09 septembre, 2013

Intervention en Syrie: au Congrès américain, les élus à fronts renversés

Le Congrès entame ce lundi un débat sur le recours à la force demandé par Barack Obama contre le régime syrien. L'hostilité d'une bonne partie des élus voit bouger les traditionnelles lignes entre isolationnistes et interventionnistes au sein des deux partis.

Intervention en Syrie: au Congrès américain, les élus à fronts renversés
Le monde a les yeux rivés sur le Congrès américain, où l'issue du vote sur le recours à la force contre la Syrie demandé par le président Obama apparait de plus en plus incertain.
afp.com/Mandel Ngan
"Nous ne voulons par refaire les mêmes erreurs que par le passé", se justifie le démocrate Gregory W. Meeks. Ce membre du Caucus noir du Congrès qui soutient habituellement les actions du président Obama votera contre une intervention en Syrie.
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Ce lundi marque le retour de vacances des membres du Congrès américain, dont le vote sur de possibles frappes contre le régime de Bachar el-Assad, attendu mercredi ou jeudi, est déterminant. Plus de la moitié des élus de la chambre des représentants pourraient, estime le Washington Post, voter contre des frappes militaires contre le régime de Bachar el-Assad. Leur position s'aligne sur celle de l'opinion publique, qui, après les désastreuses aventures militaires en Irak et en Afghanistan, est en majorité hostile au lancement par les Etats-Unis dans une nouvelle intervention extérieure. Mais elle voit se brouiller les lignes entre démocrates et républicains.

Libéraux alliés au Tea Parti

Les opposants aux frappes se divisent en trois catégories:
- Les démocrates anti-guerre. Ils ont voté contre la guerre en Irak et l'intervention en Libye, et voteront contre Obama pour rester fidèles à leurs principes.
- A l'autre bout du spectre politique, les républicains ultra-conservateurs affiliés au Tea Party. Isolationnistes, ils estiment que les États-Unis n'ont rien à faire dans une guerre civile. Cette frange est incarnée par le sénateur Rand Paul, dont le slogan pourrait être "l'Amérique d'abord". Pur justifier sa position, l'ancien candidat à la présidentielle a même estimé que Bachar el-Assad assurait la "défense des chrétiens" contre des "rebelles islamistes alignés sur Al Qaïda".
- Il rejoint sur ce terrain la branche des républicains et démocrates plutôt interventionnistes mais qui estiment que le conflit est désormais trop avancé. Pour eux, il aurait fallu faire tomber le président Bachar al-Assad il y a un an, et des bombardements risquent de favoriser les extrémistes.

Le GOP n'est plus va-t-en guerre

On constate dès lors des alliances curieuses, comme celle du représentant démocrate Alan Grayson, "grande gueule libérale", comme le qualifie le Washington Post, qui est en train d'organiser un front commun anti-intervention avec des leaders tels que Ted Yoho du Tea Party, la branche ultraconservatrice du parti républicain.
Chez les républicains, le renversement de tendance ne laisse pas de surprendre. David Lightman and Maria Recio de l'agence de presse McClatchy se demandent ainsi c'est la Syrie ou Obama qui sont à l'origine de la mutation du Grand Old Party (le surnom du parti) en parti anti-guerre.
David Lightman et Maria Recio rappellent en effet que le Tea party doit son essor dans les années 40 à ses virulentes positions anticommunistes, que le GOP avait choisi le Général Dwight Eisenhower pour la présidentielle de 1952 et que le très interventionniste Ronald Reagan est considéré comme un héros par cette frange du parti.
Les deux journalistes rappellent enfin qu'en 2002, seuls sept élus républicains avaient voté contre l'intervention en Irak alors que 170 d'entre eux sont aujourd'hui hostiles à des frappes en Syrie.
L'animosité viscérale envers Barack Obama que ressentent les uns se combine avec les remords du soutien à la guerre d'Irak des autres, tandis que la crise économique a rendu attrayantes les toutes nouvelles sirènes isolationnistes du Tea party, et créé ce front d'opposants conservateurs à la guerre.

lexpress.fr

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