12 mars, 2012

Le camp Hollande somme Sarkozy de "s'expliquer" sur ses liens avec Kadhafi

Nicolas Sarkozy recevant le leader libyen Mouammar Kadhafi à l'Elysée en décembre 2007.

Nicolas Sarkozy recevant le leader libyen Mouammar Kadhafi à l'Elysée en décembre 2007. REUTERS/JACKY NAEGELEN

Evoquée une première fois en mars 2011 par Saïf Al-Islam, le fils aîné de l'ancien leader libyen, une possible intervention de Mouammar Kadhafi dans le financement de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007 est de nouveau mise en avant, lundi 12 mars, par Mediapart : le site d'information publie une note de synthèse rédigée par un intermédiaire, qui décrirait l'intervention de l'ancien leader libyen en faveur du candidat de l'UMP, via le franco-libanais Ziad Takieddine, mis en examen dans l'affaire de Karachi.

Contacté par Mediapart, Brice Hortefeux a reconnu s'être rendu en Libye avec Nicolas Sarkozy en octobre 2005, mais affirme qu'"il n'a jamais été question de financement politique, ni de près ni de loin". Contacté par Le Monde lundi, Ziad Takieddine dément formellement ces accusations.

Lundi soir, Delphine Batho, porte-parole de François Hollande, a demandé à Nicolas Sarkozy de "s'expliquer sur la nature de ses relations passées avec le Colonel Khadafi". Dans un communiqué, elle affirme que "les informations [de Mediapart] qui établissent un lien avec la visite de Nicolas Sarkozy en Lybie [sic] le 6 octobre 2005 ne peuvent rester sans réponse".

Un peu plus tôt, Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de M. Sarkozy, avait déclaré que "ça fait des mois et maintenant des années que les uns, les autres cherchent à faire des déclarations fracassantes sans jamais d'ailleurs pouvoir rien prouver, en essayant d'atteindre le chef de l'Etat dans une affaire qui ne le concerne pas".

Le contenu de la note est pourtant explosif, affirme Mediapart, qui précise que son intégralité "n'a pas été communiquée aux enquêteurs par M. Brisard". Il s'agit de précisions apportées par Didier Grosskopf, l'ancien médecin personnel de Ziad Takieddine, qui l'a accompagné à plusieurs reprises en Libye. Ecrites dans un langage télégraphique, elles ont été recueillies en 2006 par Jean-Charles Brisard, "ancien membre de l'équipe de campagne d'Edouard Balladur en 1995", entendu comme témoin dans cette affaire. Le site explique que les confidences du médecin ont été recueillies après qu'un conflit est apparu entre lui et Ziad Takieddine.

"MODALITÉS FIN CAMPAGNE NS RÉGLÉES"

Voici ce que contiendrait cette note de synthèse, où chaque personnage est, selon le site, signalé par des initiales : NS (Nicolas Sarkozy), BH (Brice Hortefeux), ZT (Ziad Takieddine).

MEMO DG

SUISSE

20.12.2006

CAMP07

MODALITES FIN CAMPAGNE NS REGLEES LORS DE LA VISITE LIBYE NS + BH 06.10.2005

PLUSIEURS ENTRETIENS PREALABLES ENTRE ZT ET SAIF AL ISLAM

ZT CHARGE DU MONTAGE

ZT INTERV CONTRATS COMM SEC ARMEES ET CARTES ID A PUCES

FIN LIB 50 ME

MONTAGE INCLUT SOC BH PAN + BANQUE SUISSE (ND) FIN CAMPAGNE TOTALEMENT REGLE

Selon Mediapart, ces notes accréditent l'idée que "Ziad Takieddine, organisateur en 2005 des visites du ministre de l'intérieur et de ses proches en Libye, puis en 2007 du président élu, aurait mis en place les 'modalités de financement' de sa campagne présidentielle par le régime de Kadhafi, en lien avec Brice Hortefeux, alors ministre des collectivités locales". "Selon la note, le financement libyen prévu s'élevait au total à 50 millions d'euros", précise le site.

SAÏF AL-ISLAM EN MARS 2011 : "NOUS SOMMES PRÊTS À TOUT RÉVÉLER"

En mars 2011, à la veille de l'intervention de l'OTAN en Libye, dans un entretien à la chaîne Euronews, Saïf Al-Islam avait menacé Nicolas Sarkozy de révélations fracassantes sur le financement de sa campagne de 2007 : "Il faut que Sarkozy rende l'argent qu'il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale. C'est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler."

Pourtant, il n'avait finalement pas mis ses menaces à exécution.

Contacté par Le Monde.fr, L'Elysée avait alors réagi : "On dément, bien évidemment."

Le Monde.fr

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