Pourquoi certaines personnes sont-elles si riches, et d’autres si pauvres ? Le succès dépend de moins en moins des choix que l’on fait, que de nos origines, affirme Charles Kenny de Businessweek.
Il explique que les facteurs qui tiennent du hasard comptent pour 80%
de nos revenus d’adulte, et il suggère qu’il est nécessaire de mettre en
place des mesures pour corriger ces inégalités de chance dans la vie.
Au
Etats-Unis, les 20% les plus riches s’accaparent la moitié du revenu
national, alors que les 20% les plus pauvres n’en récupèrent que 5%. En
outre, les 10% les plus riches contrôlent environ 70% de la richesse. La
société américaine n’est pas la seule à être inégalitaire : même en
Norvège, les 20% les plus pauvres gagnent moins d'un tiers de ce que les
20% les plus riches gagnent.
Les
choix que nous faisons en tant qu'individus peuvent nous positionner au
dessus ou en dessous de la moyenne de nos semblables en terme de
revenus, mais cette moyenne de nos semblables dépend de forces en deçà
de notre contrôle, tels que l’endroit où nous sommes nés. Ce sont donc
des facteurs liés aux hasard, tels que notre famille, qui jouent le plus
grand rôle dans la répartition des richesses.
Kenny prend l’exemple du rôle de la famille. Aux
Etats-Unis, près de 50% des écarts de richesse entre les gens et
environ 35 à 43% des écarts des revenus de leurs enfants peuvent
s'expliquer par la richesse relative et le revenu de leurs parents
(.pdf).
L’une des explications de
ce de cette relation, c’est que les parents qui ont étudié sont plus
susceptible d’éduquer leurs propres enfants. Depuis 1969, le revenu
médian des hommes aux États-Unis s’est réduit de 13.000 dollars, et la
plus grande partie de cette baisse provient de la chute des salaires des
travailleurs peu qualifiés et non qualifiés.
En
outre, l’avantage d’un milieu d’origine favorisé ne s’arrête pas aux
diplômes. Selon l’économiste Linda Loury, la moitié de tous les emplois
aux États-Unis sont pourvus par l’intermédiaire des familles, ou des
réseaux d’amis et de connaissances. D’autres économistes, Miles Corak et
Patrizio Piraino, ont conclu que près de 40% des employés ont travaillé
dans la même entreprise que leur père, et que pour les 1% les plus
riches, ce taux grimpait même à 70%. Un tiers des remplacements de CEOs
dans les sociétés cotées américaines sont ourvus par des successeurs
liés par des liens de sang ou par un mariage avec le CEO sortant, un
fondateur ou un actionnaire important.
Au niveau international, la distribution des richesses dépend encore davantage de la chance. Selon Branko Milanovic, près des deux tiers des inégalités mondiales peuvent s'expliquer par la géographie (.pdf).
La géographie et la famille déterminent ensemble environ 80% de notre
revenu en tant qu'adulte. Kenny estime que ces faits devraient inciter à
la mise en place d’un système fiscal plus progressif, et d'une
politique qui permette une plus grande égalité de chances. Tout le monde
devrait avoir accès à des services de base : un bon système de santé,
une bonne alimentation, une bonne éducation, et la société devrait
veiller à ce que ce soient les plus méritants qui aient accès aux
meilleures écoles et aux meilleurs emplois, et non pas ceux qui ont les
meilleures relations. Enfin, il faudrait prendre des mesures pour
encourager la mobilité professionnelle, et permettre à ceux qui le
souhaitent de migrer pour postuler à de meilleurs emplois.
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