03 juin, 2013

La Syrie retourne avec ironie les mots qu’Ankara avait utilisés contre elle


Commentant les manifestations qui frappent la Turquie et
la répression violente de la part des autorités, la direction syrienne et les médias
officiels reprennent le même vocabulaire dont la Turquie, soutien des rebelles
syriens, a usé à l'égard du président Bachar al-Assad.
   A titre d’exemple, les ministres syriens ont accusé Ankara de "terroriser" sa population et ont décrit le mouvement de protestation comme le "vrai Printemps".
   Dimanche, le
ministère des Affaires Etrangères a "conseillé" aux Syriens d'éviter
de se rendre en Turquie "à cause de la détérioration de la situation sécuritaire".
 La télévision
officielle syrienne couvre les événements en Turquie en continu et a annoncé
dans une alerte que les manifestants réclamaient la démission du
Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
   "Vous devez
démissionner si vous respectez réellement la démocratie. Le mouvement en
Turquie est un vrai Printemps", a lancé à Erdogan un expert syrien sur la
chaîne officielle al-Ikhbariya.
   "C'est une
révolution pure car ni le Qatar ni Israël ne sont impliqués", assure la
télévision, qui accuse régulièrement ces deux parties de soutenir les insurgés
syriens.
   Samedi, le
ministre de l'Information Omrane al-Zohbi a repris mot pour mot les appels à la
démission d’Erdogan à l'adresse du président Assad.
   "Le fait
qu'il empêche les manifestations pacifiques prouve qu'Erdogan est déconnecté de
la réalité. Le peuple turc ne mérite pas une telle sauvagerie", a-t-il
dénoncé.
   Dimanche, le
ministre a enfoncé le clou en appelant la Turquie à "libérer tous les
prisonniers de conscience" et en estimant que "rien ne justifiait l'arrestation
d'un si grand nombre de manifestants pacifiques".
   Deux jours de
violents incidents ont fait des centaines de blessés en Turquie, où plus de
1.700 manifestants ont été arrêtés.
   Pour Damas, les images de violences en provenance
d'Ankara constituent une preuve sur la nature répressive du gouvernement islamo-conservateur
d'Ankara.
   La Turquie est
le principal appui à la rébellion, et la longue frontière commune permet le
passage de rebelles et de munitions. Une grande partie du nord syrien est
d'ailleurs hors de contrôle du gouvernement, alors que la Turquie a pillé ses
usines dans la région d'Alep.
   La télévision
syrienne accorde une couverture exceptionnelle aux manifestations contre
"la junte au pouvoir" en Turquie.
   Les médias
syriens assurent même que le projet d'aménagement urbain contesté, à l'origine
de la révolte à Istanbul, vise à construire un centre commercial "financé
par des investisseurs qataris et la famille d'Erdogan".
 Ces médias ont
dénoncé la répression des protestations populaires, des manifestations
pacifiques mais aussi la répression violente de la révolution dans ce pays.
   Le quotidien
al-Watan, proche du pouvoir, résumait ainsi dimanche le sentiment des autorités
syriennes: "Après des dizaines de déclarations critiquant la Syrie, le
Premier ministre a autorisé ses forces à utiliser une force excessive et la
barbarie contre des milliers de manifestants pacifiques".

 

Source: AFP

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