02 septembre, 2013

Etats-Unis: Kerry évoque le sarin pour défendre une action en Syrie


Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a évoqué dimanche des preuves de l’utilisation du gaz sarin en Syrie, première étape d’une campagne pour convaincre un Congrès sceptique d’autoriser Barack Obama à lancer des frappes contre le régime Assad.
“Le projet de résolution que j’ai vu est trop vague, trop ouverte”, a critiqué dimanche un important démocrate de la Chambre des représentants, Chris Van Hollen. “Par exemple il n’y a pas d’interdiction de déploiement de troupes au sol, et c’est complètement ouvert au niveau de la durée”, a-t-il dit après une réunion d’information à huis clos au Capitole.
La veille, bouleversant des décennies de pratiques présidentielles et créant la surprise, Barack Obama avait en effet annoncé son intention de formellement requérir une autorisation de recours à la force militaire en Syrie, un pari risqué tant le Congrès s’est montré peu coopératif avec lui cette année.
Et dimanche matin, John Kerry, dépêché sur cinq plateaux de télévision, lançait l’offensive de l’administration Obama, assurant qu’il était inconcevable que les parlementaires américains ne se montrent pas à la hauteur : pour les convaincre, il a présenté un nouvel argument, en affirmant que les Etats-Unis avaient acquis indépendamment de l’ONU des échantillons capillaires et sanguins contenant des traces de gaz sarin, un agent neurotoxique.
Jeudi, l’administration américaine avait déjà rendu public un rapport des renseignements citant un faisceau d‘éléments prouvant, selon Washington, l’implication de responsables syriens dans l’attaque à l’arme chimique menée le 21 août en Syrie.
“Je ne pense pas que mes anciens collègues du Sénat et de la Chambre refuseront de défendre nos intérêts, la crédibilité de notre pays, les normes relatives à l’application de l’interdiction de l’usage des armes chimiques, qui sont en place depuis 1925”, a assuré sur la chaîne de télévision NBC dimanche John Kerry, qui a passé 28 ans au Sénat avant de prendre la tête de la diplomatie américaine.
Pas de chèque en blanc
Après une audition au Sénat mardi, la commission des Affaires étrangères du Sénat pourrait se prononcer dès mercredi matin sur la résolution, selon une source parlementaire. Le débat en plénière ne commencera qu’après la rentrée parlementaire officielle, la semaine du 9 septembre.
“Je pense que le Congrès finira par se montrer à la hauteur”, a assuré sur la chaîne de télévision CNN Mike Rogers, le républicain qui préside la commission du Renseignement de la Chambre des représentants. “C’est une question de sécurité nationale, ce n’est pas Barack Obama contre le Congrès”.
Mais certains de ses holomogues sont loin d‘être aussi catégoriques et ne veulent pas signer de “chèque en blanc”, un terme employé par M. Van Hollen.
“La résolution, telle quelle, n’a pas le soutien nécessaire, il y a beaucoup d’inquiétude sur le fait qu’elle est trop ouverte”, a expliqué Jim Himes, un démocrate, après la réunion au Capitole, un reproche formulé par plusieurs autres élus des deux partis.
Le sénateur démocrate Patrick Leahy, président de la commission de la Justice, a révélé qu’il travaillait déjà sur un langage alternatif, plus restrictif.
“Si le Congrès est juste, il soutiendra le président”, espérait le représentant démocrate Eliot Engel, mais “on ne peut pas empêcher les élus de se lancer dans un combat politique pour essayer de le faire tomber ou de l’affaiblir”.
Le groupe républicain, qui est majoritaire à la Chambre des représentants, est ainsi partagé entre les interventionnistes et les conservateurs réticents face à une opération dont ils ne décèlent pas l’intérêt national vital.
La Chambre est en outre hostile au président et hautement imprévisible, les dirigeants républicains ayant déjà subi dans le passé des rébellions internes de la part d’un groupe d‘élus ultra-conservateurs du Tea Party.
Les partisans du “oui” s’inquiétent des effets collatéraux d’un éventuel camouflet pour Obama au Congrès : si les Iraniens “pensent que le président bluffe quand il parle de ligne rouge, vont-ils penser que le président bluffe quand il dit que toutes les options sont sur la table en Iran?”, s’est ainsi interrogée la républicaine Ileana Ros-Lehtinen.
Côté Sénat, les démocrates ont la majorité, mais ils auront dans tous les cas besoin de l’appui de plusieurs républicains pour atteindre la majorité qualifiée requise (60 voix sur 100).
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