Malif Afridi à Peshawar (Pakistan), le 24 juillet.
Crédit : AFP / A MAJEED
Un groupe islamiste proche des talibans demande à un Pakistanais à la moustache de 76 centimètres de long, 500 euros mensuels contre leur "protection" lui permettant de garder ses poils.
Kidnappé par des
islamistes armés, menacé de mort, contraint de quitter sa famille...
C'est le calvaire qu'a traversé un commerçant pakistanais pour une
unique raison : son refus obstiné de couper sa noble moustache en forme d'arche.
S'il avait vécu dans un village d'irréductibles Gaulois, Malik Afridi
aurait sans doute fait pâlir de jalousie tous ses habitants, tant sa
longue moustache finement tressée de 76 centimètres attire l'attention.
Elle ressemble à s'y méprendre à une paire de cornes dressées et solidement attachées sous son nez. "Les gens m'ont toujours respecté" à cause de ma moustache, se targue se solide gaillard âgé d'une quarantaine d'années. "Ils aiment prendre des photos avec moi. C'est mon identité", dit-il.
Elle ressemble à s'y méprendre à une paire de cornes dressées et solidement attachées sous son nez. "Les gens m'ont toujours respecté" à cause de ma moustache, se targue se solide gaillard âgé d'une quarantaine d'années. "Ils aiment prendre des photos avec moi. C'est mon identité", dit-il.
Moustache contre barbe longue
Pendant des siècles, le port de la
moustache était le gage de virilité par excellence dans le
sous-continent indien. Mais aujourd'hui, avec la montée en puissance des
talibans et du salafisme au Pakistan, la barbe longue s'impose. De
fait, elle y est de plus en plus imposée. Il y a encore
quelques années, Malik Amir Mohammad Khan Afridi était encore une star
locale dans le district tribal de Khyber, repaire d'insurgés aux portes
de l'Afghanistan. Il devait ce rang au système pileux de son visage qui
lui confère des airs princiers.
Mais les hommes du Lashkar-e-Islam, un groupe islamiste armé aujourd'hui allié aux talibans, ne l'ont pas entendu de cette oreille : ils ont exigé de lui le versement mensuel de 500 dollars, en échange d'une "protection" lui permettant d'arborer sa moustache en toute quiétude.
Mais les hommes du Lashkar-e-Islam, un groupe islamiste armé aujourd'hui allié aux talibans, ne l'ont pas entendu de cette oreille : ils ont exigé de lui le versement mensuel de 500 dollars, en échange d'une "protection" lui permettant d'arborer sa moustache en toute quiétude.
Je peux vivre éloigné des miens, éloigné du Pakistan, mais je ne pourrai jamais couper à nouveau ma moustache.Mali Afridi, commerçant pakistanaisDe mauvais poil, le commerçant, qui importe au Pakistan des vêtements et du matériel électronique de Chine, a refusé de céder au chantage. Jusqu'à ce jour de 2009 où des insurgés ont frappé à sa porte. Il venait pour le kidnapper, raconte-t-il. Après un mois de captivité, une assemblée tribale locale, la traditionnelle 'jirga', a négocié sa libération en échange de sa moustache.
Contraint de la raser, Malik Afridi, avoue avec regret avoir eu "peur qu'ils me tuent". "C'est pourquoi j'ai sacrifié ma moustache", confie-t-il. Deux mois plus tard, il a quitté les zones tribales pour Peshawar, métropole du nord-ouest pakistanais. Entretemps, sa moustache a repoussé. Mais l'an dernier, l'intimidation à nouveau. Des hommes menaçaient de l'égorger dans des appels téléphoniques anonymes.
Malik a alors été contraint de s'éloigner de sa famille à Peshawar pour s'établir à Faisalabad, cœur de l'industrie textile dans le centre du Pakistan. "Parfois, ma famille me dit : 'tu devrais couper ta moustache et rester avec nous'. Je peux vivre éloigné des miens, éloigné du Pakistan, mais je ne pourrai jamais couper à nouveau ma moustache", explique-t-il avec gravité.
Malik Afridi rêve désormais d'obtenir l'asile à l'étranger, aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, ou aux Émirats arabes unis. Ou encore représenter le Pakistan dans des concours internationaux de belles moustaches.
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