22 janvier, 2011

CAN Cadets: Le Burkina Faso s'impose en finale

CAF
Par RFI

Le Burkina Faso s'est imposé 2-1 face au Rwanda samedi 22 janvier à Kigali remportant du même coup la première CAN des moins de 17 ans de son histoire. Troisièmes de l'épreuve en 2009, les jeunes Etalons connaissent la consécration suprême face à des Rwandais qui les avaient battu lors du match d'ouverture.

La pression était trop forte. Finaliste devant leur public et déjà vainqueurs du Burkina Faso 2-1 lors du match d’ouverture, les Amavubi du Rwanda se sont inclinés dans « leur » finale face aux Burkinabè. Le match s’est joué en seconde mi-temps avec d’abord l’ouverture du score des Etalons par l’intermédiaire de Zaniou Sana qui profitait d’une erreur du capitaine rwandais Faustin Usengimana pour tromper le gardien Steven Ntalibi (59e).

La réaction rwandaise ne se faisait pas attendre et Mwesigye Tibingana égalisait d’une splendide reprise de volée en dehors de la surface pour permettre aux Amavubi de revenir à 1-1. La victoire semblait se dessiner pour les Rwandais car le Burkina était réduit à dix depuis la 60e mn après l’expulsion du défenseur Bassirou Kanazoe et allait même terminer à neuf après un carton rouge adressé à Sana. Mais Aziz Kaboré inscrivait le but vainqueur qui donnait son premier titre au Burkina, finaliste malheureux en 1999 et 2001.

Finale

Samedi 22 janvier

Rwanda - Burkina Faso 1-2
Rwanda: Mwesigye (67e)
Burkina: Sana (59e), A. Kabore (70e)

Match pour la 3e place

Vendredi 21 janvier

Congo - Côte d’Ivoire 2-1
Congo : Binguila (45e + 1), Kounkou (85e)
Côte d’Ivoire : Yomé (6e csc)

LA ZONE UEMOA DANS L'ORNIERE DE LA CRISE IVOIRIENNE YAO PRAO 2.JPG

YAO PRAO 2.JPG

Avec l'avènement de l'Euro et l'arrimage du Franc CFA à cette monnaie, le débat sur l'avenir de la Zone Franc a alimenté de nombreuses interrogations et des inquiétudes se sont posées quant au sort de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Ce sujet reste actuel depuis la crise post-électorale en Côte d'Ivoire. Le franc CFA fortement critiqué par une nouvelle classe de l'élite africaine, pourrait voler en éclat si les pays de la zone UEMOA ne dissocient pas les questions économiques de celles qui ne les regardent pas. Notre conviction est que l'UEMOA ne doit pas se mêler des questions de souveraineté des pays membres.

Pour développer ce point de vue, nous définirons d'abord l'union monétaire afin de fixer son domaine d'application.

Ensuite, il faudra présenter brièvement les organes et les objectifs de l'UMOA afin de circonscrire ses responsabilités.

Enfin, nous pourrons dire ce que l'UEMOA est et ce qu'elle n'est pas.


  1. DEFINITION D'UNE UNION MONÉTAIRE

L'existence de l'Union monétaire Ouest-Africaine (UMOA) regroupant huit pays (Benin, Burkina, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) est une bonne initiative qui vise à atténuer en Afrique de l'Ouest le phénomène de balkanisation monétaire.

En effet, après trois décennies de gestion monétaire commune, les États membres de cette union monétaire ont éprouvé le besoin de renforcer leur intégration économique, par la création de nouvelles institutions et dispositions (avec la création de l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest en Janvier 1994), reconnaissant ainsi que l'union monétaire ne suffit pas, seule, pour réaliser les gains potentiels d'une totale intégration économique. L'intégration économique est perçue comme un processus par lequel s'établissent des interdépendances structurelles entre les économies nationales sous forme d'échanges croissants de marchandises, de capitaux, de main-d'œuvre, sous la forme d'une conjugaison de politiques économiques, de projets réalisés en commun et sous la forme également de règles juridiques homogènes sur l'espace communautaire. L'UEMOA fait des avancées significatives dans le sens de l'harmonisation de ses politiques monétaires et budgétaires. Elle a même conçu une nomenclature budgétaire commune, des politiques fiscales et douanières communes et surtout défini des critères de convergence.

Depuis le début des années 60, l'intégration économique et monétaire a suscité un grand intérêt pour les analyses mettant en évidence les conditions de constitution d'une zone monétaire optimale. La question qui revient souvent, est la reconnaissance des critères de détermination d'une zone monétaire optimale ou les conditions dans lesquelles un groupe de pays a intérêt ou non à maintenir un régime de changes fixes entre leurs différentes monnaies ou à opter pour une monnaie unique.

Notre objet ici n'est pas d'insister sur la non optimalité de cette zone monétaire vu que le sujet fait l'objet de nombreuses études (Ondo Ossa, 2000).

Dans tous les cas, nous en parlerons brièvement mais à ce stade de notre texte, il est question de donner la définition de l'union monétaire.

Il ne faut pas confondre zone monétaire et système monétaire. Cet avertissement a été donné par Michel LELART[1], pour qui, une zone monétaire "est un espace géographique au sein duquel une monnaie nationale est utilisée. Elle est née de pratiques, d'habitudes, de mécanismes; elle est essentiellement une construction empirique qui s'est précisée par L'usage". Tandis qu'un système monétaire "est un ensemble de règles fondées sur des principes bien établis et acceptés par certains pays aux termes, le plus souvent, d'un accord ratifié par tous.

L'accord peut prévoir qu'une monnaie nationale aura un rôle particulier, il peut aussi prévoir la mise en place d'une monnaie nouvelle créée et gérée par une institution supra - nationale ".

Par système monétaire, il faut entendre l'ensemble des institutions et organisations qui participent à l'administration de la monnaie. Un système monétaire est défini par des dispositions législatives, réglementaires, voire coutumières. En général, ces dispositions ont pour objet de fixer : (a) d'une part les conditions d'émission de la monnaie, c'est-à-dire les conditions dans lesquelles la monnaie est créée et circule, (b) d'autre part les conditions de fonctionnement des organismes qui émettent de la monnaie et assurent sa circulation.

En définitive, NSOULI, S.M., (1981) nous dit qu'union monétaire est caractérisée par "l'émission d'une monnaie commune unique dont la circulation se fait librement entre les pays membres et par la création d'une autorité monétaire centrale chargée de regrouper les réserves de devises de tous les pays membres et de décider de la politique monétaire"[2].

Après ces différentes définitions, il nous faut à présent présenter l'Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA).


  1. LA PRESENTATION DE L'UNION MONETAIRE OUEST-AFRICAINE

L'UMOA a été instituée par le traité du 12 mai 1962. Les premiers Etats signataires étaient, la Côte d'ivoire, le Dahomey, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal. L'UMOA regroupe à l'heure actuelle huit Etats a savoir le Benin, le Burkina Faso, la Cote d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Togo et le Sénégal. Apres la dévaluation de 1994, les pays de l'UMOA ont signé le traité de l'union économique : l'UEMOA. La politique monétaire et la politique de change de l'union sont régies par la banque centrale communautaire, la BCEAO (Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest).

Depuis 1975, les pays de l'UEMOA sont également, avec sept autres Etats (le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone), membres d'une communauté économique plus large : la CEDEAO. L'objectif principal du traité de la CEDEAO est la promotion d'une union économique et monétaire dans l'ouest-africain.

L'UMOA est une organisation d'États africains indépendants, persuadés que l'exercice en commun de leur souveraineté monétaire les aidera à mieux assurer un développement harmonieux de leurs économies respectives.

Avant d'être l'UEMOA, l'UMOA était dotée d'organes de décision comme la Conférence des chefs d'États, le Conseil des Ministres, la BCEAO et la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD).

Au sein de l'UEMOA, l'article 16 définit les organes de l'Union qui sont constitués par :

- la Conférence des Chefs d'État et de Gouvernement, telle que définie à l'article 5 du

Traité de l'UMOA,

- le Conseil des Ministres, tel que défini à l'article 6 du Traité de l'UMOA,

- la Commission,

- le Parlement,

- la Cour de Justice,

- la Cour des Comptes.

Des organes consultatifs et des institutions spécialisées autonomes concourent également à la réalisation des objectifs de l'Union. C'est l'article 4 qui fixe les objectifs de l'UEMOA. Il est écrit dans cet article :

Sans préjudice des objectifs définis dans le Traité de l'UMOA, l'Union poursuit, dans les conditions établies par le présent Traité, la réalisation des objectifs ci-après :

a) renforcer la compétitivité des activités économiques et financières des Etats membres dans le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement juridique rationalisé et harmonisé ;

b) assurer la convergence des performances et des politiques économiques des États membres par l'institution d'une procédure de surveillance multilatérale ;

c) créer entre les États membres un marché commun basé sur la libre circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux et le droit d'établissement des personnes exerçant une activité indépendante ou salariée, ainsi que sur un tarif extérieur commun et une politique commerciale commune ;

d) instituer une coordination des politiques sectorielles nationales, par la mise en œuvre d'actions communes et éventuellement de politiques communes notamment dans les domaines suivants : ressources humaines, aménagement du territoire, transports et télécommunications, environnement, agriculture, énergie, industrie et mines ;

e) harmoniser, dans la mesure nécessaire au bon fonctionnement du marché commun, les législations des États membres et particulièrement le régime de la fiscalité.


  1. CE QUE L'UMOA EST ET CE QU'ELLE N'EST PAS

Concernant le strict domaine de ses compétences, nous l'avons déjà noté, une zone monétaire unique devrait à long terme se traduire par une amélioration du bien-être des populations des pays concernés. En s'appuyant sur les avantages de la communauté de monnaie déjà existante, le projet de l'UEMOA s'est engagé à établir un véritable espace intégré, géré comme une union économique à part entière. Les États membres souhaitaient avoir des interdépendances plus fortes, avec la consolidation de la monnaie commune et l'assainissement du cadre macroéconomique.

