07 novembre, 2012

Quatre ans de plus pour Barack Obama et déjà des défis à relever


WASHINGTON (Reuters) - Malgré les doutes de l'électorat sur sa gestion de l'économie et au terme d'une soirée où le suspense a tenu toutes ses promesses, Barack Obama a été réélu mardi soir à la présidence des Etats-Unis pour un second mandat de quatre ans, promettant d'oeuvrer avec les républicains pour faire face aux échéances budgétaires et fiscales.
Arrivé en tête dans 25 Etats et dans le district fédéral de Washington, le président démocrate remporte une victoire claire sur son adversaire républicain, Mitt Romney. Il s'est assuré au moins 303 votes au collège électoral, où 270 voix suffisaient à sa réélection.
En Floride, le résultat était trop serré mardi en fin de nuit pour savoir qui l'emportait.
Confirmé à la Maison blanche, Barack Obama retrouve une situation comparable à celle qui prévalait avant le scrutin et devra composer avec un Congrès qui reste dans la même configuration.
Les démocrates ont conservé en effet leur majorité au Sénat, dont un tiers des sièges étaient renouvelés, et, surtout, les républicains restent majoritaires à la Chambre des représentants, dont les 435 sièges étaient remis en jeu.
Aux milliers de ses partisans en liesse réunis dans la nuit dans son fief de Chicago, Barack Obama a du reste tendu la main aux républicains, promettant d'être à l'écoute des deux camps qui se sont profondément divisés pendant la longue et âpre campagne électorale.
"Reconnaître que nous avons des espoirs et des rêves communs ne fera pas disparaître les obstacles, ne résoudra pas tous nos problèmes et ne remplacera pas la difficile tâche de forger le consensus", a-t-il déclaré.
"Je suis impatient de tendre la main et de coopérer avec les dirigeants des deux partis pour faire face aux défis que nous pourrons surmonter ensemble", a poursuivi Barack Obama, évoquant la réduction du déficit fédéral, la révision de la fiscalité, la réforme des lois sur l'immigration et la réduction de la dépendance énergétique des Etats-Unis.
Le président et les élus du Congrès auront peu de temps pour savourer leurs victoires mais vont devoir s'atteler au contraire sans attendre au "mur budgétaire", cet ensemble de coupes automatiques des dépenses publiques et de relèvement des impôts de quelque 600 milliards de dollars qui menace le pays si la Maison blanche et le Capitole ne s'entendent pas d'ici la fin de l'année.
L'IOWA PUIS L'OHIO ONT MIS FIN AU SUSPENSE
L'incertitude a longtemps été de mise dans cette nuit électorale tendue qui concluait l'une des campagnes présidentielles les plus serrées de l'histoire des Etats-Unis et pour laquelle les deux partis et leurs alliés ont dépensé une somme record de deux milliards de dollars.
Sur le plan national, l'avance de Barack Obama sur Mitt Romney est minime: 1,5 million de voix environ sur quelque 110 millions de suffrages exprimés en faveur de l'un ou l'autre des deux candidats (en 2008, Obama avait devancé John McCain de 9,5 millions de voix).
Mais le président des Etats-Unis est élu au suffrage universel indirect par un collège électoral et la course aux grands électeurs a basculé lorsque les réseaux télévisés américains ont annoncé coup sur coup que l'Iowa et l'Ohio avaient voté majoritairement pour le candidat démocrate.
Après une longue veille silencieuse, des cris de joie ont accueilli la nouvelle parmi les partisans d'Obama réunis à Chicago où il avait passé la journée dans l'attente des résultats.
L'annonce du résultat de l'Ohio a immédiatement éclipsé les opérations de comptage qui continuaient à se dérouler en Floride, où les résultats sont si serrés qu'aucune chaîne n'a pris le risque de désigner un vainqueur. Après le comptage de près de 90% des bulletins, Obama et Romney étaient seulement séparés par quelques milliers de voix.
Mais, contrairement à l'élection de 2000, où le sort de la Floride avait tenu le pays en haleine pendant cinq semaines avant que la victoire de George W. Bush ne soit proclamée, le "Sunshine State" n'aura cette fois pas d'incidence sur l'issue de la présidentielle.
Car Obama l'a également emporté dans le Colorado, le New Hampshire, le Nevada, la Virginie et le Wisconsin, soit la plupart des autres "Swing States", ces Etats dont l'électorat bascule dans un camp ou dans l'autre au gré des élections et qui ont déterminé le vainqueur de ce scrutin.
Mitt Romney, vainqueur dans 24 Etats, n'a pas réussi son pari, lui qui avait inlassablement sillonné les Etats indécis et espérait même faire basculer la Pennsylvanie. Il n'a remporté qu'un seul "Swing State": la Caroline du Nord.
"COHABITATION" AVEC LES RÉPUBLICAINS
En fin de nuit, l'ancien gouverneur du Massachusetts, qui mettait en avant son expérience à la tête du fonds Bain Capital pour relancer l'économie américaine, a concédé sa défaite et appelé démocrates et républicains à tourner le dos aux "affrontements partisans".
"Notre nation, ainsi que vous le savez, est à un moment critique. Dans un moment comme celui-là, nous ne pouvons pas prendre le risque d'affrontements partisans et de postures politiciennes", a-t-il dit depuis son QG de Boston.
"Nous attendons des démocrates et des républicains présents à tous les niveaux du gouvernement de faire passer le peuple avant la politique."
Au Congrès, les républicains sont assurés de conserver leur majorité à la Chambre des représentants puisque les estimations leur donnent 225 sièges sur les 435 contre 170 aux démocrates, avec 40 sièges encore à déterminer.
Les démocrates conservent en revanche leur courte majorité au Sénat, selon les dernières estimations du Washington Post, qui les créditent de 51 sièges contre 44 élus pour les républicains et deux pour des indépendants, avec trois sièges encore indécis.
Cette configuration politique signifie que le fonctionnement entre la Maison blanche et le Congrès va être le même que depuis les élections de mi-mandat en 2010. Et ce alors que l'urgence du "mur budgétaire" se profile.
Sans accord bipartisan, des coupes automatiques interviendront début 2013 dans les dépenses publiques et les baisses d'impôt décidées sous George Bush et reconduites en 2010 seront supprimées.
Mais démocrates et républicains ne sont pour l'heure pas sur la même longueur d'ondes, Barack Obama estimant notamment que ces baisses d'impôts ne devraient être reconduites que pour les revenus annuels inférieurs à 200.000 ou 250.000 dollars, selon la composition des foyers fiscaux. Les républicains eux ne veulent pas d'un plafond.
"Le peuple américain veut des solutions et a répondu ce soir en renouvelant notre majorité républicaine à la Chambre", a souligné John Boehner, le président républicain de la chambre sortante. "Par ce vote, le peuple américain a aussi clairement dit qu'il n'y avait pas de mandat pour une augmentation des impôts", a-t-il insisté.
Avec Jeff Mason à Chicago et Patricia Zengerle à Boston; Marine Pennetier, Pierre Serisier et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief

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