29 janvier, 2011

Les Egyptiens bravent le couvre-feu, nouvelles nominations au pouvoir

LE CAIRE (AFP)

AFP

Au Caire, des manifestants portent le corps d'un de leur camarade défunt enveloppé dans un drapeau egyptien, le 29 janvier 2011

Des dizaines de milliers d'Egyptiens ont bravé le couvre-feu samedi au cinquième jour de leur sanglante révolte sans précédent contre le régime du président Hosni Moubarak qui a nommé un vice-président, pour la première fois en 29 ans de règne, et a changé de Premier ministre.

Le mouvement de contestation populaire, entamé mardi et qui ne paraît pas s'essoufler, a fait au moins 102 morts, en majorité des civils, dont 33 samedi, et des milliers de blessés, selon des sources médicales.

En soirée et malgré le couvre-feu, des milliers de personnes s'étaient massées dans les rues du Caire et dans d'autres villes du pays après une journée marquée par des heurts meurtriers entre manifestants et forces de sécurité qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles caoutchoutées.

Peu après minuit, un millier de manifestants occupaient toujours la place de la libération, dans le centre de la capitale, où des graffitis "Non à Moubarak !" et "La chute de Moubarak !" étaient tracés sur un char, selon des journalistes de l'AFP.

AFP/archives

Omar Souleimane le 28 octobre 2010 à Ramallah

L'armée appelée en renfort a, de son côté, appelé la population à se protéger des pillages. Des comités de quartier, dont les membres sont armés de gourdins et de barres de fer, se sont constitués pour protéger la population des pillards dévalisant les commerces, vandalisant les maisons et semant la terreur.

L'opposant le plus en vue, l'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique et prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, jugeant insuffisantes les nouvelles nominations, a de nouveau appelé M. Moubarak à partir "sans délai pour le bien de l'Egypte".

La communauté internationale a multiplié les appels aux réformes et à l'arrêt des violences, cependant que M. Moubarak, 82 ans, dont l'avenir semblait sombre, donne l'impression de vouloir s'accrocher au pouvoir.

Le président américain Barack Obama a de nouveau exhorté le régime de M. Moubarak, qui est le principal allié des Etats-Unis dans le monde arabe, à mettre en oeuvre des réformes et à faire preuve de retenue.

Dans une déclaration commune, les dirigeants de France, d'Allemagne et de Grande-Bretagne ont appelé le régime à "engager un processus de changement" face aux revendications de son peuple et à éviter "l'usage de la violence".

Ces appels sont intervenus après la nomination d'un des proches de M. Moubarak, le chef des Renseignements Omar Souleimane, aux fonctions de vice-président, premier poste du genre depuis son arrivée au pouvoir en 1981, et celle du ministre de l'Aviation, le général Ahmad Chafic, à la tête du gouvernement.

M. Chafic est apprécié par l'élite et l'opposition et des analystes avaient évoqué son nom pour éventuellement succéder, en cas de vacance du pouvoir, à M. Moubarak qui a dirigé l'Egypte d'une main de fer en maintenant l'état d'urgence depuis 29 ans.

Les annonces de M. Moubarak, apparaissant en deçà des revendications de la population pour de meilleures conditions de vie -lutte contre le chômage et la pauvreté et pour la liberté d'expression-, n'ont pas entamé la détermination de la rue à le chasser.

AFP

Manifestants au Caire, le 29 janvier 2011

L'armée, épine dorsale du régime, présente avec ses blindés pour donner main forte à une police dépassée, a enjoint la population de respecter le couvre-feu instauré au Caire, à Alexandrie et à Suez, de 14H00 à 06H00 GMT, jusqu'à nouvel ordre.

Aux cris de "Moubarak va-t-en !" ou "Celui qui aime l'Egypte ne détruit pas l'Egypte !", des dizaines de milliers de manifestants, déchirant ses portraits et conspuant le nom du président, se sont rassemblés dans l'après-midi dans le coeur de la capitale malgré l'entrée en vigueur du couvre-feu.

"Ni Moubarak, ni Souleimane !", a réagi la foule.

Pour Oussama, l'un des manifestants, "Souleimane est l'homme de Moubarak et cela ne reflète pas un signe de changement".

Samedi, au moins 23 personnes ont été tuées dans les différentes villes. Vendredi, la journée a été, avec 62 morts, la plus sanglante depuis le début de la contestation inspirée par la révolte ayant chassé Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir à Tunis.

A Rafah et à Ismaïliya, sur le canal de Suez, les sièges de la Sûreté de l'Etat ont été attaqués par des milliers de manifestants, et à Alexandrie (nord) plusieurs commissariats ont été incendiés. A Mansoura, sur le Delta du Nil, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des milliers de manifestants, et l'armée s'est déployée en soirée.

Selon les services de sécurité, 60% des postes de police du pays ont été incendiés, dont 17 au Caire.

Dans des quartiers aisés de la capitale, objet de pillages, des expatriés ont commencé à partir craignant pour leur sécurité, soit pour l'aéroport, soit pour trouver refuge dans de grands hôtels bien protégés.

En outre, les services de téléphonie mobile, coupés pour contrecarrer les manifestations, étaient partiellement rétablis. Mais l'Internet n'était toujours pas accessible.

Seule note positive pour M. Moubarak, la "solidarité" exprimée par les dirigeants saoudien et palestinien.

Face à l'escalade, la Bourse du Caire restera fermée dimanche, ainsi que les banques.

Tunisie: retour au calme à Tunis, le nouveau gouvernement au travail

TUNIS (AFP)

AFP/archives

Le premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi le 1è janvier 2011 à Tunis

Très contesté pendant une semaine par des centaines de manifestants qui réclamaient son départ jusqu'à leur dispersion vendredi par la force, le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi a fixé le cap de sa nouvelle équipe: transition démocratique et relance économique.

"Les deux défis essentiels qui se dressent devant la Tunisie sont la transition démocratique et la relance de l'activité économique", a déclaré vendredi soir dans une interview télévisée Mohammed Ghannouchi, après avoir survécu à une semaine de manifestations contre son équipe.

Depuis Davos (Suisse), des responsables tunisiens ont d'ailleurs martelé ce message samedi: investisseurs et touristes sont invités à revenir en Tunisie, la situation économique est "sous contrôle".

Lors d'une conférence de presse, Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale, Yassine Brahim, ministre des Infrastructures et des Transports, et Sami Zaoui, ministre des Technologies de l'information, ont expliqué que leur présence au Forum économique mondial (Wef) visait à faire "passer le message".