Dans la perspective, le projet de l'union doit faciliter la mobilité des personnes, les échanges de biens, de services et des capitaux. La mobilité des personnes doit s'accompagner de la suppression de toute discrimination sur le marché du travail à l'égard des travailleurs des autres pays de la zone.

En s'inspirant de l'expérience de l'Union européenne, les pays de l'UEMOA, par Acte additionnel n°4/99 de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement, ont adopté en plus d'autres règles de discipline collective dans le cadre d'un pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité, et des règles. Le tableau suivant regroupe ces règles classées en deux catégories : les critères de premier rang, dont le respect est impératif, et les critères de deuxième rang, qui s'apparentent davantage à des recommandations.


UEMOA : les critères du pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité pour fin 2002

Critère de premier rang

Solde budgétaire de base/PIB ≥ 0%

Taux d'inflation annuel moyen (IPC) ≤ 3%

Encours dette extérieure et intérieure/PIB ≤ 70%

Variation des arriérés de paiement extérieurs 0

Variation des arriérés de paiement intérieurs 0

Critère de deuxième rang

Masse salariale/ recettes fiscales ≤ 35%

Investissements sur ressources intérieures/ recettes fiscales ≥ 20%

Déficit extérieur courant hors dons/PIB ≤ 5%

Taux de pression fiscale (recettes fiscales/PIB) ≥ 17%


Source : UEMOA (Acte Additionnel n° 04/99 de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement-articles 18 et 19).

L'UEMOA a pour mission de faire en sorte qu'il y ait une intégration des politiques économies, ce qui nécessite d'ailleurs le respect des critères de convergence. Ce point de vue repose sur l'idée défendue par des auteurs comme Beetsma et Bovenberg (1995)[3], qui insistent sur le besoin de convergence en matière de politiques budgétaires et de politiques structurelles (gestion de la dette publique, flexibilité du marché du travail et efficacité du système fiscal). La convergence en question est de deux ordres : nominale et réelle.

La convergence nominale, qui étudie l'évolution des variables coûts et prix, ainsi que leurs déterminants sous-jacents (taux d'intérêt, taux de change et ratios de finances publiques) ;

La convergence réelle dont le champ d'étude est le rapprochement des niveaux de vie et/ou l'atténuation des différences structurelles entre pays. Elle s'analyse généralement sous structurelles entre pays. Elle s'analyse généralement sous l'angle de rattrapage économique.

Les efforts de l'UEMOA doivent tendre vers l'érection d'une zone monétaire optimale. En effet, selon McKinnon (1963)[4], "on peut appeler zone monétaire optimale un groupe de pays aux échanges de marchandises fortement intégrés, autorisant la libre circulation des facteurs et ayant des monnaies effectivement convertibles".

La théorie des zones monétaires optimales a été introduite par Mundell (1961)[5], puis renforcée par McKinnon (1963) et Kenen (1969)[6]. Une zone monétaire est optimale quand les couts de renonciation au taux de change comme instrument d'ajustement à l'intérieur de la zone sont compensés par les gains résultant de l'adoption d'une monnaie commune ou d'un régime de changes fixes. Autrement dit, elle constitue une aire ou des mécanismes autres que la modification des taux de change, permettent de dissiper les déséquilibres provoqués par des chocs asymétriques. En général, cette optimalité est facilitée par :

- la mobilité de la main-d'œuvre entre les pays considérés ;

- la flexibilité des salaires ;

- l'importance du commerce réciproque entre les pays ;

- le degré de diversification de la production ;

- les similitudes des profils d'inflation.

En dépit de la modestie du nombre d'illustrations que nous avons, il est prouvé par des études sérieuses que la zone UEMOA n'est pas une zone monétaire optimale. Si elle existe elle est le reflet de la volonté des pays membres de vivre la solidarité. Si tel est le cas, il est incompréhensible que l'UEMOA fasse de la politique en s'ingérant dans les affaires intérieures d'un État comme c'est le cas avec la Côte d'Ivoire.

L'UEMOA n'est pas une zone monétaire optimale selon les critères théoriques. Les investigations empiriques tranchent difficilement l'existence d'une zone monétaire optimale (Ondo Ossa (2000))[7]. En effet, les analyses ont montré que les pays de l'UEMOA sont peu interdépendants quand il s'agit d'échanges intra-régionaux et de la mobilité des facteurs de production. De plus, du fait de la spécialisation des systèmes productifs (le coton pour le Burkina Faso et le Mali, le cacao pour la Cote d'Ivoire, etc.), les économies de l'UEMOA subissent les affres de la conjoncture extérieure. En effet, les grands pays exportateurs dans le commerce intra UEMOA sont la Côte d'Ivoire et le Sénégal qui ont exporté vers la zone respectivement 11 et 6,5% de leurs exportations totales entre 1990 et 2003 (Boogaerde et Tsangarides, 2005)[8]. En 1999, les exportations de la zone UEMOA en direction de cette même zone n'atteignaient que 12% et les importations 10%.

