01 août, 2013

Le coeur de Homs pulvérisé par une guerre sans merci


Immeubles aplatis comme des millefeuilles, arbres sectionnés, la célèbre mosquée Khaled Ben Walid défigurée: le quartier de Khaldiyé à Homs repris par l’armée syrienne, semble avoir été broyé par les mâchoires d’acier d’un géant furieux.
La réalité est bien plus prosaïque: à l’issue d’un mois d’une guerre sans merci, les forces gouvernementales ont chassé les rebelles qui contrôlaient depuis près de deux ans ce secteur du centre de cette ville surnommée “capitale de la révolution” par les militants au début du soulèvement contre Bachar al-Assad.
Ce quartier porte aujourd’hui tous les stigmates d’un champ de bataille où aucune habitation n’a été épargnée.
Certaines rues sont coupées par des remblais de sable et de gravats surmontés par une large toile attachée à deux balcons: c’est le moyen utilisé par les militaires pour éviter les tireurs embusqués, les pires ennemis pour les deux camps.
“C’est ainsi que nous avons pu avancer”, explique à l’AFP le lieutenant-colonel en charge du secteur et qui ne veut pas donner son nom.
“Nous avons dû tendre ces toiles pour nous protéger des balles tirées à partir des immeubles. Sans les tireurs embusqués et les engins piégés, nous aurions pu avancer bien plus vite”, ajoute ce militaire, assis sur une chaise près de son “quartier général”, une bâtisse dévastée dans une impasse.
“Khaldiyé est totalement sous notre contrôle et nous l’avons entièrement nettoyé”, explique-t-il.
Mais les environs sont toujours aux mains des rebelles. Des francs-tireurs postés au sud, dans le quartier de Hamidiyé, empêchent l’entrée à la mosquée Khaled Ben Walid. Ce joyau mamelouke strié de pierres noires et blanches et ancienne place forte de la rébellion, est aujourd’hui perforé par les obus.
A intervalles réguliers, au bruit sec des balles tirées par les tireurs embusqués rebelles, répond le son grave des mitrailleuses anti-aériennes Douchka.
Si les militaires ont utilisé l’artillerie et l’aviation pour conquérir le quartier, les rebelles ont troué les murs des immeubles pour se mouvoir, et surtout des tunnels creusés à l’aide de foreuses, pour prendre les soldats en revers.
Les protagonistes n’ont rien épargné. D’une pharmacie, il ne reste plus que les étagères, de l’épicerie un distributeur de boissons gazeuses renversé, de la menuiserie les établis, du tailleur, les rouleaux de tissu jetés sur le sol, et des appartements des portes défoncées, des vêtements piétinés et des armoires désarticulées.
Bataille bloc par bloc
“Nous sous sommes battus, bloc par bloc, immeuble par immeuble, étage par étage, il y a même eu des cas où les combats se sont terminés à l’arme blanche”, raconte un officier avant de monter sur sa mobylette.
“Nous étions si proches de nos ennemis que nous les entendions parler. Nous leur demandions de se rendre et ils refusaient en nous répondant par des propos islamistes”.
Selon lui, il y avait en moyenne “40% de combattants étrangers”.
“Cela dépendait des secteurs, parfois un peu plus, parfois un peu moins, mais nous les identifions à leur accent”, dit-il.
Khaldiyé est le deuxième succès militaire important en moins de deux mois pour l’armée, après la prise le 5 juin de la ville rebelle de Qousseir, dans la province de Homs.
“La bataille de Khaldiyé fut la plus dure, plus que Qousseir, car les rues étaient très étroites et surtout les immeubles bien plus hauts”, explique le lieutenant-colonel.
Effectuant sa première visite depuis la capture du quartier, même le nouveau gouverneur de Homs, Talal al-Barazi, est impressionné par les dégâts.
“Je n’imaginais pas de telles destructions. Les terroristes ont détruit les gens et les pierres. Mais nous allons tout reconstruire, une fois que nous en aurons fini avec les terroristes (rebelles) qui tirent dans les environs”, affirme-t-il à l’AFP.
Sur place, aux côtés du gouverneur, le ministre de la Réconciliation nationale, Ali Haïdar, médite sur l’avenir du pays.
“Ce que je vois est terrible”, dit-il à l’AFP.
Mais “malgré toutes ces destructions, la Syrie sortira de ce conflit par la voie politique. Il n’y a pas d’autre solution que la réconciliation nationale”
Autre son de cloche chez le militant anti-régime Yazan, resté jusqu’au bout à Khaldiyé avant de partir pour un autre quartier rebelle.
“Bien sûr les gens sont épuisés car après tout ce temps, ils ont perdu leur quartier”, dit-il contacté par l’AFP via internet.
“Mais cela ne veut pas dire que la révolution s’est éteinte, nous n’allons pas laisser la zone assiégée”, ajoute-t-il, en référence à la vieille ville, dernier bastion défendu par les rebelles à Homs.
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