14 janvier, 2012

Affaire Carla Bruni : suite et non fin...

L’enquête publiée par Marianne sur les activités philanthropiques de Carla Bruni-Sarkozy a suscité de nombreuses réactions. Malgré les démentis de l’intéressée et du Fonds mondial de lutte contre le sida, Marianne persiste et signe, preuves à l’appui. Retrouvez l'article publié dans Marianne en intégralité, précédé d'une note de l'auteur.



(Dessin de Louison)
(Dessin de Louison)
Après avoir rendu public un communiqué, Carla Bruni-Sarkozy est revenue jeudi soir dans Soir 3 sur l’affaire :
« Je crois qu’il y a cette campagne présidentielle et cet article a plus de rapport avec ça. L’article contient d’ailleurs pleins d’erreurs, pleins d’amalgames. Et ça me permet de dire au passage que je suis très fière du travail de ma fondation (…). Tout est transparent dans ce que nous faisons ».

Comme les lecteurs pourront le constater par eux-mêmes, l’essentiel des informations de notre enquête ne sont, en fait, pas démenties. Les réponses de Carla Bruni-Sarkozy sont de pure forme et hors-sujet (elle parle de la Fondation alors que nous avons déjà dit que l’argent ne transitait pas par celle-ci). Concernant le Fonds mondial, la première dame de France confirme en fait les informations de Marianne.
A notre demande, le Fonds vient d’ailleurs de rendre publics les comptes détaillés de l’opération Born Hiv Free pour 2,8 millions de dollars — Marianne parlait de 3,5 — qui attestent clairement de versements de près de 580.000 euros à une société au moins de l’ami de Carla Bruni, M. Julien Civange.

Dans son édition papier de cette semaine, datée samedi 14 janvier, Marianne revient sur ce dossier en détails. Notre hebdomadaire confirme les principaux éléments de cette enquête et pose des questions à la première dame de France et au Fonds mondial de lutte contre le sida.
Des précisions et confirmations sont apportées, ce en trois partie :
1. Ce que nous savons et qui est confirmé.
2. Ce qui a été démenti et nos nouvelles informations.
3. Ce que nous aimerions savoir.


Frédéric Martel

> Un nouveau dossier à lire dans l’édition papier de Marianne à paraître ce samedi 14 janvier.

> Parallèlement à ce nouvel article, nos lecteurs peuvent lire ci-dessous l’intégralité de l’enquête de Frédéric Martel, telle qu’elle a été initialement publiée dans l'édition papier de Marianne.

« Enquête sur la philanthrope Carla Bruni-Sarkozy »


Avec sa fondation contre l’illettrisme et comme ambassadrice des Nations Unies contre le sida, Carla Bruni-Sarkozy s’est choisi un rôle de première dame philanthrope. Mais, deux ans après sa création, sa fondation est dans l’impasse. Ses actions concrètes contre le sida sont rares. Pis, Marianne révèle que Carla Bruni-Sarkozy se retrouve au cœur d’un imbroglio financier susceptible de gêner l’Elysée. Un ambassadeur français vient même d’être débarqué.

Affaire Carla Bruni : suite et non fin...
Déjeuner avec Laura Bush au Metropolitan Museum de New York : l’idée paraissait saugrenue. En septembre 2008, Carla Bruni- Sarkozy s’offre pourtant ce petit plaisir entre First Ladies – les « premières dames » de France et des Etats-Unis déjeunent à la même table dans le salon luxueux du musée d’art pendant que leurs époux sont aux Nations unies. Elles parlent philanthropie.

L’ancienne bibliothécaire Laura Bush, qui a créé depuis longtemps sa fondation pour la lutte contre l’illettrisme, lui explique le rôle officiel d’une First Lady aux Etats-Unis : un véritable statut doté de personnels et de moyens. Carla Bruni-Sarkozy est « emballée ». « C’est ce jour-là, confie un de ses amis, que l’idée de lancer sa propre fondation contre l’illettrisme s’est concrétisée. Grâce à Laura Bush. »

La philanthropie, donc. Depuis 2008, la première dame de France est devenue dame patronnesse. Si Claude Pompidou s’était intéressée aux beaux-arts, Anne Aymone Giscard d’Estaing, aux enfants en difficulté, si Danielle Mitterrand s’est tournée vers l’international et Bernadette Chirac s’est fait un nom avec l’opération Pièces jaunes, Carla Bruni- Sarkozy a de plus grandes ambitions. Elle s’imagine à la tête d’une vaste fondation. Elle ne veut pas de « bla-bla », dit-elle, mais « des actes ». Le 23 avril 2009, c’est chose faite : elle lance officiellement la Fondation Carla Bruni-Sarkozy.

Affaire Carla Bruni : suite et non fin...
Par souci de transparence financière et de rigueur juridique, la Fondation Carla Bruni-Sarkozy est placée, dès le départ, sous l’égide de la Fondation de France et y est même domiciliée. Carla Bruni aurait pu choisir de créer une fondation reconnue d’utilité publique, mais cela aurait supposé un décret du Conseil d’Etat et une vérification étroite de ses comptes. Du coup, la fondation n’a étrangement aucune personnalité morale : ni conseil d’administration, ni comptabilité propre. Tout passe par la Fondation de France. « J’y vois la volonté de rester caché », commente, lapidaire, un membre du Conseil d’Etat. Qui s’interroge, comme beaucoup : Qui recrute les salariés ? D’où viennent les fonds et à quels projets sont-ils affectés ?

La fondation dispose bien de locaux, rue La Boétie, à Paris, mais elle est de fait pilotée depuis l’Elysée. A-t-elle des salariés ? « Je n’ai pas d’équipe, j’utilise celle de mon mari, qui est formidable », a affirmé — pour le moins imprudente — Carla Bruni en 2008. « Aujourd’hui, les salariés sont au nombre de trois », nous confirme Cléa Martinet, la secrétaire générale de la fondation.

En septembre 2009, la fondation commence véritablement à fonctionner. « Je débute dans le métier », se justifie alors Carla Bruni dans Paris Match, pour expliquer ses premiers tâtonnements. Finalement, elle se lance. Sa vocation philanthropique va s’orienter selon deux axes : la culture et la lutte contre l’illettrisme, avec sa fondation, et la mobilisation contre le sida, tout particulièrement la transmission du VIH de la mère à l’enfant, en tant qu’ambassadrice des Nations unies. Carla Bruni s’engage même à ce qu’il n’y ait « plus aucun enfant porteur du VIH à la naissance d’ici à 2015 à travers le monde ».

Carla Bruni, ambassadrice contre le sida

« Mandela, Obama, Carla Bruni, ces voix portent et nous aident à lutter contre le sida », explique Michel Sidibé, sous-secrétaire général des Nations unies et directeur d’Onusida. Dans son bureau, à Genève, ce Malien très respecté nous décrit son combat quotidien contre la pandémie.

Derrière lui, une immense photo du désert de Namibie – une image de ce que pourraient devenir certains pays d’Afrique si l’épidémie de sida continue. Car, aujourd’hui, 34 millions de personnes vivent avec le VIH à travers le monde, et, chaque année, près de 2 millions de personnes meurent du sida, massivement en Afrique subsaha- rienne. Pourtant, grâce à Onusida et à une incroyable mobilisation internationale et locale, le nombre de décès et de contaminations diminue. La méthode : un accès massif aux polythérapies antivirales, à la distribution de préservatifs, à la circoncision prophylactique et à l’éducation des mères séropositives.

Contrairement à l’illettrisme, où son engagement semble de circonstance, Carla Bruni s’est mobilisée contre le sida avec beaucoup de sincérité. « Je ne m’engage pas par hasard aujourd’hui. Ce que je fais est le prolongement de quelque chose que j’ai déjà fait avec ma famille », déclare-t-elle. Et, avec tact, elle dévoile que son frère aîné, Virginio, est mort du sida. « J’ai moi-même perdu l’amour de ma vie à cause de cette maladie. »

Le 1er décembre 2008, Carla Bruni est officiellement nommée ambassadrice de la protection de la mère et de l’enfant contre le sida par les Nations unies. Elle est notamment mandatée par le Fonds mondial contre le sida, une banque créée à l’initiative de la France, Jacques Chirac ayant dénoncé, pour en justifier la création en 2002, que « les médicaments sont au Nord et les malades, au Sud ». Le directeur exécutif du Fonds mondial, le Français Michel Kazatchkine, précise que « si Washington verse environ 1 milliard chaque année, Paris est le second contributeur du fonds avec 360 millions d’euros par an ».

