Le maire de Montréal Michael Applebaum a annoncé sa démission mardi en raison des poursuites judiciaires qui le visent, tout en affirmant son innocence et sa volonté de se défendre contre les accusations de complot et de corruption.
“Je maintiens mon innocence”, a déclaré l’homme politique de 50 ans, affirmant son “intention de (se) battre” après s‘être vu signifier lundi 14 chefs d’accusation par une unité anti-corruption de la police québécoise.
“Etre maire n’est pas une tâche qu’on peut faire en se défendant face à des accusations et vous comprendrez que je mettrai toutes mes énergies dans ma défense et ma famille”, a-t-il dit.
Il avait été arrêté lundi et longuement interrogé par l’unité anti-corruption de la police sur une affaire de pots-de-vin, antérieure à sa nomination comme édile, avant d‘être remis en liberté.
“Je n’ai jamais pris un sou à personne”, a encore lancé M. Applebaum, premier maire anglophone de Montréal en un siècle, qui avait succédé en novembre dernier à Gérald Tremblay, démissionnaire en raison de soupçons de corruption pesant sur son équipe.
Il a quitté le grand hall de l’Hôtel de ville sans répondre aux questions des médias.
Les élections municipales n’auront lieu que le 3 novembre prochain. Un maire intérimaire va être choisi dans les prochains jours au sein du conseil municipal.
“La campagne électorale a déjà commencé”, a constaté une conseillère municipale respectée, Chantal Rouleau. “C’est un jour triste pour Montréal, mais il fallait bien nettoyer toute cette saleté qui s’y est incrustée”, a-t-elle ajouté.
Dans le sillage de la démission du maire, un élu municipal du parti Projet Montréal, François Croteau, a annoncé sa candidature aux fonctions de maire intérimaire, et d’autres annonces devaient suivre.
M. Applebaum se trouvait depuis la veille sous une forte pression de la classe politique québécoise. La Première ministre Pauline Marois avait dit clairement qu’il serait bien inspiré de quitter ses fonctions.
Tout n’est pas pourri
Les habitants de Montréal semblaient accueillir sa décision avec soulagement.
“C’est une décision respectable, c’est ce qu’il devait faire”, a estimé Jérôme Martin, auteur-compositeur de 34 ans, rencontré dans une rue proche de l’Hôtel de Ville. “Mais en même temps, c’est comme une admission de culpabilité, cela veut dire qu’il n’a pas de munitions pour se défendre”.
Un avocat quadragénaire, Me David Temim, fumant une cigarette devant l’entrée d’un immeuble de bureau, pense que cette démission porte un coup dur à la mairie. “C’est terminé, la crédibilité du conseil municipal”, dit-il, préconisant la mise sous tutelle de la ville “pas pour six mois, mais pour deux ou trois ans”.
Effectivement, depuis un an, Montréal vit au rythme de révélations faites devant la commission d’enquête publique, dite Commission Charbonneau, sur un vaste système de corruption impliquant responsables municipaux, partis politiques, entrepreneurs du BTP et criminalité organisée.
Mme Marois a néanmoins affirmé qu’il n‘était pas nécessaire de mettre Montréal sous tutelle gouvernementale, estimant en substance que tout n’est pas pourri à la mairie et qu’il y a des conseillers municipaux bénéficiant de la confiance des habitants et capables de prendre le relais.
Les médias canadiens ont identifié les deux dossiers immobiliers de l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, dirigé à l‘époque par M. Applebaum, qui auraient donné l’occasion aux versements de pots-de-vin de plusieurs dizaines de milliers de dollars entre 2006 et 2011.
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