19 septembre, 2013

L'attribution du Mondial de football au Qatar influencé par des intérêts économiques

Le Monde.fr avec AFP |
Joseph Blatter a reconnu que la décision d'attribuer le Mondial de football au Qatar en 2022 avait été influencée par des considérations politiques – ici lors d'une conférence de presse à Zurich le 3 septembre.

Sepp Blatter parle rarement pour ne rien dire et en ce moment, le président de la FIFA (le gouvernement du football mondial) parle beaucoup et de manière assez explicite. Au début du mois, Sepp Blatter avait déjà concédé qu'organiser la Coupe du monde en plein été dans un pays du Golfe n'était peut-être pas une grande idée : "il se pourrait bien que nous ayons fait une erreur." Il en remet une couche dans une interview parue jeudi 19 septembre dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit.

Faisant fi cette fois de considérations météorologiques, il a reconnu que le choix du Qatar pour accueillir le Mondial de football en 2022 avait été influencé par des intérêts politiques et économiques. "Il y a eu des influences politiques directes, déclare-t-il. Des chefs de gouvernement européens ont conseillé à leurs membres qui pouvaient voter de se prononcer pour le Qatar, parce qu'ils étaient liés à ce pays par des intérêts économiques importants." La FIFA avait attribué l'organisation du Mondial 2022 au Qatar en 2010, dans des conditions controversées.
Sepp Blatter assure aujourd'hui vouloir faire toute la lumière sur cette affaire : "Nous venons de charger une nouvelle commission d'éthique indépendante de tout examiner une nouvelle fois, dont l'attribution du Mondial au Qatar."  Si ces "influences politiques directes" sont avérées, le pays du Golfe pourrait se voir retirer l'attribution de l'édition 2024. Les textes réglementaires de la FIFA sont clairs sur ce point. En 2010, lors du vote pour l'attribution du tournoi mondial, le Qatar l'avait emporté sur les Etats-Unis par quatorze voix contre huit.
UNE CHARGE CONTRE MICHEL PLATINI
Mais la charge de Sepp Blatter n'épargne pas non plus Michel Platini, président de l'UEFA, possible candidat à la présidence de la FIFA et qui n'a jamais caché qu'il avait donné sa voix au Qatar. Quand Blatter évoque des "influences politiques directes", il est difficile de ne pas y voir une allusion à cette réunion qui se serait tenue à l'Elysée le 23 novembre 2010. Selon plusieurs journaux français (dont le mensuel So Foot et l'hebdomadaire France Football), ce conclave secret aurait réuni le président Nicolas Sarkozy, Tamim ben Hamad al-Thani, à l'époque prince héritier du Qatar (devenu émir depuis), Michel Platini et Sébastien Bazin, représentant français du fonds d'investissement Colony Capital, alors propriétaire du Paris-SG. Un accord se serait conclu sous les ors de la République : le Qatar rachetait le Paris-SG et pouvait créer une chaîne de sport. En échange, Michel Platini donnait sa voix au Qatar.
Les prochaines élections à la présidence de la FIFA auront lieu en 2015. Pour l'instant, Sepp Blatter ne s'est pas déclaré candidat à sa propre succession. Quant à Michel Platini, il a annoncé en début de semaine qu'il prendrait une décision officielle sur une possible candidature lors du mondial 2014 au Brésil. Sous le vernis diplomatique, la lutte politique continue de faire rage entre les deux hommes. Cette interview de Sepp Blatter est publiée le jour de l'ouverture du bureau exécutif de l'UEFA qui doit se tenir à Dubrovnik (Croatie) jusqu'à vendredi. Faut-il y voir un hasard ?

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