« Kaza », comme on le surnomme souvent, est un scientifique respecté devenu le porte-parole de la lutte contre le sida sur cinq continents. « C’est un formidable VRP de la cause », commente sans ironie un de ses amis médecins. On retrouve d’ailleurs côte à côte « Kaza » et Carla Bruni au Burkina Faso, au Bénin, en Inde ou encore à New York. Ils portent le petit ruban rouge.

Affaire Carla Bruni : suite et non fin...

Au Fonds mondial contre le sida : le scandale de trop

Le succès des programmes globaux antisida financés par Onusida et le Fonds mondial font l’unanimité. « Il y a aujourd’hui 7 millions de personnes sous traitement dans les pays en développement ; la moitié le sont grâce au Fonds mondial qui a sauvé plusieurs millions de vies humaines », nous précise Kazatchkine.

En revanche, comme souvent pour l’aide humanitaire, surtout en Afrique, des risques de corruption existent. Ori- ginal dans son organisation, le fonds a privilégié dès le début les partenariats et une bureaucratie légère pour diminuer ses frais de gestion. Or, dès 2007, des soupçons d’« évaporation » de subventions ont été évoqués dans certains ministères de la santé locaux, par exemple en Ouganda ou en Indonésie.

Mais c’est en 2011 que la situation devient critique : des fraudes de plus grande ampleur sont mises au jour au sein du Fonds mondial. Près de 34 millions de dollars de subventions ont été siphonnés dans quatre pays : Zambie, Mali, Mauritanie et Djibouti.

A Genève, en mai 2011, le conseil d’administration du Fonds mondial se saisit enfin du problème et déclenche un audit indépendant. Tous les comptes sont passés au peigne fin. Le rapport final est accablant. « L’ampleur des pro- blèmes rencontrés dans le portefeuille de subventions » est telle qu’une réforme complète de la gouvernance du Fonds mondial est décidée. Mais le pire est encore à venir.

L'Elysée en première ligne

Affaire Carla Bruni : suite et non fin...
Quelques semaines plus tard, en novembre 2011, lors d’un important conseil d’administration du Fonds mondial à Accra (Ghana), le président du board, Simon Bland, un diplomate anglais de haut niveau, révèle à huis clos les résultats d’un nouvel audit confié à un cabinet de conseil anglais, ainsi que des documents confidentiels transmis par un ancien directeur financier du fonds. C’est la stupéfaction.

Au-delà des subventions détournées en Afrique, fréquentes sur un continent où les intermédiaires fiables sont rares, il apparaît que des sommes conséquentes ont été également versées en France par le Fonds mondial en faveur des activités philanthropiques de Carla Bruni-Sarkozy et de plusieurs agences appartenant à l’un de ses amis proches. Ces contrats, attribués au mépris des procédures normales du Fonds mondial et sans appel d’offres, se montent à 3,5 millions de dollars (2,7 millions d’euros).

L’intermédiaire principal des opérations s’appelle Julien Civange. C’est un artiste et un « protégé » de Carla Bruni, qui dispose d’un bureau à l’Elysée et qui collabore à sa fondation. Son agence personnelle, Mars Browser, a servi de relais, tout comme, probablement, son autre agence, RH et Cie, qui gère la marque Born HIV Free. Il semble passer de l’Elysée à la Fondation Carla-Bruni-Sarkozy, et de la fondation à ses propres sociétés sans états d’âme.
Comment de tels financements à l’entourage de Carla Bruni-Sarkozy ont- ils pu être autorisés de manière discrétionnaire par Michel Kazatchkine qui dirige le fonds ? Toutes les hypothèses existent, de l’acte purement amical, compte tenu de sa grande proximité avec Carla Bruni et le président Sarkozy, jusqu’à l’existence de pressions de l’Elysée, la France étant le deuxième plus important donateur du Fonds mondial.

Interrogé par Marianne, Michel Kazatchkine confirme : « Carla Bruni m’a personnellement dit qu’elle avait totalement confiance en Julien Civange auquel elle avait délégué le dossier du sida. Elle m’a demandé de passer par lui pour tout ce qui concernait le sida ; c’est avec lui, et à sa demande, que j’ai traité. On a donc signé les différents contrats que Civange m’a apportés pour le site de la fondation de Carla Bruni, pour des agences de communication dont Mars Browsers, ou pour différentes opérations, dont le projet Born HIV Free. »

En revanche, Michel Kazatchkine affirme que, s’il n’a pas prévenu le conseil d’administration, il a néanmoins tenu informé le comité financier de ces subventions qu’il considère comme « légales et transparentes, à part deux appels d’offres effectivement non conformes avec Julien Civange ». Il nous dit aussi ne pas connaître les méandres des montages financiers complexes par lesquels l’argent du Fonds mondial passait pour servir l’image ou la communication de la première dame de France.

La France démissionne son ambassadeur

(© Nicolas Chauveau - sipa)
(© Nicolas Chauveau - sipa)
Devant l’énormité de l’affaire, plusieurs membres du conseil d’administration du Fonds mondial réclament tout de suite la démission de Michel Kazatchkine. Les Américains en particulier, représentés à Accra par deux proches conseillers d’Hillary Clinton, font du départ de Kazatchkine une précondition aux futurs versements de la contribution américaine. Présent également à Accra, le représentant de la France, l’ambassadeur Patrice Debré, un immunologue réputé (cousin de Bernard et de Jean-Louis Debré), découvre lui aussi l’affaire. Il est éberlué. Il alerte Alain Juppé et la présidence de la République. Prévenu du risque de scandale, Nicolas Sarkozy n’a pas l’intention de lâcher son ami « Kaza ».

Si le scandale international éclate, c’est le drame pour Carla Bruni et, par ricochet, pour le président. Voici donc Jean-David Levitte, le conseiller diplomatique de Sarkozy, appuyé par l’un des collaborateurs les plus sûrs d’Alain Juppé, qui s’activent. Ils réussissent à négocier, directement avec l’administration Obama à Washington, une solution qui permette de préserver les apparences. Un general manager sera nommé, sorte d’administrateur provisoire dépendant directement du board, et reprenant de fait les principales fonctions exécutives de Michel Kazatchkine. Lequel, en contrepartie, serait maintenu pour la forme, plus ou moins placardisé, si possible jusqu’au prochain conseil d’administration prévu les 10 et 11 mai 2012 à Genève. Juste après le second tour de la présidentielle.

Parallèlement, l’ambassadeur Patrice Debré est brutalement démissionné par l’Elysée mi-décembre 2011 et remplacé au conseil d’administration du Fonds mondial par une diplomate française chevronnée, Mireille Guigaz. Enfin, l’Elysée fait interrompre tout lien financier entre Carla Bruni et le Fonds mondial (le contrat Born HIV Free est stoppé comme le contrat pour le site personnel de Carla Bruni-Sarkozy). Nicolas Sarkozy lui-même demande à sa femme de mettre en veilleuse sa fonction d’ambassadrice de la lutte contre le sida.

Un membre anglais du Fonds mondial, interrogé à Genève, commente : « Ce qu’il y a de grave dans cette affaire, c’est que la France, le président Sarkozy, Carla Bruni-Sarkozy et Michel Kazatchkine étaient à la fois juges et parties. La France est le deuxième principal bailleur du Fonds mondial, Carla Bruni en est l’ambassadrice, “Kaza” le dirige et cela sert à financer la communication de la première dame ! C’est un mélange des genres déjà très critiquable. Si, en plus, la procédure d’attri- bution n’est ni transparente ni conforme, c’est un vrai scandale. Après la chute de Dominique Strauss-Kahn, la démission d’un second Français à la tête d’une importante organisation internationale pourrait un peu plus ternir l’image de la France. »

Une coquille vide

Affaire Carla Bruni : suite et non fin...
Deux années et demie après sa création, le bilan de la Fondation Carla-Bruni- Sarkozy contre l’illettrisme est aussi léger que son articulation avec la présidence de la République est opaque. Carla Bruni semble s’y être en fait peu intéressée, même avant sa maternité. Côté financement, Carla Bruni n’a guère su mobiliser les donateurs en dépit de ses promesses (à part quelques millionnaires individuels et entreprises captives, dont les dirigeants sont des
proches du président Sarkozy, comme LVMH, Lagardère ou Madame Figaro).

