24 juillet, 2013

Burkina Faso : Les évêques rejettent la mise en place du Sénat



Ouagadougou, 23 juillet 2013 – Les évêques du Burkina Faso ont rejeté, à l’instar de l’opposition politique, la mise en place prochaine d’un Sénat estimant que «les institutions ne sont légitimes que si elles sont socialement utiles».

«Dans un climat de grande pauvreté où les besoins essentiels de base (santé, éducation, emploi, logement, nourriture) ne sont pas suffisamment couverts et un contexte d’une montée de jeunes à l’avenir incertain, on peut s’interroger légitimement sur l’opportunité de la mise en place d’un Sénat», lit-on dans une lettre pastorale adressée aux fidèles de l’église catholique.

Estimant qu’il est possible de faire un meilleur emploi des ressources financières limitées dont dispose le Burkina Faso pour mieux couvrir les besoins fondamentaux des populations en santé, éducation et emploi, le clergé se « quelle valeur ajoutée un tel Sénat va-t-il apporter, réellement, à notre pays et à ses pratiques démocratiques ?».

Rappelant les arguments ayant conduits à la suppression de la Chambre des Représentants en 2002, les Évêques, estimes que ces raisons «sonnent encore plus vrais au regard de la configuration donnée au Sénat et ce, d’autant plus qu’une telle configuration, contrairement au principe de sa création, n’a nullement fait l’objet d’une approbation consensuelle».

A travers ce long message épistolaire, les Évêques burkinabé, qui n’entendent pas faire obstacle aux choix institutionnels, ont indiqué «ne pas restés insensibles à la situation politico-sociale qui prévaut ces temps-ci, situation faite de tensions sociales et d’agitations, notamment autour de la mise en place du Sénat».

Cette situation, a mis en garde le clergé, "fait craindre que le Burkina Faso ne devienne une poudrière sociale" car la population à majorité jeune a "une image négative du pouvoir car elle est brouillée par la corruption et le clientélisme ; d’où la tentation pour une partie de cette jeunesse de couver la violence fondée sur des ressentiments".

Estimant que le Burkina Faso a besoin de justice, de réconciliation et de paix, l’Eglise catholique a alors invité «les protagonistes des tensions sociales actuelles (partis politiques de la majorité et de l’opposition, mouvements et associations, société civile), à éviter toute violence, tout débordement et toute action qui seraient de nature à aggraver les tensions, à porter atteinte à la dignité de la personne humaine et au bien commun, et à conduire notre pays vers le chaos ».

Le débat sur la création du Sénat agite de plus en plus la classe politique et la société burkinabé.
L’opposition politique, hostile à un tel projet et soupçonnant le président Compaoré de vouloir modifier l’article 37 pour briguer un autre mandat en 2015, avait organisé une marche de protestation le 29 juin.

Une nouvelle descente dans la rue est prévue pour le vendredi 28 juillet prochain, jour des élections sénatoriales sur l’ensemble du territoire national.

Au pouvoir depuis le putsch de 1987, le président Compaoré, dont le régime avait failli être emporté par une vague de mutineries en 2011, entretient toujours le flou sur ses intentions.

BOA

koaci.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire