19 janvier, 2012

Talonné par Le Pen, Sarkozy promet d'agir jusqu'au bout

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a affiché jeudi sa volonté de réformer "jusqu'à la dernière minute" tandis que son principal concurrent dans la course à l'Elysée, le socialiste François Hollande, entrait dans la bataille des programmes en prônant la suppression d'Hadopi.

Talonné dans un sondage Ifop par Marine Le Pen (23% contre 21%), le président sortant a profité de ses voeux au monde économique, à Lyon, pour vanter son bilan et se dépeindre sous les traits d'un chef de l'Etat "pragmatique, ouvert", apte à "décider très rapidement", comme un contrepoint à l'"indécision" reprochée par l'UMP à François Hollande.

Le candidat socialiste, en déplacement à Nantes, a battu en brèche le volontarisme économique du chef de l'Etat en jugeant "très faibles" les avancées du sommet social de la veille, où 430 millions d'euros ont été dévolus à l'emploi.

C'est dans le creuset de la culture que l'élu corrézien a voulu trouver jeudi des ressources d'avenir contre le chômage.

Il s'est engagé à "sanctuariser" le budget consacré à la culture, facteur "d'activité, de richesse, d'emplois", sans avancer de propositions chiffrées.

Il propose de supprimer la Haute autorité de lutte contre le téléchargement illégal (Hadopi), création de Nicolas Sarkozy, pour la remplacer par une loi de financement de la création par les acteurs de l'économie numérique.

François Hollande doit dévoiler une partie de ses mesures lors d'un premier grand meeting dimanche au Bourget, près de Paris.

A la majorité, qui n'a de cesse de dénoncer le "flou" du projet socialiste et la "cacophonie" du PS, l'ancien Premier ministre Laurent Fabius a répondu sur Europe 1 que le programme serait "très ambitieux, très volontariste".

Ségolène Royal, candidate socialiste à la présidentielle de 2007, en a donné un avant-goût sur RMC Info et BFM TV en précisant que François Hollande confirmerait notamment son intention d'annuler "la suppression de 12.000 postes la rentrée prochaine" dans l'Education.

"PASSER EN MODE BLINDÉ"

L'Education reste un sujet de friction au PS où, malgré les "sévères" remontrances de François Hollande à l'aile gauche du parti, les critiques et les interrogations demeurent sur la promesse du candidat de créer 60.000 postes en cinq ans à "périmètre constant de la fonction publique d'Etat".

Le député Henri Emmanuelli, qui s'inquiète d'une politique de redéploiements au détriment d'autres services publics, revient à la charge jeudi dans Le Monde en soulignant que "la campagne ne peut se réduire à une course à l'austérité entre droite et gauche".

Nouveau couac et nouvelle mise au point de François Hollande, qui a réaffirmé à Nantes qu'il ne "tolèrer(ait) aucun écart de langage". "Aujourd'hui, il y a un but qui doit être celui de tous, gagner, permettre le changement", a-t-il dit.

"Ce qui compte, c'est de prendre le même train et d'aller là où nous voulons aller", a souligné le candidat socialiste, cette fois-ci à l'adresse d'Eva Joly, qu'il a croisée sur un quai de la gare de Nantes où elle faisait également campagne.

Interrogée sur les faibles intentions de vote en sa faveur (autour de 3%), au point de faire douter une partie de son camp de la pertinence de sa candidature, la candidate écologiste a exclu de dévier de sa route cahotante.

"Tout mon travail est de faire de la pédagogie pour faire comprendre que c'est par la révolution écologique que l'on trouvera des emplois", a-t-elle dit.

Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, a suggéré jeudi à l'ex-magistrate de "passer en mode blindé". "Nous avons le devoir de protéger notre candidate et de faire corps avec elle", a-t-elle déclaré à Bègles (Gironde).

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, qui se disputent les voix de l'électorat ouvrier, sont eux passés en mode offensif.

Traitée mercredi de "semi-démente" par le candidat du Front de gauche lors d'un meeting à Metz, la candidate du Front national a estimé sur i>Télé que Jean-Luc Mélenchon, "presque un petit garçon" hors caméra, avait perdu "ses nerfs".

Dans une interview à paraître dans Le Figaro Magazine, François Bayrou, pour l'heure "quatrième homme" des sondages, assure que les Français savent "au fond d'eux-mêmes" que "les 'solutions' que portent les extrêmes (...) seraient terribles pour la France". Le candidat centriste tenait jeudi soir son premier meeting à Dunkerque (Nord).

Sophie Louet, édité par Yves Clarisse

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