Quant aux actions menées, les témoins et les associations interrogés sont au mieux dubitatifs, au pis, ulcérés. « Pour moi, ils ne font rien. Aucun projet n’a abouti depuis trois ans. C’est de la peopolisation », confirme l’un des meilleurs spécialistes de l’illettrisme en France. Quant à l’ambassadrice de la lutte contre le sida, son bilan est plus critique encore : le mélange des genres et l’opacité des financements du Fonds mondial discréditent de toute façon son action. Chaque année, Michelle Obama rend publics les comptes de ses activités au dollar près, et un ouvrage bilan est édité (Report To The First Lady). On est loin de cette transparence en France.

Aujourd’hui, la Fondation Carla Bruni-Sarkozy a revu ses objectifs à la baisse. La première dame préfère s’occuper maintenant des pupilles orphelins des sapeurs- pompiers et du sapin de Noël de l’Elysée. Au lieu de ses programmes, elle parle de ses « microprojets ». Et sur Europe 1, le 1er décembre dernier, elle a lâché : « Je cherche des sous. » Dit autrement : la fondation est dans l’impasse. Avant même la déflagration annoncée des financements problématiques du Fonds mondial contre le sida, la philanthropie de Carla Bruni- Sarkozy est déjà une coquille vide.

Affaire Carla Bruni : suite et non fin...
Au cœur du scandale qui touche actuellement le Fonds mondial de lutte contre le sida se trouve le programme Born HIV Free. Cette campagne a été lancée par la première dame de France et Michel Kazatchkine à Paris, en mai 2010. A l’Elysée, le coordinateur de cette opération s’appelle Julien Civange.

Musicien mondain, il fait partie des artistes qui gravitent autour de Carla Bruni depuis plusieurs années. Il fut le témoin de Carla lors de son mariage avec Nicolas Sarkozy en 2008. Animateur à l’âge de 10 ans de la radio libre Carbone 14, un temps à la tête d’un groupe rock, Civange s’est peu à peu spécialisé dans le show-biz humanitaire. En 1999, il courtise l’abbé Pierre et réussit à faire l’album anniversaire des 50 ans d’Emmaüs.

Plus mégalomane que mélomane, il connaît six ans plus tard son heure de gloire lorsque ses compositions sont embarquées à bord de la sonde Huygens à destination de Saturne. Depuis, il est retombé sur Terre et, devenu une sorte de Jean-Michel Jarre raté, il s’est mis à faire des musiques de films dont les scénarios tournent autour de la drogue, l’assassinat de policiers ou la sexualité débridée. D’où certaines imprudences.

Ainsi, des clips promotionnels de Born HIV Free, promus mondialement par Carla Bruni-Sarkozy et le Fonds mondial (les vidéos ont été vues plus de 20 millions de fois sur YouTube). Dans l’un de ses clips, Baby In The Sky, Julien Civange réutilise une chanson d’Amy Winehouse, décédée cet été d’overdose d’alcool, dont les paroles en français sont : « Il gardait sa bite trempée/J’aime la coke et moi, j’aime l’héroïne/Et la vie est comme une pipe »... Les millions de malades du sida, notamment ceux qui ont été contaminés par l’échange de seringues, apprécieront.

Il est étrange qu’avec un tel talent Julien Civange soit aujourd’hui chargé de mission à l’Elysée. Pourtant, ses activités tournent essentiellement autour de la première dame et de sa fondation, où il figure dans l’organigramme comme « responsable du programme d’éveil musical à vocation sociale ». C’est d’ailleurs lui qui a conçu le site Internet de la fondation, réalisé par l’agence Zeni et lancé en octobre 2009 : ce site élégant mais peu fonctionnel a été financé à la fois par la Fondation Carla-Bruni-Sarkozy, l’Elysée et le Fonds mondial contre le sida.

Il y a plus grave. Nous avons découvert, en effectuant des recherches auprès de l’Inpi, qui gère le dépôt des marques, que Born HIV Free est une marque appartenant à une société privée, RH et Cie। Cette SARL, fondée en août 2010, a pour gérant Julien Civange. Les comptes de la SARL n’étant pas publics, il n’est pas possible de savoir si elle a servi de relais pour la « subvention » du Fonds mondial aux opérations de Carla Bruni-Sarkozy. En revanche, Julien Civange dispose d’une seconde société, Mars Browsers, qui a bien reçu une partie des subventions du Fonds mondial (ce que Michel Kazatchkine confirme à Marianne).
http://www.marianne2.fr/

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