’entraîneur du PSG : "J’ai une règle toute simple, que j’ai mise en place partout où je suis passé : pendant la semaine, il n’y a pas de souci, j’accepte. Mais les jours de match : interdit. Ceux qui font le ramadan le jour du match restent chez eux. Je ne vais pas jouer avec la santé des joueurs ni mettre les autres joueurs en difficulté. Quand on ne s’alimente pas toute la journée, ça devient compliqué"

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