Catherine Rouvier échappe à cette règle. Elle enseigne beaucoup et à travers Radio Courtoisie cherche toujours le contact direct avec le public réceptif pour partager et apprendre. Voici quelle est sa vision des problèmes que connaît la France de nos jours.
La Voix de la Russie. Catherine Rouvier vous êtes passée maître dans le domaine de la sociologie ; Auteur d’un ouvrage « Sociologie politique » ; vous êtes également docteur d’Etat en droit public et sciences politiques de la faculté de droit Paris 2 (Panthéon Assas). Vous êtes de même l’auteur des chroniques dans la revue « Liberté politique ». Un joli score ! Pourriez-vous nous présenter votre vision professionnelle de ce qu’on appelle en novlangue « avatars de la modernité » frappant de plein fouet l’Europe et la France, en l’occurrence ?
Catherine Rouvier. Il me semble qu’il y a une conjonction, d’une certaine manière inattendue, c’est vrai ! – entre l’influence de la gauche, du campus américain, qui a donné notamment cette fameuse loi reconnaissant les unions homosexuelles, qui est une loi qui est déjà en vigueur dans 14 pays… La France serait donc le 15ième pays ! Et la majorité de ces pays sont européens. Et par ailleurs la Charte qui a été signée par les pays européens… J’étais absolument contre cette idée parce que je pensais que c’était une manière de nous faire une constitution européenne alors même que nos pays l’avait refusé. Notamment la France avait ses raisons. Donc le fait que cette Charte fasse pratiquement une obligation de la non-discrimination. Et que ce concept de non-discrimination s’applique d’une manière qu’Aristote aurait certainement trouvée perverse à des gens qui sont radicalement différents sur le plan même de ce que gère cette loin à savoir : la famille. Donc par ce fait on est entré dans un processus qui nous vient des Etats-Unis. Il y a une liberté de penser garantie par la Constitution ; Et que si, ce qu’on appelle, le printemps français s’était déroulé là-bas, il y aurait eu moins d’inculpations, moins de ce qui s’est passé pour certains jeunes gens ce qu’on appelle une inculpation à l’audience ce qui est quand même très-très rare dans notre système judiciaire… Donc nous avons une conjonction de tous ces systèmes d’idées venus des Etats-Unis, mais d’une conception de la liberté, et je m’en excuse vis-à-vis de La Voix de la Russie, qui serait plutôt soviétique ! C’est-à-dire qui n’est pas une liberté de penser face à une idéologie dominante. L’étau se resserre sur les Français et qui leur devient de plus en plus insupportable. Ce n’est pas bon non plus pour notre gouvernement parce que l’image de la gauche a toujours voulu être celle de la liberté ! La droite était pour l’ordre et la gauche soi-disant pour la liberté… Mais là on voit une gauche répressive ; Et donc ce n’est pas bon non plus pour l’image de la gauche ! Nous sommes dans une situation qui peut paraître paradoxale de l’extérieur, mais qui, de mon point de vue, s’analyse comme ça : la rencontre de deux influences : une venue des Etats-Unis, mais dans un contexte qui n’est pas un contexte de liberté de penser et d’opposition totale comme c’est le cas là-bas… Et donc une gauche qui verse dans la répression parce qu’ils ne supportent pas que ce qu’ils pensent être la liberté et le progrès ne soit pas accepté par tous.
LVdlR. Que pensez-vous de l’initiative de référendum populaire appliquée à la France ?
Catherine Rouvier. J’ai un exemple plus proche que celui des Etats-Unis qui est la Suisse. Nous avons là un pays qui a organisé depuis un siècle et demi des référendums sur les sujets de société ce qui fait que la résolution des problèmes a été beaucoup moins dramatique ! On connaît l’histoire des minarets ! Sur ces problèmes qui sont des problèmes très importants : l’accueil des populations étrangères sur le territoire qui est l’accueil des populations avec une culture différente et avec une tradition différente. Sur ce problème-là la consultation du peuple me paraît une excellente chose.
En France, en 2008, il y a eu une réforme qui instaure le référendum d’initiative populaire. Malheureusement, elle n’est même pas encore en vigueur. Les textes d’application sont en train d’être pris ; Et d’autre part, il y a beaucoup trop d’exigences dans le nombre de signatures qu’il faut… Cela ne passera pas bien ! Il aurait fallu prendre comme exemple le modèle suisse. Et la Suisse plus que les Etats-Unis parce qu’aux Etats-Unis les législations sont différentes selon les Etats. Mais de toute façon c’est bien entendu une excellente chose ! Evidemment les dirigeants ont peut parce que les Français ont souvent tendance à dire « non ». Mais si on prétend diriger un peuple, il faut l’écouter ! Il ne faut pas vouloir changer le peuple. Mais il faudra revenir là-dessus si cela n’aboutira pas à une initiative populaire.

Commentaires. Catherine Rouvier a bien mis le doigt sur la bonne touche en disant que les dirigeants ont peur de l’initiative populaire. L’un des mythes que l’on se plaît à répéter à outrance est celui d’un peuple pareil à la racaille anarchiste qui ne chercherait qu’à renverser l’ordre établi si on lui baillait une telle occasion. Je n’entends même pas critiquer ce concept fantaisiste Yvan Blot ayant démontré depuis très longtemps, sur l’exemple américain, que les gens ont tendance à prendre des décisions beaucoup plus adéquates que leurs dirigeants si on leur en donnait des fois la possibilité. Une autre vérité qui perce dans les paroles de Catherine Rouvier est l’évocation du modèle soviétique appliqué par l’Elysée à son peuple. Il s’agit d’un modèle idéologique qui cherche à aligner la réalité sur une doctrine fossilisée. Et si la réalité ne rentre pas dans le creuset du modèle choisi, on la charcute à coups de… guillotine. Qui aurait cru, il y a encore 20 ans, que la France puisse en arriver là ? Et bien malheureusement, le pire n’est qu’à venir. Choisissons donc le modèle helvétique qui saurait au moins mettre les dirigeants à l’abri de la colère populaire.

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