C’est un nouveau scandale de morale publique à grande échelle qui vient d’éclater dans la ville de Chongqing. Le secrétaire de comité du district de Beibei a vu publier sur Internet des photos de ses ébats avec une prostituée de 18 ans. Une affaire qui a rapidement escaladé en une nouvelle crise nationale attirant une énorme indignation des internautes, et dont les rebondissements impliquent d’autres cadres, des menaces aux journalistes, et tentatives d’étouffement.
Tout commence le 20 novembre 2012, quand un journaliste membre du site Hong Kongais « Surveillance Citoyenne » (人民监督网) a posté 5 photos d’ébats sexuels :
« La vie dépravée du secrétaire du comité Lei Zhengfu, acceptant les services d’une prostituée de 18 ans envoyée par des partenaires comerciaux. »
Photos accompagnées du protagoniste de l’affaire lors de réunions de travail.
Le même journaliste, du nom de Zhu Ruifeng a envoyé dans les deux heures suivantes une copie de la vidéo entière au département d’investigations du journal « Southern Metropolis Daily », qui en a à son tour publié des extraits sur son compte microblog QQ. De là, l’affaire s’est très rapidement propagée parmi les internautes, et sur nombre de réseaux sociaux.
Interrogé par le journaliste du Southern Daily le jour même, le principal intéressé Lei Zhengfu répondait simplement : « Non, cette affaire n’existe pas, c’est un travail d’effets spéciaux minutieux ». »Ce sont des faux, ce sont des faux, vous ne devez pas y croire » ajoutera t-il à plusieurs reprises par la suite.
La jeune fille emprisonnée
Dans le même temps, la jeune fille dont les ébats avaient été filmés avec le secrétaire est introuvable. Pour cause, Lei Zhengfu a déjà dépêché la police pour procéder à son arrestation. Elle écope actuellement d’une peine d’un mois de prison. « Croyez vous que si nous avions une relation, j’aurais envoyé la police pour l’arrêter ? » se défend l’officiel sur ce retournement, offrant au passage son amitié au journaliste.
Le jour suivant, en début d’après midi, le bureau d’information du gouvernement de Chongqing se risque à une annonce officielle, attestant avoir pris connaissance de l’affaire Lei Zhengfu et mener l’enquête. Il a été finalement destitué, plus de deux jours suivant la première mise en ligne.
Des sources bien informées
Zhu Ruifeng est le premier journaliste à avoir obtenu entre ses mains la vidéo. D’une durée de 80 minutes et contenant principalement des scènes d’ébats, la vidéo provient probablement d’une caméra espion pas plus grande qu’une vis. Ce n’est qu’après quelques recherches que Zhu a pu découvrir qu’il s’agissait d’un officiel de Chongqing.
De la part de la même source, il aurait reçu par la suite 5 autres vidéos, qui n’ont pas encore été révélées à ce jour, d’un contenu similaire, mettant en cause 5 autres haut placés du gouvernement. Il y en aurait plus encore à venir. S’il ne révèle pas de qui cette source s’agit, il affirme qu’elle aurait reçu des pressions. Elle serait de la police de Chongqing.
Menaces sur le journaliste
Précédant la publication du premier message sur Internet, Zhu Ruifeng aurait été approché par SMS, par un certain « Houjun » (侯军). Se présentant comme le « Grand frère » de Lei Zhengfu, Houjun était d’abord amical, voulant « rencontrer » le journaliste et devenir « amis ». Après la publication des premières vidéos, le ton s’est transformé en menaces de mort. Le journaliste aurait reçu plusieurs coups de fil, plus ou moins pressant, exigeant le retrait des contenus postés sur internet.
Coucher avec Lei Zhengfu pour des primes d’heures supplémentaires
Les jours suivant le début de l’affaire ont été riches en révélations. Plusieurs compagnies locales entretenant de bonnes relations avec le gouvernement auraient eu pour habitude de proposer les services spéciaux de leurs employées à plusieurs cadres, incluant Lei Zhengfu.
Les faveurs sexuelles étaient rémunérées 300 yuan, et appelées en interne « heures supplémentaires ». C’est dans le cadre d’une de ces faveurs que le piège se serait refermé sur Lei Zhengfu.
La jeune fille, une étudiante nommée Zhao
La jeune fille des ébats de la première vidéo serait Zhao Honglu, une jeune étudiante de l’Université de Xiamen, dont la photo a été publiée mais pas encore authentifiée.
Caricatures
L’affaire a eu des répercussions d’une rare ampleur – même pour la Chine. Si personne n’est dupe des agissements douteux et largement répandus de certains officiels, il reste rare qu’elles soient prouvées et reconnues de la part des institutions mêmes. Dans le cas de Lei Zhengfu, c’est une synthèse de tous les comportements problématiques qui se sont trouvés réunis dans un seul et même scandale, avec preuves à l’appui. De nombreuses caricatures ont déjà vu le jour sur Internet :
marichesse.com
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