Selon les statistiques de la Commission Economique pour l'Afrique (1999), les parts moyennes des exportations et des importations de l'UEMOA dans le commerce mondial entre 1988 et 1997, sont respectivement 0,14% et 0,15% environs. Malgré l'avantage offert par la monnaie commune, l'UEMOA demeure encore une zone économique peu intégrée au plan commercial. En effet, la part de leurs échanges réciproques dans leur commerce intérieur est assez faible, l'essentiel de leurs transactions commerciales se faisant surtout avec les pays de l'OCDE. Par exemple, selon la source pré-citée, les parts moyennes des exportations intra-UEMOA sur ses exportations totales et des importations intra-UEMOA sur ses importations totales durant la même période, sont respectivement de 6,01% et 6,31 %.

En dépit de l'absence de statistiques et d'études scientifiques, sur la base d'une simple observation, nous pouvons soutenir qu'il n'y a pas davantage de mobilité intra- régionale dans la zone UEMOA que vis à vis de l'extérieur , tant pour ce qui est de la main d'œuvre qu'en ce qui concerne les flux financiers ou d'investissements directs.

On peut dire également qu'il existe des différences notoires de performances macroéconomiques entre les pays de l'union, ce qui rend fragile l'économie de la zone dans le long terme. On note une incohérence globale entre les politiques budgétaires nationales et la politique monétaire commune, mais aussi le manque de flexibilité des coûts de production et des prix, la mobilité insuffisante des biens et services à l'intérieur de la zone et la faible diversification des économies et leur grande vulnérabilité à des chocs exogènes.

Dans le cadre de l'UEMOA, la monnaie unique n'a pas suivi un processus d'intégration Économique réelle, mais plutôt a été une donnée de l'histoire coloniale. En effet, dans le cadre plus élargi de la zone franc, les rapports économiques et monétaires entre la France et ses colonies ont été organisés par touches successives afin de favoriser la colonisation, puis, après 1929, de faciliter sous la pression de la crise économique et des événements politiques internationaux, la constitution d'un ensemble économique visant à une certaine autonomie.

Il est vrai que l'UEMOA ne résulte pas d'une évolution d'une zone monétaire symétrique, elle a suivi un processus d'intégration opposé à celui de l'union européenne.

Nous venons de voir que l'UEMOA n'est pas une zone monétaire optimale. Cette organisation ne fait rien pour rendre cette zone optimale mais elle trouve des ressources pour s'inviter dans l'arène politique là où on l'attendait sur le « ring économique ».

En effet, sept ministres des finances de l'UEMOA ont demandé le jeudi 23 Décembre 2010 à la BCEAO d'autoriser uniquement les représentants du Dr Alassane Ouattara, à gérer les comptes de la Côte d'Ivoire. En plus, le Conseil a décidé « que les représentants régulièrement désignés par le gouvernement légitime de Côte d'Ivoire sont les seuls habilités à prendre des mesures relatives au fonctionnement de l'UEMOA au non de ce pays ». Ce même Conseil a renchéri pour décider « d'instruire la BCEAO de permettre aux seuls représentants régulièrement désignés par le gouvernement légitime de Côte d'Ivoire d'effectuer les mouvements sur les comptes en son nom ».

Depuis fin novembre, une crise politique oppose le président Laurent Gbagbo et le Dr Alassane Ouattara qui est reconnu par l'étranger comme le président ivoirien « légitimement élu ».

Il est clair que l'UEMOA a outrepassé ses prérogatives en prenant des positions politiques. L'article 15 du traité de l'UEMOA stipule que « Les Etats membres se consultent en vue de prendre en commun les dispositions nécessaires afin d'éviter que le fonctionnement de l'Union ne soit affecté par les mesures que l'un d'eux pourrait être amené à prendre en cas de troubles intérieurs graves affectant l'ordre public, de guerre ou de tension internationale grave constituant une menace de guerre ». Jamais, il n'est demandé à l'UEMOA de juger qui est président ou pas.

Le Conseil des Ministres n'a pas mandat d'invalider la signature d'un président de la république. Le Conseil des Ministres de l'Union Monétaire exerce les fonctions qui lui sont dévolues par l'article 20 qui dit clairement que « Le Conseil des Ministres de l'Union assure la mise en œuvre des orientations générales définies par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement ». Et il revient à la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement définit les grandes orientations de la politique de l'Union (Article 17).

Aujourd'hui tous les économistes s'accordent pour dire que le seul critère qui milite en faveur d'une union monétaire reste celui de la solidarité. La solidarité devient ainsi la condition nécessaire et suffisante d'optimalité.

ONDO OSSA (2000) définit la solidarité comme une communauté de responsabilités et d'intérêts qui traduit un sentiment qui pousse deux économies à se pOI1er assistance. Elle se mesure à l'aptitude d'un pays à accepter le coût de la gestion d'un autre. Tout pays membres d'une zone solidaire est redevable des actes posés par les autres membres, autrement dit de leurs excédents et déficits.

Être solidaire ne signifie pas s'immiscer dans les affaires intérieures d'un pays car ceci est une atteinte à sa souveraineté. Or c'est pour les questions politiques et de souveraineté, que les Ministres des Affaires Etrangères siègent au Conseil des Ministres de l'UEMOA (Article 23).

L'UEMOA mène un combat qui n'est pas le sien car une union monétaire recouvre une monnaie commune à plusieurs États souverains qui, aux termes d'un accord multinational, partagent la responsabilité de sa gestion.

Mais cette association monétaire préserve l'individualité de chaque État dans la gestion de la monnaie et du crédit qui trouve son expression dans :

- l'existence de comités monétaires nationaux ;

- la différenciation des signes monétaires,

- des mesures d'individualisation de caractère comptable et administratif,

- une personnalité monétaire internationale.

Pour sauver cette fragile union, il serait judicieux pour l'UEMOA de s'abstenir de déclarations politiques aux conséquences insoupçonnées.


Dr Prao Yao Séraphin

Economiste, Analyste politique, Enseignant-Chercheur.

Président du MLAN

praoseraph@yahoo.fr



[1] LELART, M., (1986, pl) cité par GERARDIN, H. ; GERARDIN, H.(l989), La Zone Franc: Histoire et Institutions, Ed. l'Harmattan, Paris, ome 1, 239p.

[2] NSOULI, S.M., (1981, pp41-42), cité par GERARDIN, H., opcit.

[3] BEETSMA, R.M. et BOVENBERG, A.L.(1995), «Designing Fiscal and Monetary Institutions for a European Monetary Union», CEPR Discussion Paper, n° 1303, London.

[4] Mc KINNON, RI.(l963), «Optimum Currency Areas», Ameriean Economie Review, September, pp 717 - 725

[5] Mundell, R. A. (1961a), ≪ A Theory of Optimum Currency Areas ≫, American Economics Reviews 51, 509-517.

[6] Kenen (1969) "The Theory of Optimum Currency Areas : An Eclectic View", in Monetary

Problems of International Economy, Mundell R. et Swoboda A.K. (Ed.), Chicago, University of Chicago Press, pp. 41-60

[7] Ondo Ossa A. (2000) "Zone monetaire et crise de change : le cas de la zone franc africaine", mimeo, decembre 2000, pp. 359-410.

[8] Boogaerde van den P. and Tsangarides C. (2005), "Ten Years After the CFA Franc Devaluation: Progress Toward Regional Integration in the WAEMU", IMF Working paper, WP/05/145.

Sommet Uemoa: les présidents réaffirment leur soutien à Ouatarra

La crise en Côte d’Ivoire au début et à la fin des discours à Bamako +++Envoyé spécial : Serigne Adama Boy

(APS) – Les discours d’ouverture du 15-ème Sommet ordinaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), ouvert samedi à 12 heures à Bamako, sont largement dominés par la crise politique en Côte d’Ivoire et ses implications économiques et sociales dans l’ensemble de l’Union.

‘’L’actualité récente de notre sous-région nous invite à nous engager encore plus résolument à préserver la paix qui est la première richesse de nos pays’’, a déclaré le chef de l’Etat malien Amadou Toumani Touré, le président en exercice de l’Union depuis 2009.

Profitant de la tribune, M. Touré a lancé, de nouveau, un appel aux « frères et soeurs de Côte d’Ivoire et, particulièrement, à la calsse politique, pour qu’ils oeuvrent en faveur de l’unité de la nation ivoirienne ».

‘’L’évolution de la situation en Côte d’Ivoire, en proie à une crise postélectorale, constitue pour nous une réelle source de préoccupation’’, a ajouté le président Touré.

Le président malien, qui épuise ses deux mandats constitutionnels en 2012, s’est félicité du ‘’déroulement heureux’’, selon lui, des élections présidentielles au Togo, au Burkina Faso et en Guinée, même si ce dernier pays n’est pas membre de l’Union.

Au sommet, il y a aux côtés du président Touré ses homologues Thomas Yayi Boni (Bénin), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Abdoulaye Wade (Sénégal), Faure Gnassingbé (Togo), les Premier-ministres Guillaume Soro (Côte d’Ivoire), Mamadou Danda (Niger) et le ministre bissau-guinéen des Affaires étrangères, Adelino Mano Queta.

Avec ses 21,4 millions habitants, la Côte d’Ivoire est le pays le plus peuplé de l’Union qui compte 93,6 millions de ressortissants. Elle est aussi l’Etat membre le plus prospère, revendiquant un PIB de 10.925 milliards de francs CFA sur le PIB de 32.637,2 milliards crédité à l’UEMOA.

Pour sa part, le président du Conseil des ministres de l’Union, José Mario Vaz, a rappelé les décisions prises à Bissau consistant à ‘’prendre acte’’ de la position des Nations unies, de l’Union africaine et de la CEDEAO de reconnaître ‘’Alassane Dramane Ouattara comme le président légitime élu de Côte d’Ivoire’’. Cette partie de son allocution a été longuement applaudie.

‘’La crise politique en Côte d’Ivoire a d’importantes répercussions sur le fonctionnement de l’Union et la situation économique, financière et monétaire, et elle devrait affecter la situation sociale dans les pays de l’Union’’, a-t-il déclaré.

M. Vaz qui est aussi le ministre bissau-guinéen des Finances a rappelé les décisions de soutien qui ont été prises à cet effet pour assoir l’autorité du gouvernement reconnu de Côte d’Ivoire, de soutenir l’activité économique et d’assurer la stabilité financière dans ce pays et dans l’ensemble de l’Union.

‘’Le bilan des actions menées attend des décisions des chefs d’Etat et de gouvernement, pour arriver à une résolution rapide et pacifique de la crise en Côte d’Ivoire’’, a ajouté M. Vaz qui s’est félicité de la bonne tenue de l’économie de l’Union en dépit de la situation ivoirienne.

‘’Par contre, a-t-il prévenu, pour 2011, les effets pourraient ressortir significatifs’’. Entre autres facteurs, M. Vaz cité la montée de l’insécurité, le ralentissement des échanges à l’intérieur de la Côte d’Ivoire et de ses échanges avec les autres pays de la Zone.

Assistent au sommet le président de la Commission de l’Union, Soumaïla Cissé, le gouverneur de la BCEAO, Philippe-Henri Dacoury-Tabley et le président la BOAD, Abdoulaye Bio-Tchané, le président du CREPMF, du Comité interparlementaire, de la Chambre consulaire régionale, de la Cour de Justice, Ousmane Diakité, de la Cour des comptes, Malick Kamara Ndiaye, et des partenaires techniques et financiers.

SAB/ESF

APS.SN

Algérie: la police empêche une manifestation "pour la démocratie"

ALGER (AFP)

AFP

Manifestation à Alger, le 22 janvier 2011

Une manifestation "pour la démocratie" empêchée par la police a fait plusieurs blessés samedi en plein centre d'Alger, 19 selon la police et 42 selon l'opposition organisatrice du mouvement interdit.

Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), a indiqué par téléphone à l'AFP qu'"il y a eu 42 blessés, dont deux grièvement, tous hospitalisés, et de nombreuses interpellations" devant le siège de son parti où ses partisans avaient rendez-vous avant une marche prévue sur le Parlement.

Parmi ces blessés figurent le chef du groupe parlementaire du RCD Othmane Amazouz et le chef régional du parti à Bejaia (est) Reda Boudraa, a indiqué le parti.

Selon le ministère de l'Intérieur, 19 personnes ont été blessées, dont 11 manifestants et passants et huit policiers. Deux de ces derniers sont dans un état grave, a-t-il précisé dans un communiqué publié par l'agence APS.

AFP

Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), le 22 janvier 2011 à Alger

Il y a eu neuf interpellations "pour voie de fait et certains pour port d'armes prohibées", selon le ministère qui déplore l'usage de "pierres, de chaises et d'objets contendants" contre les forces de l'ordre.

Arezki Aïder, député RCD de Tizi Ouzou, principale ville de Kabylie, a été interpellé puis relâché une heure plus tard, selon son parti.

Certains manifestants, brandissant des drapeaux algériens mais aussi les couleurs de la Tunisie voisine où la population a mis fin il y a une semaine à 23 ans de régime Ben Ali, criaient: "Etat assassin", "Jazaïr Hourra, Jazaïr Democratiya" ("Algérie libre, Algérie démocratique").

Tôt dans la matinée, environ 300 personnes s'étaient retrouvées bloquées par des centaines de membres des forces de l'ordre casqués, équipés de matraques, boucliers et gaz lacrymogène, devant le RCD sur l'avenue historique de Didouche Mourad.

Ils devaient se diriger vers la Place de la Concorde, à un kilomètre de là, pour lancer une marche en direction de l'Assemblée nationale populaire (chambre des députés).

"Je suis prisonnier dans le siège du parti, déclarait Saïd Sadi par haut-parleur depuis le premier étage de l'immeuble. "On ne peut pas mener de lutte pacifique quand ont est assiégé.

AFP

Manifestation à Alger, le 22 janvier 2011

Les partisans du RCD se sont dispersés dans le calme vers 13h30 GMT après avoir été bloqués six heures par un cordon policier au RCD.

Peu avant la fin de la manifestation, un trentaine de jeunes ont improvisé une contre-manifestation sur place aux cris de "Bouteflika, Bouteflika" avec slogans hostiles à Saïd Sadi.

Ils ont été dispersés par la police.

Dès vendredi soir, les autorités avaient pris des dispositions pour quadriller la capitale après le maintien par le RCD de son mouvement malgré l'interdiction décrétée par la wilaya (préfecture) d'Alger.

Des barrages étaient apparu aux entrées de la capitale.

AFP

Manifestation à Alger, 22 janvier 2011

Au moins trois bus transportant des manifestants de Kabylie ont été bloqués vendredi soir, selon des témoins cité par le quotidien El-Watan.

Place de la Concorde, des dizaines de véhicules blindés et des centaines de membres de la protection civile et de la police avaient été déployés, tout comme devant le palais présidentiel, sur les hauteurs d'Alger, protégé par une douzaine de véhicules blindés armés de canons à eau. Dans le ciel, une ronde d'hélicoptères surveillait la situation.

"Le fait d'interdire des marches pacifiques encadrés par des partis et la société civile, c'est pousser à une explosion", a déclaré par téléphone à l'AFP le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) Mostefa Bouchachi. "C'est désolant".

L'Algérie a vécu début janvier cinq jours d'émeutes contre la vie chère qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés. Le mouvement s'est arrêté après l'annonce par le gouvernement de mesures pour faire baisser les prix des produits de première nécessité.

Tunisie: les policiers défilent, la province entame une marche sur Tunis

TUNIS (AFP)

AFP

Manifestation, le 22 janvier 2011 à Tunis

Des milliers de Tunisiens, dont de nombreux policiers, ont de nouveau manifesté samedi contre le gouvernement de transition dominé par des caciques de l'ancien régime, alors qu'une "Caravane de la libération" est partie de province vers Tunis avec l'objectif affiché de renverser l'équipe en place.

Les promesses de rupture affichées la veille par le Premier ministre n'ont pas suffi: la contestation s'est poursuivie dans la rue, se mêlant à Tunis de revendications sociales.

Alors que la rentrée des classes dans les écoles primaires, fermées comme tous les établissements scolaires depuis le 10 janvier, doit avoir lieu lundi, l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) a annoncé que les instituteurs allaient rejoindre la contestation par une grève illimitée jusqu'à "la dissolution du gouvernement".

Un but également proclamé samedi par les organisateurs d'une marche sur la capitale, baptisée "Caravane de la libération" par ses initiateurs, qui en soirée avait déjà rassemblé des centaines de personnes dans le centre-ouest du pays, où a débuté la "révolution du jasmin".

Partis de Menzel Bouzaiane, à 280 km au sud de la capitale, où sont tombées sous les balles de la police les premières victimes de la révolte populaire qui a entraîné la chute du régime Ben Ali, les marcheurs arrivaient en soirée à Regueb (260 km au sud de Tunis), où la population devait les héberger.

AFP

Manifestation, le 22 janvier 2011 à Tunis

"Notre but est de faire tomber le gouvernement, notamment les ministres issus du RCD", le Rassemblement constitutionnel démocratique, ancien parti au pouvoir de Ben Ali, a expliqué à l'AFP Rabia Slimane, une institutrice et syndicaliste de 40 ans.

En route pour Tunis, la Caravane va marcher et rouler, espérant grossir le cortège jusqu'à la capitale.

A Tunis, en ce deuxième et avant-dernier jour de deuil national, des milliers de personnes ont manifesté dans le centre ville, avenue Habib Bourguiba, devant le siège du gouvernement, ou celui de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), a constaté l'AFP.

De nombreux policiers en civil ou en uniforme ont défilé pour réclamer un syndicat de police et de meilleures conditions de travail, mais aussi se faire pardonner par la population la répression de la "révolution du jasmin".

Les manifestations, qui ont duré toute la journée, ont pris souvent un tour social: employés de mairie qui exigent une amélioration de leurs conditions de travail, employés de ménage dans les entreprises qui réclament des augmentations de salaires.

Tentant d'apaiser la rue qui craint de se faire confisquer sa révolte, le Premier ministre de transition Mohammed Ghannouchi, a promis vendredi soir qu'il prendrait sa retraite politique après la transition.

AFP

Manifestation à Tunis, le 22 janvier 2011

Dans une interview télévisée, il a aussi annoncé que "toutes les lois antidémocratiques seront abrogées": les loi électorales et antiterroriste, ainsi que le code de la presse. Il s'est engagé à préserver le statut de la femme qui interdit la polygamie, la gratuité de l'enseignement et l'accès à la santé.

Signe de l'ouverture démocratique promise, les douanes ont annoncé samedi la suppression de l'autorisation préalable d'importation des livres, revues, films, véritable censure exercée par l'ancien régime.

"Il y a une volonté de sortie de crise, mais toujours dans la même incompréhension de l'ampleur du rejet exprimé par la population de tous les symboles de l'ancien régime", a réagi samedi l'opposant Mustapha Ben Jaafar, dirigeant du Forum démocratique pour le travail et les libertés.

La rupture ne sera complète qu'avec la démission du gouvernement de transition et "la création d'un Conseil national chargé de rédiger une nouvelle Constitution", selon le Congrès pour la République, le parti de l'opposant historique Moncef Marzouki, représentant de la gauche laïque rentré mardi de son exil en France.

Pour sa part, le leader du mouvement islamiste interdit Ennahdha, en exil à Londres a dit espérer retourner "très bientôt" en Tunisie, dans un entretien à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel à paraître lundi.

"Nous ne voulons pas d'un régime à parti unique, quel qu'il soit, ni instaurer la charia (loi islamique, ndlr). Ce dont la Tunisie a besoin aujourd'hui, c'est de liberté et (...) d'une véritable démocratie", a-t-il déclaré.

Sur le plan international, le Premier ministre tunisien s'est entretenu samedi avec la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton et le Premier ministre français François Fillon, a indiqué l'agence officielle TAP.

Mme Clinton a affirmé sa "solidarité avec le peuple tunisien et l'appui de son pays à la nouvelle orientation" du pays, après la chute de l'ancien régime, tandis que M. Fillon a affirmé le soutien et l'appui de la France "dans tous les domaines".

Cote d'Ivoire: Gbagbo retire l'accréditation de l'ambassadeur de France

ABIDJAN (AFP)

AFP/Archives

Laurent Gbagbo, le 17 janvier 2011 à Abidjan

La tension est montée d'un cran samedi entre la Côte d'Ivoire et l'ex-puissance coloniale française après la décision du président sortant Laurent Gbagbo de retirer l'accréditation de l'ambassadeur de France à Abidjan, nouvel épisode dans la crise post-électorale ivoirienne née de la présidentielle du 28 novembre.

"On a mis fin a l'accréditation de l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire. Il est maintenant considéré comme un sans-emploi, un citoyen français, ordinaire, qui n'est plus pour nous un interlocuteur", a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello.

Cette décision est considérée "comme nulle, non avenue et dépourvue de tout effet juridique", a répliqué le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.

L'ambassadeur de France, Jean-Marc Simon, 63 ans, avait présenté le 7 juillet 2009 ses lettres de créances au président Gbagbo.

La décision de retrait a été prise en réponse à "une note verbale du ministère (français) des Affaires étrangères signalant qu'ils avaient accrédité Ali Coulibaly comme ambassadeur de Côte d'Ivoire en France", a ajouté M. Don Mello.

M. Coulibaly a été nommé par Alassane Ouattara, l'autre président proclamé et reconnu comme seul légitime par la France et la quasi-totalité de la communauté internationale, qui presse M. Gbagbo de partir.

"Comme le reste de la communauté internationale, la France reconnaît sans réserve M. Ouattara comme président", et "la légitimité des déclarations faites par son gouvernement ou au nom de son gouvernement", a souligné le Quai d'Orsay dans son communiqué.

"A l'inverse, les positions et déclarations prétendument faites au nom de la Côte d'Ivoire par ceux qui ne tirent pas les conséquences des résultats des élections présidentielles sont jugées illégales et illégitimes par la France", poursuit le texte.

Le camp Gbagbo a déjà renvoyé début janvier les ambassadeurs britannique et canadien, après le retrait par ces deux pays des accréditations des ambassadeurs ivoiriens. La décision avait aussi été rejetée par Londres et Ottawa.

Ce nouvel épisode aggrave un peu plus les relations déjà tendues entre Paris et le camp Gbagbo, dont la détérioration avait commencé à l'éclatement de la crise ivoirienne de septembre 2002 avant un paroxysme en 2004.

La France "s?ingère de la plus mauvaise manière. Toutes les résolutions qui ont lieu sur la Côte d?Ivoire à l?ONU, c?est la France qui en écrit le +draft+ (version préliminaire)", avait dit fin décembre Laurent Gbagbo dans un entretien à la chaîne de télévision Euronews.

Mi-janvier lors d'un rassemblement de soutien au camp de son mari, Simone Gbagbo avait qualifié le chef d'Etat français Nicolas Sarkozy de "diable".

Ce dernier avait, mi-décembre, adressé - en vain - un ultimatum à M. Gbagbo pour qu'il abandonne son poste sous 48 heures.

Il y avait environ 14.000 ressortissants français, dont la moitié de bi-nationaux, en Côte d'Ivoire avant les violences post-électorales qui ont fait 260 morts depuis la mi-décembre selon l'ONU.

La France y dispose d'une force militaire d'environ 900 hommes, dont le départ a été demandé par M. Gbagbo.

Ce dernier a par ailleurs essuyé samedi un coup dur avec la démission d'un de ses proches, le gouverneur de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'ouest (BCEAO), l'ivoirien Philippe-Henry Dacoury-Tabley.

Il était reproché à M. Dacoury-Tabley de ne pas avoir appliqué une décision des ministres des Finances de l'Uémoa (Union économique et monétaire ouest-africaine), prise le 23 décembre, de donner à Alassane Ouattara, président ivoirien reconnu par la communauté internationale, tous les pouvoirs de gérer au nom de son pays les affaires liées à cette institution et à la BCEAO.

Or, de 60 à 100 milliards de francs CFA (91,5 à 152,4 millions d'euros) ont été décaissés par la BCEAO en faveur du régime Gbagbo depuis lors.