Concernant la délicate transition en cours, Mohammed Ghannouchi a expliqué sur la télévision privée Nesma que les concertations sur le gouvernement provisoire annoncé jeudi ont impliqué "toutes les parties, qu'il s'agisse de partis politiques, société civile, sensibilités politiques, compétences ou universitaires".

AFP

Un manifestant évacué par des policiers le 28 janvier 2011 à Tunis

La Tunisie, a-t-il concédé, n'a pas "une riche expérience en matière de transition démocratique (mais) elle est dans l'obligation de relever ce défi politique", avec en ligne de mire des élections.

Le pays a toutefois "tous les moyens nécessaires pour réussir cette transition démocratique qui permettra à tous les Tunisiens, toutes appartenances politiques confondues, de s'exprimer en toute liberté et de choisir leur dirigeant après cette phase transitoire", a encore indiqué celui qui fut le Premier ministre pendant onze ans - et jusqu'à sa chute - le 14 janvier du président Ben Ali.

Après les violents heurts de la veille, au cours desquelles les centaines de manifestants qui réclamaient quotidiennement le départ de M. Ghannouchi et celui des caciques du régime Ben Ali ont été dispersés sans ménagement, le calme était revenu samedi à Tunis.

La police a seulement tiré quelques grenades lacrymogènes pour disperser quelques jeunes qui s'en prenaient à des magasins en fin de journée.

Depuis vendredi l'esplanade de la Kasbah est totalement bouclée par des militaires, a constaté l'AFP.

Le centre-ville, notamment l'avenue Habib Bourguiba, avait repris un aspect normal, même si des groupes de manifestants continuaient ça et là de donner de la voix.

Des centaines de femmes ont ainsi défilé pour dire leur détermination à défendre l'émancipation acquise depuis plus d'un demi-siècle, à la veille du retour dimanche en Tunisie du chef en exil du mouvement islamiste Ennahda, Rachid Ghannouchi.

Quelques dizaines de fonctionnaires du ministère des Affaires religieuses, ont de leur côté crié des slogans contre leur ministre (indépendant) Laroussi Mizouri.

Et samedi, des centaines de Tunisiens ont abandonné l'espace d'un concert les manifestations-happening quotidiennes pour écouter Hamada Ben Amor, alias "El Général", "le" rappeur de la révolte tunisienne dont la chanson "Président, ton peuple est mort" a contribué à faire chuter le président Ben Ali le 14 janvier.

Les Egyptiens bravent le couvre-feu, nouvelles nominations au pouvoir

LE CAIRE (AFP)

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Des manifestants au Caire brandissent un écriteau exigeant le départ de Moubarak, le 29 janvier 2011 au Caire

Des dizaines de milliers d'Egyptiens ont bravé le couvre-feu samedi au 5e jour de leur révolte sanglante sans précédent contre le régime dont le président Hosni Moubarak, appelé à partir après 29 ans de règne, a nommé un vice-président et un nouveau Premier ministre.

L'opposant le plus en vue Mohamed ElBaradei a entretemps promis la poursuite de la contestation jusqu'au départ du président, alors que les Frères musulmans, principale force d'opposition, ont appelé à "un gouvernement de transition" sans le parti au pouvoir qui organise des élections "honnêtes".

La communauté internationale a multiplié les appels à des réformes, à la retenue et à l'arrêt des violences au cinquième jour d'un mouvement de contestation qui fait plus de 50 morts et des milliers de blessés et ne paraît pas s'essoufler.

AFP

Manifestants au Caire, le 29 janvier 2011

M. Moubarak, 82 ans, dont l'avenir semblait sombre, donne l'impression de vouloir s'accrocher au pouvoir en procédant à de nouvelles nominations après avoir promis la formation d'un nouveau gouvernement et des réformes.

Lors d'une réunion, il a nommé le chef des Renseignements Omar Souleimane vice-président, premier poste du genre depuis son arrivée au pouvoir en 1981, et a chargé le ministre de l'Aviation, le général Ahmad Chafic, de former le prochain gouvernement.

M. Chafic est appréciée au sein de l'élite et l'opposition et de nombreux analystes avaient évoqué son nom pour éventuellement succéder, en cas de vacance du pouvoir, à M. Moubarak qui a dirigé l'Egypte d'une main de fer en maintenant surtout l'état d'urgence depuis 29 ans.

Néanmoins les promesses de M. Moubarak, jugées en deçà des revendications de la population pour de meilleures conditions de vie -lutte contre le chômage et la pauvreté et la liberté d'expression-, n'ont pas entamé la détermination de la rue à le chasser.

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Des chars de l'armée place Tahrir, au centre du Caire, le 29 janvier 2011

L'armée, épine dorsale du régime, a été appelée en renfort d'une police dépassée par les événements, et le couvre-feu, instauré au Caire, à Alexandrie et à Suez, a été étendu samedi de 16H00 (14H00 GMT) à 08H00.

Présente avec ses blindés, elle a enjoint la population de respecter le couvre-feu.

Mais la population est restée sourde à ses appels.

Aux cris de "Moubarak va-t-en" ou "Celui qui aime l'Egypte ne détruit pas l'Egypte", des dizaines de milliers de manifestants, déchirant ses portraits et conspuant le nom du président, ont bravé le couvre-feu au centre du Caire.

A Rafah, le siège de la Sûreté de l'Etat a été attaqué et des heurts ont tué trois policiers, selon les témoins. A Ismaïliya, sur le canal de Suez, des heurts violents ont éclaté entre forces de sécurité et des milliers de manifestants et à Alexandrie (nord) des milliers de personnes ont manifesté alors que plusieurs commissariats étaient en flammes.

Selon les services de sécurité, 60% des postes de police du pays ont été incendiés, dont 17 au Caire.

Trois personnes ont été tuées et des dizaines blessées lors des heurts au Caire selon des secouristes, portant à 51, en majorité des civils, le nombre de morts en cinq jours de contestation inspirée par la révolte ayant chassé Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir à Tunis.

L'armée a en outre appelé la population à se protéger face aux pilleurs, de nombreux commerces ayant été saccagés.

"Il n'y a plus de police, les voleurs se sont échappés des prisons de quartier. Je n'ai jamais vu ça de ma vie", a dit un propriétaire d'une boutique de vêtements. Un supermarché Carrefour a été pillé.

Des jeunes Egyptiens ont formé une chaîne humaine autour du musée du Caire et des comités de quartier se constituaient pour tenter de protéger la capitale des pilleurs.

"Je continuerai à participer (à la contestation), peu importe ce que cela implique, pour m'assurer que le régime de Moubarak parte (...) C'est un régime dictatorial qui a échoué sur les fronts économiques et politiques", a dit M. El-Baradei, ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique et prix Nobel de la paix.

Les services de téléphonie mobile, coupés comme l'Internet pour contrecarrer les manifestations, étaient partiellement rétablis. Mais l'Internet ne semblait toujours pas accessible. Ces services ont joué un rôle-clé dans le lancement des manifestations.

Seule note positive pour M. Moubarak, la "solidarité" exprimée par le roi saoudien Abdallah et le président palestinien Mahmoud Abbas.

En revanche, le plus influent prêcheur du monde arabe, cheikh Youssef Al-Qardaoui, a affirmé que seul le départ de M. Moubarak pouvait régler la crise.

Face à l'escalade, la Bourse du Caire restera fermée dimanche ainsi que les banques.

EN DIRECT: le pouvoir de Moubarak ébranlé en Egypte

AFP

Des manifestants sur des chars le 29 janvier 2011 au Caire

18h09 - A Rome - Le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, assure que le nouveau gouvernement égyptien pourra compter sur de bonnes relations diplomatiques avec l'Italie.

18h06 - "Soulagés" - Des touristes Français arrivent du Caire "soulagés" à Roissy, pour certains avec plusieurs heures de retard. "On sent que là-bas la situation est tendue", explique Jacinthe Bonneau, qui a rendu visite à sa soeur expatriée au Caire.

18h04 - Soldats acclamés - "Le peuple, l'armée, nous sommes un seul bras", scandent les manifestants saluant les soldats circulant dans des chars d'assaut place Tahrir, au centre du Caire.

18h00 - Douille - "La police s'attaque au peuple, elle nous considère comme des ennemis", rage Ahmed, un manifestant costaud enivré de colère, montrant une douille de fusil tiré selon lui par la police sur des manifestants lors de affrontements devant le ministère de l'Intérieur dans le centre du Caire.

17h49 - Touristes russes - Rostourism, agence russe pour le tourisme, indique préparer un plan d'évacuation des touristes russes d'Egypte en cas de besoin.

17h34 - Rapatriement - Israël a rapatrié en avion spécial les familles de ses diplomates, ainsi qu'une quarantaine d'Israéliens qui séjournaient à titre privé au Caire, indique le ministère israélien des Affaires étrangères. L'ambassadeur reste à son poste.

17h34 - Manif à Londres - Quelques centaines de personnes réclament à Londres aux abords de l'ambassade d'Egypte le départ de Hosni Moubarak. Les manifestants forment deux groupes distincts, séparés par les forces de l'ordre, l'un constitué d'islamistes, l'autre se disant sans affiliation politique.

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Obsèques le 29 janvier 2011 au Caire d'un manifestant tué la veille lors des violences

17h25 - Enterrement - Dans le quartier de Bassatin, des proches, réunis autour du caveau familial, enterrent l'un des leurs, tué hier par une bombe lacrymogène lancée par la police. Son fils assure qu'il retournera manifester et rejoindra les dizaines de milliers de personnes qui bravent le couvre-feu au Caire. Les manifestations ont fait au moins 50 morts depuis mardi.

17h11 - Elèves - "Saddam était leur maître, et tous ces dictateurs ne sont que ses petits élèves", affirme Hussein Mohamed, un livreur irakien dans un quartier commerçant de Bagdad. "Si le régime égyptien tombe, tous les autres suivront dans le monde arabe car l'Egypte est le plus grand et le plus puissant pays de la région", prédit-il.

17h06 - Kadhafi téléphone - Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi s'est entretenu au téléphone avec Hosni Moubarak, "pour se rassurer sur la situation en Egypte", annonce l'agence libyenne Jana.

17h04 - NOUVEAU GOUVERNEMENT - Ahmad Chafic, ministre de l'Aviation, est chargé de former le gouvernement. C'est une personnalité généralement appréciée au sein de l'élite égyptienne, y compris de l'opposition. Son nom avait été évoqué pour éventuellement succéder au président Moubarak en cas de vacance du pouvoir.

16h50 - Appel de Berlin - Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle appelle "les responsables en Egypte et les forces de sécurité" à renoncer à la violence contre "les manifestations pacifiques", selon un communiqué de son ministère.

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Manifestation le 29 janvier 2011 au Caire

16h39 - Appel américain - Les Etats-Unis réitèrent leur appel à la "retenue" de "toutes les parties" en Egypte, déclare Philip Crowley, porte-parole de la diplomatie américaine. "Avec les manifestants encore dans les rues en Egypte, nous sommes inquiets des risques de violences ", affirme-t-il sur son compte Twitter.

16h36 - Dans le bon camp - Le MoDem demande au gouvernement français à être "cette fois dans le camp de ceux qui se battent pour la démocratie et contre l'arbitraite", contrairement à la révolution tunisienne.

16h27 - Appel de Moscou - Le ministère russe des Affaires étrangères appelle, dans un communiqué, les autorités égyptiennes à "garantir la paix civile" afin de pouvoir répondre "aux attentes de la population". Il s'agit du premier commentaire de la Russie au sujet de la situation politique en Egypte.

16H25 - UN VICE PRESIDENT - Le chef du Renseignement, Omar Souleimane, vient de prêter serment en tant que vice-président, premier poste du genre depuis que le président Hosni Moubarak a pris le pouvoir en 1981, rapportent les médias officiels.

16h21 - Aux Etats-Unis - Les organisations représentant la communauté arabe aux Etats-Unis appellent le président Barack Obama à soutenir le peuple égyptien "opprimé" et à demander le départ de Hosni Moubarak. Ces protestations sont l'indice d'un "vaste mécontentement populaire", estime ainsi la Société américano-égyptienne.

16h14 - Réunion importante - Le président Hosni Moubarak tient "une réunion politique importante" au siège de la présidence, au Caire, annonce la télévision d'Etat.

16h11 - Trois morts - Trois personnes ont été tuées et plusieurs dizaines blessées dans les manifestations de ce samedi au Caire, apprend-on auprès des secouristes sur place.

16h08 - Inquiétude en Israël - "Le plus inquiétant, c'est le climat d'incertitude qui règne dans le pays le plus influent du Proche-Orient", déclare à l'AFP un haut responsable israélien qui a requis l'anonymat.

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Des manifestants, au Caire, brandissent un drapeau égyptien sur lequel est inscrit en arabe "Moubarak dehors", le 29 janvier 2011.

16h06 - Fillon - "C'est le peuple égyptien qui décide" et "aucun pays ne peut prendre la place du peuple égyptien", déclare le Premier ministre français François Fillon. "Il faut que les violences s'arrêtent, personne ne peut accepter qu'il y ait des morts", ajoute-t-il. "Ce que nous disons simplement au gouvernement égyptien, c'est qu'il faut qu'il entende les revendications".

16h04 - Démission - Ahmad Ezz, haut responsable du parti au pouvoir en Egypte, largement perçu comme un pilier d'un régime corrompu, démissionne du Parti national démocrate, selon la télévision d'Etat.

16h02 - Liban - A Beyrouth, quelque 300 personnes, des étudiants pour la plupart, manifestent dans le calme devant l'ambassade d'Egypte, aux cris de "Liberté pour l'Egypte !" ou de "Moubarak va-t-en !".

16h00 - Musée protégé - Des jeunes Egyptiens forment une chaîne humaine autour du musée du Caire, qui abrite des trésors de l'antiquité, et des comités de quartier se constituent pour tenter de protéger la capitale des pilleurs.

15h58 - Couvre-feu ignoré - Plusieurs dizaines de milliers de manifestants sont rassemblés dans le centre du Caire, défiant un couvre-feu entré en vigueur à 16H00 (15H00 françaises).

15h55 - Prêche - Le plus influent prêcheur du monde arabe, cheikh Youssef Al-Qardaoui, affirme que seul le départ du président Hosni Moubarak pouvait régler la crise en Egypte, appelant le peuple à poursuivre son "soulèvement" pacifiquement, dans une déclaration à la chaîne Al-Jazira.

EN DIRECT - La promesse de réformes et d'un nouveau gouvernement ne calme pas les manifestants en Egypte, qui réclament le départ du président Hosni Moubarak, soumis à la pression d'une communauté internationale de plus en plus critique à son égard.

Déstabilisation de la Côte d’Ivoire : Les secrets de la rencontre Soro-Compaoré du 23 janvier

Les informations émanent de sources concordantes proches de la rébellion armée. Après le Mali où il a rencontré Amadou Toumani Touré pour le persuader à s’associer à une attaque armée contre la Côte d’Ivoire afin d’installer Alassane Dramane Ouattara au pouvoir par la force, le chef visible de la rébellion armée ivoirienne, Guillaume Soro, a été reçu, le dimanche 23 janvier dernier, dans l’après-midi, a-t-on appris, par Blaise Compaoré. L’objectif de cette rencontre était de faire le point de l’appui du Burkina Faso à la rébellion armée et d’exhorter Compaoré à s’engager résolument aux côtés des rebelles pour installer Ouattara au pouvoir par les armes. Le colonel-major Gilbert Diendéré et le colonel Zilba Sawadogo, de très proches collaborateurs du chef de l’Etat du Faso, auraient participé à ces échanges.



Déstabilisation de la Côte d’Ivoire : Les secrets de la rencontre Soro-Compaoré du 23 janvier
Concernant la phase pratique de l’attaque contre la Côte d’Ivoire, Guillaume Soro aurait confié à ses interlocuteurs qu’il est heureux d’avoir appris de l’ambassadeur de France au Burkina Faso, le général Emmanuel Beth (ancien patron de la Licorne), que c’est «l’attaque nocturne qui est préconisée». Ce d’autant que, pour les autorités françaises qui redoutent la mobilisation des jeunes patriotes, il serait impératif de faire l’opération tard dans la nuit, entre 2h et 5h du matin. Après quoi la radio RFI pourra, dès 6h livrer l’information relative au succès de l’opération.
Selon les sources, de nombreux proches du Président Laurent Gbagbo (des officiers supérieurs, des ministres, des élus etc.) pourraient être arrêtés et même liquidés durant cette opération nocturne. Soro aurait promis, au cours des échanges à Ouagadougou, d’établir la liste exhaustive des proches de Gbagbo concernés et de la livrer aux exécutants de l’opération sur le terrain.
Guillaume Soro et Blaise se seraient accordés sur le point qu’une fois le Président Gbagbo délogé du pouvoir, qu’il faudra pacifier le pays par une terreur inouïe pendant 3 mois afin que le pouvoir d’Alassane Ouattara soit imposé à tous les Ivoiriens.
Selon Soro, l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Jean-Marc Simon, a informé son homologue du Burkina Faso, le général Beth, que le Président Gbagbo envisageait de s’absenter d’Abidjan entre le 20 et le 24 décembre 2010. Ils se préparaient, avec l’appui de l’ONUCI, à occuper les positions stratégiques de la capitale économique ivoirienne en son absence afin d’empêcher Gbagbo de revenir. Malheureusement, cela n’a pu se faire.

Licorne fait du renseignement pour l’attaque

Guillaume Soro aurait assuré Compaoré que si le Président Gbagbo lève le blocus autour du Golf Hôtel, de nombreux officiers des FDS qu’il dit proches de la rébellion armée viendraient s’installer dans l’hôtel.
Interrogé sur la lenteur du déclenchement de l’opération à Abidjan, Soro aurait rétorqué que ses hommes attendent de contrôler les poudrières des casernes militaires de la capitale avant d’attaquer. Après avoir demandé au colonel-major Diendéré qu’il souhaiterait rencontrer le général français, Emmanuel Beth, Guillaume Soro aurait souhaité que l’opération nocturne ciblée visant à renverser le Président Gbagbo se fasse la veille du sommet de l’Union africaine (UA) ou pendant le sommet (qui doit se tenir à la fin de ce mois de janvier). Puisque, poursuit Soro, «le clan Gbagbo sera concentré sur le sommet». Il exhorte donc la France via le Burkina Faso de les aider au plus vite à exécuter le coup.
Les sources précisent que le colonel Sawadogo, qui s’était rendu en France avec Blaise Compaoré lors de la rencontre de Sarkozy et Compaoré à l’Elysée, a dit à Soro que la France est prête à fournir toutes les informations nécessaires à la CEDEAO pour une attaque armée contre la Côte d’Ivoire dans le cadre de l’Ecomog. D’autant que la force Licorne installée en Côte d’Ivoire fait du renseignement à cet effet. Des renseignements qui pourront aussi servir à la rébellion armée et à ses mercenaires. Cependant, concernant l’envoi de l’Ecomog en Côte d’Ivoire, la rencontre de Ouagadougou a relevé qu’il y a des divergences entre les pays membres de la CEDEAO. Le colonel Sawadogo aurait souligné qu’en dépit de cela, la France souhaite qu’il y ait un coup de force contre Laurent Gbagbo, même si cela ne doit pas être fait par l’Ecomog.
Le Burkina Faso contre
la Côte d’Ivoire et l’Angola

Dans sa logique d’inciter Blaise Compaoré à poursuivre sa croisade contre la Côte d’Ivoire, Guillaume Soro aurait affirmé que, depuis le déclenchement de la crise post électorale, il y aurait 1000 morts, dont des ressortissants burkinabé en masse. Autre argument, Soro estime que renverser le président Laurent Gbagbo du pouvoir serait un double gain pour le Burkina Faso. D’une part, il se serait débarrassé d’un adversaire et, d’autre part, il aurait pris le dessus sur l’Angola qui soutient Laurent Gagbo. Pour Guillaume Soro, étant donné que le Président angolais, Edouardo Dos Santos, hait Blaise Compaoré, évincer le Président Gbagbo du pouvoir signifierait que «le Burkina Faso est certes un petit pays, mais un pays à redouter».
Les relations entre le Burkina Faso et l’Angola sont exécrables depuis plusieurs dizaines d’années à cause du soutien apporté par Compaoré à la rébellion armée que conduisait le maquisard Jonas Savimbi en Angola. Des sources affirment même que le Président du Faso a gardé par devers lui des armes et des pierres précieuses provenant de Savimbi que le Président Dos Santos aurait réclamé en vain après la mort du maquisard.
Au cours de leurs échanges, Blaise Compaoré aurait également soutenu à Soro que certains chefs d’Etat africains l’appellent pour exposer leur accord pour le recomptage des voix du second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire comme voulu par le Président Laurent Gbagbo. Soro a rétorqué que son patron Alassane Ouattara et lui sont opposés au recomptage des voix. Il aurait accusé Laurent Gbagbo d’avoir falsifié les documents électoraux. Avant de dire que c’est le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Young J. Choi (leur allié), qui possède les documents «originaux» qui donnent Ouattara vainqueur. Soro et son «parrain» Compaoré se seraient séparés en s’accordant sur l’attaque contre la Côte d’Ivoire.

Didier Depry (didierdepri@yahoo.fr)

L'Iran exécute l'Irano-néerlandaise Sarah Bahrami pour trafic de drogue

AFP
Pendaisons en Iran, en septembre 2007
Pendaisons en Iran, en septembre 2007 AFP/Archives

L'Iran a pendu samedi une femme de nationalité iranienne et néerlandaise accusée de trafic de drogue, en dépit de l'intervention des Pays-Bas et des appels de l'UE à un moratoire sur les exécutions, qui se sont spectaculairement accélérées depuis le début de l'année.

"Sahra Bahrami (...), qui avait été condamnée pour avoir vendu et possédé de la drogue, a été pendue tôt samedi matin", a annoncé le bureau du procureur de Téhéran dans un communiqué.

Le communiqué précise que Mme Bahrami avait été condamnée à mort par un tribunal révolutionnaire pour "la possession de 450 grammes de cocaïne et pour sa participation à la vente de 150 grammes de cocaïne".

Sahra Bahrami, 46 ans, avait été condamnée à mort le 2 janvier, selon la radio néerlandaise citant la fille de Mme Bahrami.

Arrêtée en décembre 2009 à Téhéran alors qu'elle participait à une manifestation contre la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad, Sahra Bahrami faisait aussi l'objet d'un procès pour appartenance à un groupe armé opposé au gouvernement, crime pour lequel elle encourait également la peine de mort, selon sa fille.

Le communiqué confirme que Mme Bahrami a été "arrêtée pour crimes relatifs à la sécurité", sans plus de précisions.

Mais durant la perquisition de son domicile, "450 grammes de cocaïne et 420 grammes d'opium ont été découverts", et l'enquête a "montré qu'elle avait vendu 150 grammes de cocaïne", selon le communiqué.

Le 5 janvier, les Pays-Bas avaient manifesté leur "préoccupation" et demandé des "éclaircissements" à l'Iran sur la situation de Mme Bahrami, née en Iran et naturalisée aux Pays-Bas.

"Nous réclamons des informations, la possibilité de lui apporter une aide consulaire et un procès équitable", avait déclaré le ministre des Affaires étrangères, Uri Rosenthal.

Téhéran, qui ne reconnaît pas la double nationalité et considérait Mme Bahrami comme Iranienne, avait rejeté cet appel relayé par d'autres capitales européennes, accusant les Occidentaux d'instrumentaliser l'affaire pour accroître leur pression sur l'Iran, déjà soumis à de sévères sanctions internationales pour son programme nucléaire controversé.

"L'une des affaires utilisées par les pays occidentaux pour faire pression sur la République islamique est le cas de (Mme Bahrami)", avait affirmé la semaine dernière le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast.

"Ils n'ont pas le droit d'interférer dans nos affaires internes", avait-il insisté, en affirmant que le système judiciaire iranien était "totalement indépendant".

Le rythme des exécutions a explosé depuis le début de l'année en Iran, l'un des pays du monde pratiquant le plus la peine capitale avec la Chine, les Etats-Unis et l'Arabie saoudite.

Au moins 66 personnes ont été pendues depuis le 1er janvier pour divers crimes, soit plus de deux par jour, selon un décompte établi par l'AFP à partir des informations diffusée par les médias iraniens.

Pour toute l'année 2010, les médias avaient fait état de 179 exécutions. Les autorités, qui ne publient jamais de chiffres officiels sur ce sujet, n'ont fourni aucune explication à cette accélération.

La plupart des exécutions annoncées en janvier étaient liées au trafic de drogue, avec également quelques cas de meurtre ou de viol.

Mais Téhéran a également pendu deux militants de l'Organisation des moudjahidine du peuple, principal mouvement de lutte armée contre le régime iranien, et un rebelle kurde membre du mouvement séparatiste Pjak.

L'Union européenne avait appelé jeudi les autorités iraniennes à "cesser immédiatement" les exécutions de condamnés à mort et à décréter "aussi vite que possible" un moratoire sur la peine de mort.

