09 décembre, 2011

Labellisé Pfaff, le café lavé d'une coopérative camerounaise fait recette en Europe

YAOUNDE (Xinhua) - Erigé en modèle pour d'autres pays d'Afrique, voire des Caraïbes et du Pacifique, les deux autres blocs du groupe (ACP), par le Centre du commerce international (ITC), le café labellisé "Pfaff" produit par la Société coopérative agricole des planteurs de la Mifi, du Koung-Khi et des Hauts-Plateaux (CAPLAMI) au Cameroun, est réputé avoir conquis l'Europe. (Par Raphaël MVOGO)
Labellisé Pfaff, le café lavé d'une coopérative camerounaise fait recette en Europe

En particulier à Paris en France où il est prévu d'être présenté en janvier au Conseil d'administration de l'Association des producteurs de café français, ce modèle de café robusta lavé fait recette dans les rayons de vente pour une qualité dégustatrice jugée singulière, à en croire Ian Sayers, coordonnateur du programme de développement des secteurs et de la compétitivité des secteurs d'ITC.


Créée en 1958, soit deux ans avant l'indépendance du Cameroun le 1er janvier 1960, avec 30.000 membres, CAPLAMI, implantée dans l'ouest de ce pays d'Afrique centrale, possède depuis 1995 une usine de traitement du café nature en café lavé ou café "fully washed", a rapporté à Xinhua lors d'une réunion des acteurs de la filière mercredi et jeudi à Yaoundé son directeur, Norbert Fotsing.


"En termes de café tout court, a expliqué celui-ci, la CAPLAMI a fait jusqu'à 3.000 tonnes. Mais aujourd'hui, ça a beaucoup baissé. On se situe dans les 500 tonnes. Pour ce qui est du café "fully wash", il y a eu une période où, quand la production du café était encore vraiment très bonne, parce que nous avons commencé le "fully wash" vers 1995, nous avons produit jusqu'à 300 tonnes de "fully wash".


En raison de la morosité du marché due à une chute des cours mondiaux puis à la libéralisation du secteur au Cameroun au début des années avec pour corollaire l'arrêt des subventions des pouvoirs publics aux producteurs suivi de l'abandon de la culture par beaucoup de planteurs, la production de ce café marchand est descendue à quelque 100 tonnes aujourd'hui, a souligné Fotsing.


Avec un pic de 132.000 tonnes et 107.319 tonnes d'exportations en 1986, un record jamais réédité, la production nationale, en général de 100.000 tonnes en moyenne, avait atteint le fond en réalisant une récolte de 15.600 tonnes en 1992, année même de la libéralisation, d'après les statistiques officielles.


Plus attractif, le café "fully washed" a une meilleure appréciation commerciale sur les marchés internationaux par rapport au café nature, assurent les spécialistes. "Evidemment, les planteurs continuent à produire leur café qui est acheté et vendu, mais généralement à un prix moindre par rapport au prix du café "fully wash", confirme le directeur de CAPLAMI.


"Donc, atteste-t-il, le café 'fully wash' est vendu avec une prime, parce que les acheteurs qui connaissent le bon l'achètent au cours du jour avec des primes parce que la qualité est vraiment bonne. Alors que l'autre café produit par les planteurs est acheté avec une décote, c'est-à-dire avec une diminution des prix, parce que la qualité n'est pas toujours assurée".


Avec sa première station de lavage installée à Bafoussam, la principale ville de la région de l'ouest du Cameroun, CAPLAMI affirme avoir copié l'expérience à travers des voyages d'études au Burundi et au Rwanda, où la production du café "fully wash" passait pour être très répandue. Grâce à un projet pilote du gouvernement entrepris en 2010 avec le concours des bailleurs de fonds internationaux, elle s'est enrichie d'une deuxième usine, à Bandjoun, à proximité de Bafoussam.


Sous le label "Pfaff", son café produit dans le cadre de ce projet se présente sous forme d'un sachet de 250 g. Preuve de son succès international, il figure dans la "collection Dynastie de grands crus d'arabica", en France, avec ses caractéristiques d'origine. Ainsi, l'étiquette vante le café CAPLAMI comme "100% arabica pure origine", issu d'une plantation de trois hectares.


"Torréfaction artisanale depuis 1930, les cafés Pfaff sélectionnent et assemblent les meilleurs arabica du monde", indique le label français ayant jeté son dévolu sur le café camerounais "issu de lé région du Koung Ki (...) sur les hautes terres de l'Ouest-Cameroun".
"Torréfié à la demande, précise-t-il, ce café garantit une fraîcheur et une qualité de fabrication que seul un torréfacteur traditionnel peut vous proposer".


Pour la note de dégustation, la marque française fait savoir, s'agissant du nez, que c'est un café "intense et flatteur, développe des notes d'épices douces, de fruits secs et de frangipanes ainsi que des notes de jasmin et d'agrumes (citron)". Pour la bouche, poursuit-elle, "l'attaque est vivace et aromatique, le milieu riche". Et enfin la finale : "pure et légèrement acidulée. Une remarquable persistance aromatique".


Avec le café "fully washed" ou café marchand, le Cameroun, 12e producteur mondial de café en 1986 relégué aujourd'hui au 22e rang, nourrit des ambitions pour reconquérir le marché international. Sur une production totale estimée entre 35.000 et 40.000 tonnes l'an désormais, l'arabica n'en enregistre que 4.000 tonnes pour l'arabica contre 20.000 tonnes.

Pour Norbert Fotsing, la production de ce café "consiste à prendre du café aux planteurs en cerises rouges, à les trier, à ne conserver que de très bonnes cerises, à dépulper, à fermenter dans les conditions vraiment bien étudiées, au plus à 36 heures, à laver ce café et encore à laisser sous eau, le sécher et obtenir un café où l'acidité est vraiment très recherchée, un café homogène qui permet au goût d'avoir un café nettement meilleur que celui qui est produit au niveau des planteurs".

Selon lui, au niveau des planteurs, les conditions de traitement ne sont pas homogènes. Chez certains, le café est trop humide, chez d'autres il présente une eau très sale, et les conditions de séchage ne sont pas toujours adéquates, de sorte que "la production de café chez le planteur ne donne pas toujours un très bon résultat. Soit il est très fermenté, soit il est moins fermenté".


"Alors qu'au niveau de la station de dépulpage des règles sont vraiment respectées pour produire un café de qualité, qui permet au niveau du marché mondial", décrit l'opérateur pour qui encore "pour avoir un kilo de café marchand, il faut avoir 6 kilos de cerises". A l'achat, une avance de 200 francs CFA (0,4 USD) le kilo de cerise est payée au planteur, le reste dépendant des coûts de traitement et de vente du produit sur le marché international.


Pou l'heure, le marché est dopé par des cours record, établis à 2350 francs CFA (4,7 USD) pour le prix FOB. Soit un important marché de niches pour lequel le directeur général de l'Office national du cacao et du café (ONCC), Michael Ndoping, appelle les opérateurs à se mobiliser afin d'en exploiter les opportunités.

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