02 juillet, 2013

Espionnage: réunion des ambassadeurs de l'UE jeudi

BRUXELLES - Les ambassadeurs des pays de l'Union européenne se réuniront jeudi pour un échange d'informations sur les allégations d'espionnage des Américains contre l'UE, mais ils ne seront pas en mesure d'arrêter une position commune comme le réclame la France, ont confié à l'AFP plusieurs sources européennes et diplomatiques.

De son côté, la Commission européenne a estimé que cette affaire ne devait pas retarder le début des négociations pour un accord de libre-échange transatlantique qui doivent commencer la semaine prochaine à Washington.

La réunion des ambassadeurs jeudi permettra au secrétaire général exécutif du Service européen pour l'action extérieure (SEAE), Pierre Vimont, de faire un compte rendu de son entretien lundi avec l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'UE, William Kennard, a expliqué une source européenne.

Mais arrêter une position commune, on n'en est pas là, a confié une source diplomatique, laissant entendre que l'UE était divisée sur l'attitude à adopter.

Le président français, François Hollande, presse pour une position coordonnée commune de l'Europe par rapport aux exigences que nous avons à formuler et aux explications que nous avons à demander aux Etats-Unis.

Mais le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, prône la retenue. Il faut avoir toutes les informations avant de lancer des accusations, a-t-il recommandé mardi devant le Parlement européen.

Si les faits s'avèrent exacts, alors il faudra agir, et j'utiliserai alors d'autres mots, a-t-il assuré.

Le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, a expliqué que si ces accusations sont avérées, une consultation au niveau des ministres de l'UE sera nécessaire. Dans un tel cas de figure, le gouvernement allemand réclame l'adoption d'une réaction européenne à l'unanimité.

Nombre d'Etats membres sont sur cette ligne attentiste, et certains sont convaincus que les Etats-Unis vont dissiper les préoccupations de leurs alliés européens.

Le gouvernement italien s'est ainsi déclaré confiant dans le fait que toutes les assurances nécessaires seront données dans l'esprit de collaboration et d'amitié qui caractérise le rapport entre nos deux pays.

La réunion jeudi sera surtout l'occasion de faire sortir du bois certains Etats, notamment la Grande-Bretagne, très silencieuse jusqu'à présent, a commenté une source européenne sous couvert de l'anonymat.

De leur côté, les Etats-Unis cherchent à savoir ce que les Européens savent exactement pour calibrer leur réponse, a expliqué une source européenne. Dans ce genre d'affaire, la règle du jeu, c'est pas vu pas pris, a ironisé un diplomate.

Il faut être un peu naïf pour s'étonner de ce que les Etats-Unis interceptent les conversations des diplomates de pays alliés, a souligné un autre diplomate en estimant que les Américains ne sont pas les seuls. Ni les Britanniques, ni les Français n'ont envie d'un grand déballage public, a-t-il ajouté.

Le président américain Barack Obama a promis de fournir à ses alliés toutes les informations qu'ils réclament, et le secrétaire d'Etat John Kerry s'est engagé à chercher à découvrir exactement de quoi il s'agit. C'est l'élément de langage donné pour l'instant aux ambassadeurs américains, a confié à l'AFP un représentant européen.

Au-delà des condamnations et des demandes d'explication, certains Européens veulent utiliser les négociations commerciales pour faire pression sur Washington.

On ne peut avoir de négociations ou de transactions sur tous les domaines qu'une fois obtenues ces garanties, a affirmé lundi M. Hollande.

On ne peut pas négocier sur un grand marché transatlantique s'il y a le moindre doute que nos partenaires ciblent des écoutes vers les bureaux des négociateurs européens, avait menacé dimanche la commissaire européenne chargée de la Justice, Viviane Reding.

Mais la Commission, qui a la responsabilité de négocier les accords commerciaux au nom des 28, a décidé de ne pas jouer cette carte, en estimant que le début des négociations commerciales entre l'UE et les Etats-Unis ne devrait pas être affecté.

Mais l'UE dira clairement que pour qu'une négociation aussi complète et ambitieuse réussisse, il faut la confiance, la transparence et la clarté entre les partenaires, a déclaré Pia Ahrenkilde Hansen, porte-parole de la Commission.

La réunion de jeudi sera consacrée également à la mise en place du groupe d'experts UE/USA décidé en juin après les premières révélations sur Prism, le programme américain de surveillance d'internet.


(©AFP /

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