24 juillet, 2013

Syrie/aide humanitaire : les critiques de Suheir Atassi, vice-présidente de la Coalition

PARIS (France) - La vice-présidente de la Coalition nationale syrienne (opposition), Suheir Atassi, a regretté mercredi à Paris que l'aide humanitaire à la population soit devenue dans certains cas un outil de pouvoir et que celle de l'ONU n'atteigne pas ceux qui en ont le plus besoin.

Pour beaucoup, l'aide humanitaire est devenue un outil de pouvoir. Certains partis, groupes militaires essaient d'acheter la loyauté des Syriens en contrepartie de l'aide humanitaire allouée, a déclaré Mme Atassi, lors d'une rencontre avec la presse.

Cette femme déterminée, d'une quarantaine d'années, l'un des trois vice-présidents de la Coalition, accompagne le chef de l'opposition syrienne, Ahmad Jarba, pour sa première visite en France depuis son élection début juillet.

Fin 2012, pour lutter contre le phénomène d'aide sous conditions, la Coalition a créé l'ACU (Unité de coordination de l'aide humanitaire), que préside Mme Atassi.

Nous ne concevons pas l'aide humanitaire comme un moyen d'obtenir un soutien. Le principe est de donner l'aide humanitaire à tous les Syriens qui en ont besoin, sans conditions. La distribution doit se faire sur cette base rigoureuse, sans autres considérations, a-t-elle insisté.

La responsable a mis l'accent sur les difficultés de la Coalition à imposer ses structures et à réduire les canaux parallèles. Nous demandons aux pays donateurs de passer par notre structure, pour remédier à la désorganisation qui règne à l'intérieur du pays où certaines régions sont négligées. Malheureusement, certains pays passent par des structures autres, a-t-elle déploré, sans vouloir les désigner.

Ce sont les mêmes qui perturbent le travail de l'Armée libre syrienne (ALS) et nous les tenons pour responsables de ce qui se passe en Syrie, a-t-elle dit. Selon elle, 13 millions de personnes ont besoin d'aide dans tout le pays.

La France et les Emirats arabes unis ont été les deux premiers pays à apporter leur soutien à l'ACU, a-t-elle précisé, mais il y a un grand décalage entre les besoins sur le terrain et ce que nous donnons.

Elle a insisté sur le besoin de redonner vie aux régions libérées, pas seulement avec de l'aide alimentaire ou médicale mais en termes d'infrastructures et de soutien à des projets pour renforcer le rôle de la femme et de la société civile.

Par ailleurs, a-t-elle indiqué, la majorité des dons passe par les Nations unies qui considèrent encore le gouvernement de Bachar al-Assad comme le gouvernement de la Syrie. Nous ne nous opposons pas à ce que les Nations unies aident les régions sous contrôle du régime mais, ce qui nous gêne, c'est que cette aide n'atteigne pas ceux qui en ont le plus besoin.

Selon Mme Atassi, l'ONU est pieds et poings liés par le régime syrien et les efforts de coordination de l'ACU avec les agences onusiennes ont réussi dans certains cas mais échoué dans d'autres.

Nous devons faire pression sur les Nations unies pour qu'elles accèdent aux régions assiégées par le régime, a-t-elle affirmé, alors que Ahmad Jarba et une partie de sa délégation se rendent à New York pour y rencontrer vendredi les membres du Conseil de sécurité de l'ONU.

La vice-présidente de l'opposition a plaidé pour une reconnaissance juridique de la Coalition car la seule reconnaissance politique n'a pas eu d'effet positifs sur le terrain. C'est une simple rhétorique. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une reconnaissance juridique qui délégitimera le régime de Bachar al-Assad, a-t-elle affirmé.

La formation d'un gouvernement provisoire que M. Jarba a dit mardi espérer d'ici un mois peut être l'occasion d'ôter sa légitimité à Bachar al-Assad en permettant à la Coalition d'être représentée dans les instances internationales, à commencer par la Ligue Arabe, a encore estimé Mme Atassi.

L'opposition ne siège toujours pas à la Ligue Arabe malgré la décision de cette organisation de lui accorder le siège de Damas, faute d'avoir formé un gouvernement, a-t-elle rappelé.


(©AFP /

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire