22 avril, 2012

France - Afrique : François Hollande, si vous êtes élu, méfiez-vous du charme des chefs d'État africains


France - Afrique : François Hollande, si vous êtes élu, méfiez-vous du charme des chefs d'État africainsLE PLUS. Mais que font donc ces chefs d'Etat africains qui papillonent auprès des milieux politiques français ? Pour que cela ne se reproduise plus et que la Françafrique cesse, Maurice NGuepe, secrétaire général de l'organisation Jeunesse africaine exhorte François Hollande à être vigilant et lui accorde son soutien.
Monsieur François Hollande,
Nous, Jeunesse Africaine, venons très respectueusement auprès de votre Bienveillance vous soutenir aux élections présidentielles en cours et solliciter votre contribution décisive à l’instauration de véritables démocraties en Afrique.
En effet, depuis quelques mois, nous observons des va-et-vient des chefs d’État africains (ou de leurs émissaires) en Hexagone, tous en quête de visibilité et de soutien auprès des milieux politiques français, toutes tendances confondues. Ces opérations de charme, qu’ils initient à l’approche de chaque élection présidentielle française, sont une pratique bien ancienne.
En 52 ans, de 1960 à 2012, elles se sont faites au détriment de la jeunesse africaine, et celle-ci, après ces longues décennies d’espérance, est restée sans suite face à ses aspirations vers plus de liberté et plus de démocratie. Dans nos pays francophones d’Afrique centrale et de l’ouest, ces opérations de charme ont fini par nous donner la preuve que nos chefs d’État tirent leur pouvoir et leur légitimité de l’onction reçue des cercles françafricains, une onction perçue comme un feu vert ouvrant le champ libre à la mauvaise gouvernance, aux malversations financières, à l’oppression et à la violence étatique à l’encontre de la jeunesse africaine.
Monsieur François Hollande, face au constat de cette réalité têtue et foncièrement amère, nous venons vers vous solliciter votre clairvoyance à l’occasion du bal qui va sûrement vous être offert. Toutefois, nous sommes convaincus que vous saurez percevoir où se trouve l’intérêt futur de la France, et que vous pourrez, si vous êtes élu, mettre un terme à ces onctions et faire renaître l’espoir en Afrique.
Pendant ce bal, si jamais il a lieu autour de vous, pensez aux Togolais qui seront incarcerés et torturés, pensez aux Camerounais qui ne seront jamais choisis aux postes de responsabilités pour leurs compétences, pensez aux Congolais qui manqueront de tout alors qu’ils ont tout, pensez aux Tchadiens, aux Centrafricains, aux Burkinabé, aux Gabonais, aux Guinéens, pensez à tous les peuples de ces pays où l’ethnicisation des rapports sociaux entre les citoyens a été consacrée.
Et à propos, permettez-nous ici, Monsieur Hollande, de vous révéler que les manipulations ethniques sont devenues le mode de gouvernance dans un très grand nombre de pays francophones d’Afrique. L’ethnicisation des rapports sociaux engendre une citoyenneté à plusieurs vitesses à l’intérieur d’un même pays, ce qui est source de crises sociales et de tensions tribales. D’où la conception erronée, et malheureusement répandue, selon laquelle les Africains ne seraient pas prêts pour la démocratie.
Pourtant, la culture africaine n’a rien d’antidémocratique.
C’est une culture hospitalière par essence, basée sur le partage, l’entraide et la sociabilité. C’est une culture dans laquelle l’homme, placé au centre de toute action, reconnaît l’autre comme son alter ego, comme membre de sa propre communauté, et donc comme citoyen. Il n’y a pas meilleure conception culturelle contenant tant d’ingrédients pouvant favoriser l’émergence du sentiment démocratique et le sens du bien commun.
Si les Africains ne vivent pas la démocratie aujourd’hui, c’est donc simplement parce que les systèmes dictatoriaux mis en place par les réseaux françafricains les en empêchent. Et dans ces systèmes, l’ethnicisation des rapports sociaux érigée en mode de gouvernance divise les citoyens afin de mieux les assujettir. Une fois devenus des sujets, les jeunes africains ne connaissent plus de la démocratie que des élections truquées à répétition avec pour conséquence une longévité infinie des dictateurs au pouvoir qui brise leurs rêves les plus légitimes.
Vous vous êtes sans doute déjà imaginé que les Africains ne sont pas des êtres humains d’un autre type pour accepter ou élire «démocratiquement» le même chef d’État pendant trente ans ! La réalité sur le terrain en est que les pouvoirs autocratiques opposent, à chaque contestation sociale, une brutalité policière et militaire sans commune mesure. Notre démocratie n’est donc que de façade. Elle n’en est pas une.
Voilà pourquoi l’espoir que nous portons en vous se résume en ces mots : Nous aider, de façon décisive et définitive, à instaurer une véritable démocratie en Afrique francophone en bâtissant des États de droit où les citoyens seront protégés, où la presse sera libre, où le système judiciaire sera indépendant et où le code électoral prévoira un scrutin à deux tours avec un mandat présidentiel renouvellable une seule fois.
Pour les Français, ce qui est en jeu dans cette contribution, c’est le choix de la fierté et de la reconnaissance d’une jeunesse africaine plus que jamais prête à bâtir un nouvel avenir avec la France en ce début du 21 ème siècle, et le rejet des politiques inhumaines de ces chefs d’État dont plusieurs ont leur avenir derrière eux pour avoir déjà fait leur temps.
Pour l’Afrique, il s’agit d’être témoin, pendant votre mandat, de la fin dernière de la Françafrique, et de voir enfin confiée toute la politique africaine de la France à sa diplomatie.
Pour la France et l’Afrique, l’enjeu dans ce beau projet sera de bâtir un espace francophone désormais dynamique, innovateur et concurrentiel capable de servir de contre-poids à une civilisation anglo-saxonne dominante et à une civilisation chinoise non moins conquérante.


Au regard de tout ce qui précède, la Jeunesse Africaine trouve légitime de porter son choix sur vous, à l’occasion de cette période électorale, parce que vous représentez la promesse d’un nouvel espoir. De ce fait, nous lançons un appel à tous les jeunes Africains établis en France et partout ailleurs dans le monde afin qu’ils vous apportent leurs voix.
En espérant vous appeler dès le mois prochain "Monsieur le président de la République", nous vous souhaitons tout le succès, la clairvoyance et l’intuition nécessaires à la réalisation de ce grand projet historique.
Nous vous prions de croire, Monsieur François Hollande, en la sincérité de nos propos et en l’expression de notre haute considération.
© Correspondance de : Maurice NGuepe

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