Les Etats-Unis accentuent leurs pressions sur le président Moubarak

Le président américain, Barack Obama, a exhorté son homologue égyptien, Hosni Moubarak, à tenir ses promesses d'oeuvrer en faveur de la démocratie et des réformes économiques et politiques.
Le président américain, Barack Obama, a exhorté son homologue égyptien, Hosni Moubarak, à tenir ses promesses d'oeuvrer en faveur de la démocratie et des réformes économiques et politiques.
REUTERS/Jim Young
Par RFI

L’administration Obama qui, depuis le déclenchement des manifestations en Egypte, s’était efforcée de ne pas prendre partie, exhortant les manifestants et le gouvernement à éviter la violence, a changé de ton. Le président Barack Obama a pris la parole le 28 janvier 2011 pour réclamer au président Moubarak, des réformes politiques concrètes et l'arrêt des violences.

Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet

Avant de s’exprimer lui-même, le président Obama avait laissé sa secrétaire d’Etat et son porte-parole expliquer la position américaine : appel aux manifestants, comme au gouvernement égyptien de faire preuve de retenue. Les premiers ont des griefs légitimes que le second doit prendre en compte, mais rien ne sera résolu par la violence, ont-ils dit en substance. Ni Hillary Clinton, ni Robert Gibbs n’avaient condamné ouvertement Hosni Moubarak.

Le porte-parole présidentiel avait tout de même laissé peser la menace de la fin de l’aide américaine à l’Egypte qui a atteint en 30 ans, 62 milliards de dollars. Ça n’est qu’après l’allocution du raïs que Barack Obama est intervenu à la télévision pour annoncer qu’il avait eu un entretien de 30 minutes avec son lui.

Il lui a dit qu’il devait maintenant concrétiser ses promesses de démocratie et de réformes : « Ce qu’il faut maintenant, ce sont des mesures concrètes pour faire progresser les droits du peuple égyptien, un dialogue significatif entre le gouvernement et ses citoyens, et un changement de politique qui conduise à un avenir qui offre aux Egyptiens une plus grande liberté, plus d’opportunités et de justice ».

Bien que Barack Obama ait durci le ton à l’égard de Moubarak, les envoyés spéciaux américains en Egypte ont estimé que ses propos décevront les manifestants qui attendent des Etats-Unis un soutien plus ferme.

GYPTE - Moubarak sur le point de dévoiler son nouveau gouvernement

ÉGYPTE - Moubarak sur le point de dévoiler son nouveau gouvernement

Le président égyptien n'a cédé aux pressions de la rue que pour former un nouveau gouvernement © Amr Ahmad / AFP

Source AFP

Le président égyptien Hosni Moubarak a annoncé dans une allocution télévisée vendredi dans la nuit la formation d'un nouveau gouvernement dès samedi et promis des réformes, après quatre jours de violentes manifestations antigouvernementales ayant fait au moins 27 morts. Il s'agissait de sa première allocution publique depuis le début, mardi, du mouvement de protestation le plus important depuis son arrivée au pouvoir il y a trente ans.

Vendredi, des centaines de milliers de manifestants ont réclamé son départ à travers tout le pays et des heurts avec les forces de l'ordre ont fait 20 morts, treize à Suez, à l'est du Caire, cinq au Caire et deux à Mansoura, dans le delta du Nil. Le président égyptien, âgé de 82 ans, a déclaré avoir demandé au gouvernement "aujourd'hui de démissionner", affirmant qu'il allait mettre en place un nouveau gouvernement samedi. Il a promis "de nouvelles mesures pour endiguer le chômage, augmenter le niveau de vie, développer les services et soutenir les pauvres".

Obama fait pression

Peu après cette intervention, le président américain Barack Obama a annoncé s'être entretenu par téléphone avec son homologue égyptien pendant 30 minutes. "Je lui ai dit qu'il avait pour responsabilité de donner un sens à ces mots. Je lui ai dit de prendre des mesures concrètes pour tenir ses promesses", a indiqué Barack Obama dans une déclaration à ses concitoyens. Il a également appelé les autorités à "s'abstenir d'utiliser la violence contre les manifestants pacifiques".

Vendredi, devant l'ampleur des manifestations, Hosni Moubarak a demandé à l'armée, épine dorsale de son régime, de faire respecter la sécurité avec la police qui a semblé débordée par une mobilisation populaire sans précédent. Le couvre-feu a été décrété au Caire, à Alexandrie (nord) et à Suez (est) entre 18 heures et 7 heures, et ce jusqu'à nouvel ordre. En soirée, des soldats lançaient des signes de victoire à des milliers de manifestants ayant bravé le couvre-feu dans la capitale et des policiers serraient la main de manifestants. Toujours au Caire, un peu plus tôt, les manifestants ont mis le feu au siège du Parti national démocrate (PND), au pouvoir. Dans la journée, ils avaient incendié deux commissariats de la capitale.

El Baradei dans les manifestations

Hosni Moubarak s'est appuyé pendant près de 30 ans sur un redoutable appareil policier et un système dominé par un parti qui lui est entièrement dévoué. Dans la matinée, dès la fin des prières musulmanes, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour ce "vendredi de la colère", à l'appel du Mouvement du 6 avril, un groupe de jeunes pro-démocratie.

Aux cris d'"À bas Hosni Moubarak" et "le peuple veut la chute du régime", les manifestations se sont étendues à tout Le Caire, une métropole de 20 millions d'habitants, et ont gagné les principales villes du pays. Les policiers ont eu recours à des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des canons à eau pour disperser les manifestants. L'opposant le plus en vue, Mohamed El Baradei, l'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui s'est dit prêt à mener une transition au pouvoir après un éventuel départ de Hosni Moubarak, et les Frères musulmans (opposition) ont participé aux manifestations.

L'Europe espère des réformes

À Mansoura, certains imams ont appelé à "sortir et demander le changement". Les signes d'inquiétude se sont multipliés à l'étranger devant ce mouvement qui s'est inspiré de la "révolution du Jasmin" ayant chassé le président Zine el-Abidine Ben Ali de Tunisie.

La diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashton, a appelé à la libération "immédiate et sans condition" des manifestants arrêtés. Londres a appelé à des "réformes" alors que Berlin demandait à Hosni Moubarak d'autoriser les "manifestations pacifiques". Paris a appelé à "la retenue" et "au dialogue", Rome a réclamé la "fin immédiate de tout type de violence" et Stockholm "une initiative politique qui mène à une élection présidentielle ouverte et démocratique cette année".

Le Pentagone a indiqué que le chef d'état-major égyptien, Sami Anan, qui conduisait une délégation militaire pour des entretiens à Washington prévus jusqu'à mercredi, retournait en Égypte. Un responsable américain a prévenu que les États-Unis pourraient revoir leur aide, notamment militaire, à leur allié en fonction de la réponse des autorités aux manifestations. L'Internet et les services de téléphonie mobile, qui ont joué un rôle-clé dans la mobilisation populaire, étaient en effet coupés dans le pays. Une première par son ampleur pour l'Internet, selon des experts.

Des compétences pour le Cameroun et le Burkina

Des compétences pour le Cameroun et le Burkina

DR


Deux fois par an et depuis deux ans, Bernard Courage, retraité de l'Éducation nationale, aide un établissement scolaire à Yaoundé, capitale du Cameroun : « Un établissement privé de 1 500 élèves de tous niveaux qui souhaite se mettre aux normes pédagogiques. Je suis conseiller multicasquettes. On avance bien. » De son côté, Yvon Guinet, ancien mineur, offre ses connaissances techniques. Cet automne, il était au Burkina-Faso pour aider une société de forage à se structurer. « Je forme le personnel sur les techniques de forage et les procédures de travail. Je pense y retourner et j'attends aussi de voir comment la situation évolue au Niger pour le même genre de mission. » L'association reste vigilante sur les missions de ces bénévoles : il ne s'agit pas de remplacer des emplois midilibre.com
locaux potentiels. Ici, les deux ont bien rempli des missions de conseil. Et reconnaissent avoir travaillé dans de bonnes conditions.
C. C

Pour les enfants de Kantchari

Ce week-end se déroulera la grande soirée familiale de l'association Amitié Burkina Cambrésis (lire en page suivante). Comme chaque année, sous la houlette de leur présidente, Juliette Dupont, les bénévoles proposent à leurs invités de partager ensemble un grand moment de fraternité et de solidarité, haut en couleurs, en l'honneur d'un peuple ami, celui du Burkina Faso. Après la messe africaine qui sera célébrée à la cathédrale, les convives se réuniront autour d'un repas au palais des Grottes. Il reste encore quelques places. Les fonds récoltés permettront à l'association de financer un centre de lutte contre la malnutrition. Pour que plus jamais ne meurt de faim un enfant de Kantchari. tV. L.• AUJOURD'HUI

ExpositionJusqu'au 30 janvier, vous pourrez découvrir les quatre livres illustrés de Matisse au musée de Cambrai, 15, rue de l'Épée, de 10 h à midi et de 14 h à 19 h. Entrée : 2,10/3,10 E, gratuité le week-end. Tél : 03 27 82 27 90.

PENSEZ-Y !

ConférenceL'Armée du Nord commandée par le général Faidherbe, thème de la conférence donnée par le colonel Ortholan pour le 140e anniversaire de la fin de la guerre de 1870. Ce samedi, à 18 h, au théâtre de Cambrai.

Les différentes évolutions de la riziculture au Burkina Faso

Par Sayouba Traoré

Pour les différentes évolutions de la riziculture au Burkina Faso, on peut distingue trois grandes étapes. D’abord une petite riziculture familiale dans les régions de tradition rizicole. Ensuite il y a eu l’aménagement des périmètres irrigués, notamment avec l’aménagement des Vallées des Volta. Puis le projet riz pluvial qui permet de cultiver du riz dans les 13 régions du pays, avec l’aménagement des bas-fonds.

Air Burkina, Air Mali et Brussels Airlines pâtissent de l’envol de Sénégal Airlines

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La nouvelle compagnie aérienne sénégalaise, qui a pris son envol le 25 janvier dernier, a pour ambition de devenir la Référence dans le ciel ouest-africain. Et pour ce faire quoi de mieux que d’éliminer ses rivales ? Après Brussels Airlines, Air Burkina et Air Mali se sont vues, elles aussi, retirer leurs autorisations de desservir les capitales d’Afrique de l’ouest depuis l’aéroport de Dakar.

Quelques jours à peine après avoir déployé ses ailes, Sénégal Airlines s’est déjà fait des ennemis. En effet, l’Etat sénégalais à réviser les droits de trafic aérien depuis sa capitale aux dépens d’Air Burkina, Air Mali et Brussels Airlines. Ces dernières ne peuvent désormais plus desservir des villes comme Bamako au Mali, Conakry en Guinée, Abidjan en Côte d’Ivoire ou encore Banjul en Guinée depuis Dakar, au prétexte que la compagnie sénégalaise effectue des vols sur ces lignes.

Selon le journal Les Afriques, l’Etat sénégalais veut ainsi protéger les intérêts de son pavillon national qui a subi d’énormes désagréments financiers au profit d’autres compagnies africaines et étrangères. Il serait soutenu dans sa démarche par les actionnaires de la compagnie sénégalaise, qui ont investi près de 16,5 milliards de francs CFA (plus de 25 millions d’euros).

Mais si la compagnie belge monte au créneau depuis cette interdiction –la Belgique menacerait même de rapatrier son ambassadeur-, Air Burkina et Air Mali privilégient la concertation. Les deux compagnies africaines seraient d’ailleurs prêtes à certaines concessions en vue de ne pas perdre d’importantes parts de marché.

Sénégal Airlines a débuté ses activités le 25 janvier dernier. Elle compte dans un premier temps se concentrer sur des lignes régionales vers Abidjan (Côte d’Ivoire), Bamako (Mali), Banjul (Gambie), Nouakchott (Mauritanie), Conakry (Guinée) et Ouagadougou (Burkina Faso) à hauteur de 12 vols par jour. Projetant de transporter 350 000 passagers par an, la nouvelle compagnie n’envisage pas de vols domestiques à l’intérieur du pays. Elle laisse ce marché à son futur partenaire, Air Téranga, une nouvelle compagnie nationale qui verra le jour très prochainement. Concernant les lignes intercontinentales vers l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud, Sénégal Airlines n’envisage de les déployer qu’à partir de 2012.

Moubarak annonce de nouvelles mesures, nouveau gouvernement samedi

LE CAIRE (AFP)

AFP/EGYPTIAN TV

Allocution du président égyptien Hosni Moubarak, le 28 janvier 2011

Le président égyptien Hosni Moubarak a annoncé des réformes démocratiques, la démission de son gouvernement et la formation dès samedi d'un nouveau cabinet, lors d'une allocution télévisée dans la nuit de vendredi à samedi à la suite de manifestations sans précédent.

"Il n'y aura pas de retour en arrière sur la voie des réformes que nous avons choisie, et nous avancerons avec de nouvelles mesures qui confirment notre respect de l'indépendance de la justice et plus de liberté aux citoyens".

"De nouvelles mesures pour endiguer le chômage, augmenter le niveau de vie, développer les services et soutenir les pauvres" seront prises, a ajouté le président égyptien lors d'une déclaration de onze minutes à la télévision nationale à la suite de quatre jours de manifestations sans précédent dans le pays depuis son arrivée au pouvoir il y a trente ans.

Le président égyptien a également déclaré avoir demandé au gouvernement "aujourd'hui de démissionner", affirmant qu'il allait mettre en place un nouveau gouvernement samedi et donner des instructions à cet effet.

Des centaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi à travers l'Egypte demandant la chute du président Hosni Moubarak à la tête depuis 30 ans du plus peuplé des pays arabes.

Au moins 20 personnes ont été tuées et des centaines blessées lors d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre vendredi, portant à 27 le nombre de morts depuis le début des manifestations anti-gouvernementales mardi.

Ces protestations sans précédent s'inscrivent dans la foulée du soulèvement populaire ayant chassé du pouvoir il y a deux semaines le président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali.

Egypte: au moins 20 morts, couvre-feu décrété, l'armée en renfort

LE CAIRE (AFP)

AFP

Les membres de la Garde déployée, au Caire le 28 janvier 2011.

Au moins vingt personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées vendredi en Egypte lors d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre alors que le président Hosni Moubarak a fait appel à l'armée et décrété le couvre-feu dans trois grandes villes du pays.

Le président Moubarak limoge le gouvernement et promet de "nouvelles mesures" pour la démocratie au cours d'une allocution télévisée

Au quatrième jour du mouvement de protestation le plus important depuis l'arrivée au pouvoir de M. Moubarak en 1981, les signes d'inquiétude se multipliaient à l'étranger, les Etats-Unis réclamant à leur allié de réfréner ses forces de l'ordre et d'engager des réformes politiques "immédiates".

M. Moubarak, dont des centaines de milliers de manifestants ont réclamé le départ vendredi à travers tout le pays, a demandé à l'armée, épine dorsale de son régime, de faire respecter la sécurité avec la police qui a semblé débordée par la mobilisation populaire sans précédent.

AFP

Des manifestants égyptiens bravent le couvre-feu, le 28 janvier 2011 au Caire.

Les 20 morts de vendredi portent à 27 le nombre de personnes tuées depuis mardi dans tout le pays.

Le couvre-feu a été décrété au Caire, à Alexandrie (nord) et à Suez (est) entre 18H00 (16H00 GMT) à 07H00 (05H00 GMT), et ce jusqu'à nouvel ordre.

En soirée, des soldats lançaient des signes de victoire à des milliers de manifestants ayant bravé le couvre-feu dans la capitale et des policiers serraient la main de manifestants, selon un journaliste de l'AFP.

Toujours au Caire, un peu plus tôt, les manifestants ont mis le feu au siège du Parti national démocrate (PND), au pouvoir. Dans la journée, ils avaient incendié deux commissariats de la capitale.

Dans la matinée, dès la fin des prières musulmanes, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour ce "vendredi de la colère", à l'appel du Mouvement du 6 avril, un groupe de jeunes pro-démocratie qui s'est inspiré de la "révolution du jasmin" ayant chassé le président Zine El Abidine Ben Ali de Tunisie.

Aux cris d'"A bas Hosni Moubarak" et "le peuple veut la chute du régime", les manifestations se sont étendues à tout Le Caire, une métropole de 20 millions d'habitants, et ont gagné les principales villes du pays.

AFP

Manifestations au Caire malgré le couvre-feu, le 28 janvier 2011

Les policiers ont eu recours à des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des canons à eau pour disperser les manifestants. Cinq personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées, selon des sources médicales.

L'opposant le plus en vue, Mohamed ElBaradei l'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui s'est dit prêt à mener une transition au pouvoir après un éventuel départ de M. Moubarak, et les Frères musulmans (opposition), ont participé aux manifestations.

"Liberté!", ont scandé les manifestants sous les regards de policiers déployés avec boucliers et casques à visière, près de la célèbre mosquée Al-Azhar, au Caire.

A Suez (nord-est), treize personnes ont trouvé la mort lors d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre et à Mansoura (nord) deux autres ont péri dans les mêmes circonstances, selon des témoins.

AFP

Carte de localisation des villes où ont eu lieu les manifestations réclamant la chute du président Moubarak

A Alexandrie (nord), deuxième ville d'Egypte, la police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles caoutchoutées pour disperser des milliers de manifestants qui ont incendié le siège du gouvernorat.

A Mansoura, certains imams ont appelé à "sortir et demander le changement". Des affiches du parti au pouvoir ont été arrachées.

M. Moubarak, 82 ans, qui s'est appuyé pendant près de 30 ans sur un redoutable appareil policier et un système dominé par un parti qui lui est entièrement dévoué, s'est illustré par son silence depuis le début de la contestation, et a fait connaître sa décision d'instaurer le couvre-feu par la télévision d'Etat.

Le Pentagone a indiqué que le chef d'état-major égyptien, Sami Anan, qui conduisait une délégation militaire pour des entretiens à Washington prévus jusqu'à mercredi, retournait en Egypte.

La Maison Blanche s'est dite "très préoccupée" et a appelé Le Caire à respecter les droits des Egyptiens.

La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton a invité M. Moubarak à "faire tout ce qui est en son pouvoir pour réfréner les forces de l'ordre" et a réclamé des réformes "immédiates". Le Pentagone a lui appelé l'armée à faire preuve de "retenue".

Un responsable américain a prévenu que les Etats-Unis pourraient revoir leur aide, notamment militaire, en fonction de la réponse des autorités aux manifestations.

La diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashton, a appelé à la libération "immédiate et sans condition" des manifestants arrêtés.

Londres a appelé à des "réformes" alors que Berlin demandait à M. Moubarak d'autoriser les "manifestations pacifiques". Paris a appelé à "la retenue" et "au dialogue" alors que Rome réclamait la "fin immédiate de tout type de violence".

Mme Clinton a en outre appelé le gouvernement égyptien à mettre fin au blocage "sans précédent" des communications dans le pays.

L'internet et les services de téléphonie mobile, qui ont joué un rôle-clé dans la mobilisation populaire, étaient en effet coupés dans le pays. Une première par son ampleur pour l'internet, selon des experts.