26 juillet, 2013

Tunisie: grève générale et tensions après l’assassinat d’un député


La Tunisie est quasiment paralysée par une grève générale à l’appel de la principale centrale syndicale pour protester contre l’assassinat la veille de Mohamed Brahimi, une figure de l’opposition nationaliste de gauche.
Les rues de Tunis étaient désertées à l’heure d’ouverture des administrations et de très nombreux vols ont été annulés en raison de la grève, décidée la veille par la puissante centrale syndicale UGTT.
Les quelques cafés habituellement ouverts durant le ramadan étaient fermés vendredi, les marchés étaient très peu animés et nombre de commerces avaient leurs rideaux baissés, a constaté une journaliste de l’AFP.
En revanche, le tramway et les taxis assuraient un service minimum ou tournaient à vide à défaut d’usagers ou de clients.
Tunisair et sa filiale Tunisair Express ont décidé d’annuler tous leurs vols vendredi, et les compagnies Air France, Alitalia et British Airways ont également du annuler leurs liaisons depuis et vers Tunis, les techniciens au sol étant en grève, a indiqué à l’AFP une source aéroportuaire.
Fait rare en Tunisie, ce débrayage national est le second depuis le soulèvement de 2011. Le premier avait eu lieu en février 2013 à l’appel de l’UGTT au surlendemain de l’assassinat de l’opposant de gauche Chokri Belaïd.
Il intervient dans une atmosphère tendue, la presse tunisienne mettant l’accent vendredi sur les risques de destablisation du pays après le meurtre de Mohamed Brahimi, qui doit être enterré samedi.
Sous le titre “étincelle d’une déstabilisation”, le quotidien La Presse évoquait une “descente aux enfers” en jugeant que “le coup porté contre le coordinateur du Mouvement du peuple a été ressenti comme une volonté de fragiliser le processus démocratique”.
“Plus qu’un acte isolé, la violence est en voie d‘être érigée en système. Par qui? Tout simplement par ceux qui s’attachent à conquérir le pouvoir ou à s’y maintenir”, note Le Quotidien, pointant le gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda.
Selon l’analyste Sami Brahem “les raisons qui ont provoqué l’assassinat de Chokri Belaïd sont celles-là même qui ont conduit au meurtre de Mohamed Brahim: pousser la transition démocratique vers l‘échec”.
La présidence de la République tunisienne a décrété vendredi journée de deuil national.
“Deuxième catastrophe nationale”
“C’est une grève politique que nous avons décidée en accord avec l’organisation patronale, et le débrayage a atteint son maximum”, a déclaré à l’AFP Sami Tahri, le secretaire général adjoint de l’UGTT.
Tous les secteurs ont suivi le mot d’ordre dans toutes régions, a-t-il affirmé, citant les banques, la santé, les télécom et partiellement les transports.
Certains conducteurs de tramway, partisans du parti islamiste Ennahda au pouvoir, ont assuré un service “inutile”, selon lui.
A l’intérieur du pays, la grève a été bien suivie y compris dans le secteur privé, et des sit-in organisés à Sidi Bouzid, Kasserine, Gafsa (centre-ouest) et au Kef (nord-ouest).
La grève était particulièrement suivie à Sidi Bouzid, ville natale de l’opposant assassiné et point de départ de la révolte qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011.
Cette ville du centre-ouest du pays est paralysée selon l’AFP, et des dizaines de personnes étaient rassemblées devant le siège local de l’UGTT, où des manifestations de colère ont été dipersées par la police jeudi soir, comme dans Tunis.
Selon sa famille et ses camarades politiques, M. Brahmi sera enterré samedi au cimitère d’El Jallez à Tunis, selon sa volonté.
L’autopsie a montré que le défunt avait été atteint par 14 balles de 9 millimètres, a indiqué le bureau de Procureur de la République.
Cet assassinat intervient près de six mois après celui de Chokri Belaïd, une autre figure de la gauche tunisienne, qui avait plongé le pays dans sa plus grave crise politique depuis le soulèvement de 2011.
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