30 juillet, 2013

Mamnooh Hussain, un homme d’affaires, élu président du Pakistan


Mamnoon Hussain, élu mardi président du Pakistan, est un homme d’affaires né en Inde ayant fait fortune dans le textile et dont l’ancrage dans les milieux économiques pourrait être un atout afin relancer l‘économie de ce géant plombé par une crise énergétique.
Cet homme souriant, au visage rond orné d’une petite moustache, né en Inde en 1940, sept ans avant la partition du Pakistan, a été élu mardi président du Pakistan par un comité formé des députés et des sénateurs.
Héritier d’une entreprise de textile, M. Hussain s’est imposé dans les milieux d’affaires de Karachi, mégapole du sud du pays située sur la mer d’Arabie, où se sont établis les +mohajirs+, ces musulmans ayant fui l’Inde pour gagner le Pakistan depuis la partition en 1947.
Cet homme d’affaires et militant de la Ligue musulmane (PML-N) de Nawaz Sharif, formation portée au pouvoir lors des législatives de mai, a été président de la Chambre de commerce de Karachi, la plus importante du pays, puis brièvement gouverneur de la province locale du Sind en 1999.
“C’est une personne intègre et directe dont les amitiés sont fondées sur la sincérité et non l’utilité”, confie à l’AFP Tariq Khaliq, ami de Mamnoon Hussain depuis un demi-siècle. “Il est profondément noble ce qui n’est pas le cas de tous les politiciens pakistanais traditionnels”, réputés corrompus et avides de pouvoir, fait-il valoir.
“Il est aux antipodes de (Asif Ali) Zardari”, un homme politique aussi très proche des milieux d’affaires mais dont la réputation a été ternie par des allégations de corruption qui lui ont valu le sobriquet peu flatteur de “Monsieur 10%”, en référence à des commissions qu’il aurait touchées sur des contrats publics.
M. Zardari, fils d’un propriétaire de cinéma au look de “playboy”, s‘était marié dans les années 80 avec Benazir Bhutto, héritière politique du Parti du peuple pakistanais (PPP) après la pendaison de son père Zulfikar en 1979 par la junte militaire. Au Pakistan, la politique reste une affaire de “grandes familles” et l’arrivée de M. Zardari au sein du clan Bhutto avait suscité de vives réactions.
Après l’assassinat de Benazir, en décembre 2007, Asif Ali Zardari avait repris les rênes du PPP qu’il a conduit à la victoire lors de législatives tenues deux mois plus tard, avant d‘être élu président.
A la tête du pays après les années du général Musharraf, M. Zardari a fait adopter un amendement constitutionnel donnant plus de pouvoir à l’Assemblée nationale et ce, tout en tirant les ficelles en coulisse.
Agé de 73 ans et réputé fidèle à son parti, “Mamnoon Hussain est un poids-léger en politique et c’est la raison pour laquelle Nawaz Sharif l’a choisi pour devenir le prochain président”, estime l’analyste politique Hasan Askari.
Le Premier ministre Sharif peut ainsi s’assurer que M. Mamnoon ne tentera pas de le court-circuiter et respectera la fonction présidentielle devenue essentiellement symbolique, souligne-t-il.
M. Hussain peut aussi s’avérer un atout dans le jeu du Premier ministre Sharif en raison de ses liens historiques dans la province du Sind, où la PML-N est absente du paysage politique, et, plus précisément chez les grands commerçants et industriels du port stratégique de Karachi.
Confronté à une crise énergétique à l’origine de coupures de courant pouvant atteindre 20 heures par jour dans certaines régions, et qui soutire à elle seule deux points de croissance du PIB par année, le Pakistan a besoin de redresser le cap, convient le Premier ministre Sharif.
Mamnoon Hussain deviendra président du Pakistan après le mandat de M. Zardari qui se termine officiellement le 8 septembre.

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