19 janvier, 2012

Le gouvernement ironise sur la proposition de Hollande concernant les prix de l'essence

Pour Frédéric Lefebvre, la TIPP flottante est une "solution du passé qui a échoué".

La proposition de François Hollande de bloquer les prix de l'essence et de relancer la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) flottante a été rejetée jeudi par le gouvernement et les industriels du pétrole, et accueillie avec circonspection par les associations de consommateurs. Pour le secrétaire d'État au Commerce et à la Consommation Frédéric Lefebvre, la TIPP flottante est une "solution du passé qui a échoué. Cette mesure a été abandonnée, car elle est coûteuse pour les finances publiques et inefficace pour les consommateurs."

"Le renforcement de la transparence et de la concurrence est le seul levier pour faire baisser les prix", alors que la TIPP flottante "a coûté plus de 2,7 milliards d'euros", a déclaré Frédéric Lefebvre à l'AFP. Le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, s'est dit jeudi favorable à un "blocage temporaire du prix de l'essence" s'il était élu, ainsi qu'à un "rétablissement de la TIPP flottante", la taxe intérieure sur les produits pétroliers instaurée par le gouvernement Jospin.

"Baisser la TIPP" (Hollande)

En vigueur de 2000 à 2002, la TIPP flottante variait en sens inverse des cours du pétrole brut, pour compenser l'effet de leur augmentation sur les prix à la pompe. Frédéric Lefebvre a rappelé avoir lancé avant Noël une nouvelle version du site prix-carburants.gouv.fr, pour permettre aux consommateurs de comparer les prix à l'intérieur d'une même commune ou d'un même département.

"Le site permet à l'internaute d'observer des différences de 10 à 15 centimes d'euros pour une même commune ou un même département, pour un carburant donné, à comparer aux 1 à 2 centimes qui résulterait de la proposition de François Hollande", souligne-t-il. Le secrétaire national de l'UMP Olivier Carré a estimé pour sa part que François Hollande ferait mieux de "demander aux régions", presque toutes dirigées par la gauche, de "baisser la TIPP". Depuis 2007, les régions ont le pouvoir de majorer cette taxe sur les carburants achetés sur leur territoire.

"Cautère sur une jambe de bois"

Pour Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), un blocage du prix de l'essence est "impossible, car le marché du pétrole brut est un marché mondial", à moins de "subventions, pour que l'État compense la différence entre le prix mondial et le prix en France." Quant à la TIPP flottante, "ce n'est pas une mauvaise idée, mais elle est extraordinairement difficile à mettre en place", estime Jean-Louis Schilansky, d'autant que "quand le prix baisse, le gouvernement est dans l'impossibilité (politique, NDLR) d'augmenter les taxes".

Côté consommateurs, Thierry Saniez, délégué général de la CLCV, rappelle que l'association propose déjà "un plafonnement du prix de l'essence en modulant les taxes, comme avec la TIPP flottante", tout en soulignant ne pas vouloir prendre parti pour un candidat en particulier. "L'essence est une dépense contrainte, on ne peut donc pas la laisser filer. Or, les deux tiers du prix sont conditionnés par des décisions de l'État français ou des acteurs économiques français", souligne M. Saniez.

Pour Alain Bazot, président de l'UFC Que Choisir, un blocage des prix serait "un cautère sur une jambe de bois". "Cette mesure ne s'attaque pas à la racine du mal, qui est le déficit concurrentiel en amont dans la filière des carburants. Les surprofits dégagés sont répercutés sur les prix à la pompe", estime M. Bazot.

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