Les riverains la regardent avec
impuissance. Les autorités semblent indifférentes. Mais cette rivière
qui traverse tout le secteur 29 (actuel secteur 44 de l’arrondissement
10) de Ouagadougou est une laide plaie qui cause d’insupportables
désagréments à ses riverains et ses usagers, qu’elle soit vide ou
pleine.
Pour celui qui visite Ouagadougou pour la
première fois, tomber sur la « rivière » de la Trame d’accueil de
Dassasgho peut désarçonner. Le paysage en est subitement déformé et
enlaidi. Il se croirait soudain déplacé dans un décor qui appartient
plus à une brousse qu’à une ville.
Une immense crevasse ondule comme un
serpent, frôlant le mur de certaines habitations et continuant son
chemin, son dos traversé de temps en temps par un ou deux ponts. De
grands arbustes poussent sur ses bords escarpés, pendant que des
ramasseurs de sable lui creusent le ventre.
« Vraiment, ce n’est pas joli ! »
Par endroits, les tuyaux de l’ONEA se
découvrent, comme un os dénudé dans la chair. Pour terminer le décor,
les déchets plastiques, comme des croutes de plaie, et les ordures de
tout genre s’y sont donné rendez-vous. « Vraiment, ce n’est pas joli ! », s’exclame un élève de 5e qui passait par là.
Mais si ce n’était que le décor ! Sur
l’un de ses versants a élu domicile un marché spontané qui ne paye pas
de mine. Il a été construit par les déguerpis de l’ancien marché noir
nommé « boins-yaaré » préalablement situé aux 1 200 Logements. « Ce sont eux qui vendent les objets volés », suspecte D.K, un riverain.
Un peu plus loin, une école et un centre de santé font dangereusement dos à la « rivière », qui n’a aucun garde-fou.
Qu’il pleuve ou pas, casse-tête
Ce n’est toujours pas fini. La « rivière » de la Trame d’accueil adore sortir de son lit en saison des pluies. « Lorsqu’il pleut ici, tout est inondé, même quand c’est une petite pluie », raconte
Rigobert Moyenga, un riverain qui habite un peu plus en amont de la
« rivière ». Là, elle n’est qu’une petite rigole, mais qui coince
tellement la devanture des habitations que « nous éprouvons des difficultés pour rentrer ou sortir de chez nous », continue Moyenga Rigobert.
« Lorsqu’il pleut, si tu es chez toi,
tu ne peux pas sortir. Si tu es dehors, tu ne peux pas rentrer chez toi.
Et l’eau va jusqu’à ma terrasse », explique l’air désolé, Moyenga
Rigobert (la pluie du 22 avril 2013 a effectivement inondé les
habitations). Tellement désolé que les démarches entreprises par
l’association exclusivement formée par le quartier pour cette cause, il
y a de cela trois ans, n’a reçu que des promesses jamais tenues de la
part des autorités municipales.
A quand un canal ?
« La télévision nationale est venue
faire un reportage, le ministère de l’habitat a envoyé une équipe, mais
jusqu’à présent, rien », se souvient notre interlocuteur. Pourtant, il rêve d’un canal qui abrègera peut-être ses souffrances et celles de ses voisins.
burkina24.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire