26 décembre, 2011

L’Allemagne, terre d'immigration pour les Européens

LEMONDE |

Berlin Correspondant - En valeur absolue, les chiffres restent faibles, mais en pourcentage, la progression est impressionnante. Au cours du premier semestre de 2011, le nombre de Grecs qui ont émigré en Allemagne a bondi de 84 % (+4 100) et le nombre d'Espagnols ayant fait de même a progressé de 49 % (+ 2 400). Ce sont les données les plus spectaculaires publiées par Destatis, l'Institut de la statistique allemand, jeudi 22 décembre.

Avec un taux de chômage de 6,5 %, l'Allemagne, moins touchée par la crise que la plupart des autres pays européens, attire. Au premier semestre, 435 000 personnes s'y sont installées, soit une hausse de 19 % par rapport à 2010, qui était déjà une année où l'immigration avait été importante. Si, jusqu'en 2002, l'Allemagne enregistrait plus de 800 000 entrants chaque année, ce nombre a diminué entre 600 000 et 700 000 les années suivantes. En 2010, 798 000 immigrants se sont inscrits dans une commune, démarche nécessaire pour obtenir le moindre document administratif et sur laquelle reposent les statistiques.

Sur les 435 000 nouveaux arrivants de la première moitié de 2011, 330 000 viennent d'Europe, dont 82 000 de Pologne et 47 000 de Roumanie. Par ailleurs, 14 000 viennent de Turquie, également 14 000 d'Afrique, 28 000 d'Amérique et 54 000 d'Asie.

Dans le même temps, 300 000 personnes ont quitté l'Allemagne. Sur ce nombre, 223 000 ont migré vers un autre pays européen, dont 41 000 Polonais et 23 000 Roumains. 15 500 sont parties en Turquie, 9 700 en Afrique, 24 000 en Amérique et 35 000 en Asie.

Le début de l'année a été marqué par un autre phénomène : la libre circulation, à partir du 1er mai, des travailleurs venus de huit pays d'Europe centrale et orientale. Ni la Roumanie ni la Bulgarie ne sont concernées. Selon l'IAB (Institut für Arbeitsmarkt und Berufsforschung), du 1er mai au 1er octobre, seuls 41 000 migrants se sont installés en Allemagne en provenance de ces huit pays, soit 51 % de plus que sur la même période de 2010.

En raison des retours, le solde migratoire devrait, sur l'année, être compris entre 50 000 et 60 000 personnes, bien moins que prévu. Certains instituts avaient misé sur un million d'entrées.

APPRENTISSAGE OBLIGATOIRE DE L'ALLEMAND

Les débats très vifs sur l'intégration que le pays avait connus à la fin de 2010 se sont calmés. Le gouvernement vient d'annoncer de nouvelles mesures pour favoriser l'immigration de salariés qualifiés.

En novembre, la fondation Genshagen et l'Institut Montaigne avaient publié un sondage réalisé en France et en Allemagne. Dans les deux pays, 43 % des personnes interrogées estiment que l'intégration des immigrés fonctionne "plutôt mal". Mais en Allemagne, 42 % estiment qu'elle fonctionne "plutôt bien" et 4 % "très bien". 9 % seulement jugent qu'elle fonctionne "très mal". En France, 31 % jugent qu'elle fonctionne "très mal", 19 % "plutôt bien" et 4 % "très bien".

Si 50 % des Allemands et 39 % des Français estiment que le manque de volonté des immigrés constitue un des principaux obstacles, 31 % des Français et seulement 19 % des Allemands évoquent le manque d'emploi comme un facteur important. Dans les deux pays, environ 40 % mettent en avant le manque de tolérance de la société d'accueil et les différences culturelles trop prononcées.

Pour y remédier, les Allemands mettent en avant l'apprentissage obligatoire de l'allemand (60 %) et l'intégration scolaire dès le plus jeune âge (57 %), alors que les Français privilégient (à 44 %) la connaissance obligatoire des principales lois et traditions françaises.

Frédéric Lemaître

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