Comment les architectes se
débrouillent-ils pour que les tours qu’ils dessinent se retrouvent parmi
les plus hautes du monde ? En installant une flèche ornementale au
sommet. C’est une des conclusions d’une étude réalisée par le Council on Tall Buildings and Urban Habitat (CTBUH) publiée par i09,
qui évoque la notion de « hauteur de vanité » (‘vanity height’), pour
qualifier la pratique qui consiste à compléter la hauteur des tours par
des espaces non utilisables. Le CTBUH la définit comme la distance
entre le dernier étage utilisable et la hauteur totale architecturale de
l’édifice. Selon son rapport, 44 des 77 plus grands gratte-ciels du
monde (hauteur supérieure à 300 mètres) perdraient leur place dans le
palmarès des plus grands édifices si l’on décidait de ne pas prendre en
compte ces espaces non utilisables pour le classement. Par exemple, la
tour chinoise de CITIC Plaza, à Guangzhou, qui mesure 390 mètres de
haut, ne mesurerait que 296 mètres si on lui ôtait cette hauteur de
vanité, ce qui signifie qu’elle ne figurerait plus parmi les plus hauts
gratte-ciels du monde.
Toutes catégories d’immeubles confondus, c’est l’hôtel Ukraine de Moscou qui
détient le record de la plus grande hauteur de vanité en pourcentage,
puisque 42% de ses 206 mètres de hauteurs ne sont pas utilisables. Parmi
les super-gratte-ciels, la tour qui se distingue par le plus grand
gaspillage de surface est l’hôtel Burj al Arab de Dubaï, dont 39% de la
hauteur sont inutilisables. Mais c’est aussi à Dubaï que l’on trouve
l’immeuble avec la hauteur de vanité la plus modeste en pourcentage :
la tour « The Index », dont seuls 1% de la hauteur sont inutilisables.
Les Emirats Arabes Unis, dont fait
partie Dubaï, est le pays qui se targue de la plus grande hauteur de
vanité moyenne (19%), suivi de la Chine (14%) et des Etats-Unis (13%).
Normalement, ce sont les étages les plus
élevés qui sont les plus rentables pour les promoteurs, mais dans les
pays en développement où le terrain et la main d’œuvre sont plus
économiques, ils peuvent plus facilement utiliser les immeubles de
grande hauteur pour promouvoir le développement à proximité et
rentabiliser les programmes encore plus importants. « Vous pouvez avoir
des tours qui sont à l’origine de pertes records, mais ce sont des
catalyseurs pour la régénération urbaine et les structures iconiques peuvent avoir un impact décisif sur les décideurs », explique Steve Watts, un expert des hauts édifices
au cabinet de conseil en construction Alinea. « Il peut aussi y avoir
quelque chose qui relève de l’ego, car les promoteurs veulent être celui
qui construit plus haut que les autres », ajoute-t-il.
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