01 décembre, 2011

Belgique : un accord de gouvernement après 535 jours de crise

Bruxelles (Belgique), mercredi. Le socialiste francophone Erio di Rupo va être chargé de former un gouvernement de coalition avec les chrétiens démocrates et les libéraux

Bruxelles (Belgique), mercredi. Le socialiste francophone Erio di Rupo va être chargé de former un gouvernement de coalition avec les chrétiens démocrates et les libéraux | AFP PHOTO/ BELGA/CHRISTOPHE LEGASSE

Enfin ! Au terme d'une politique de 535 jours - un record mondial - la Belgique va pouvoir se doter d'un . A la suite d'un accord de principe trouvé mercredi soir, celui-ci sera appelé à être dirigé par un francophone, Elio Di Rupo. Concluant les négociations engagées depuis août, les six partis flamands et francophones ont scellé un compromis sur le programme du futur cabinet.

Une source proche des discussions confirme «un accord global» portant «sur la réforme de l'Etat, le socio-économique et le programme du gouvernement». Avant de sceller l'accord, les négociateurs doivent procéder ce jeudi à une ultime relecture du lourd document (185 pages). Il restera à le faire approuver ce week-end par les congrès des partis et à répartir les portefeuilles. Le gouvernement devrait alors pouvoir prêter serment en début de semaine prochaine, refermant ce chapitre difficile de l'histoire de la Belgique.

Elio Di Rupo : «C'est le bout du tunnel»

Depuis avril 2010, le royaume est dirigé par un gouvernement en affaires courantes, avec le Flamand Yves Leterme à sa tête. Le président du parti socialiste wallon et futur Premier ministre, Elio Di Rupo, a quitté les négociations dans la soirée de mercredi, tout sourire. «C'est le bout du tunnel», avait déjà prophétisé en arrivant la vice-première ministre et négociatrice PS, Laurette Onkelinx. Le nouveau gouvernement devra toutefois encore obtenir l'investiture de la chambre des députés.

Dans ce pays tiraillé entre ses deux communautés flamande (néerlandophone) et wallonne (francophone), les négociations duraient depuis les élections du 13 juin 2010, soit 535 jours. Elio Di Rupo, 60 ans, a été désigné par le roi pour former le gouvernement. Premier chef de gouvernement francophone de Belgique depuis trente-deux ans, il sera le premier socialiste à ce poste depuis 1974, à un moment où partout en Europe la gauche est en recul. Il sera aussi un des seuls Premiers ministres ouvertement homosexuel dans le monde.

C'est finalement la crise de la dette qui a contraint les deux grandes communautés à s'entendre. Vendredi, l'agence de notation Standard & Poor's a dégradé la Belgique, poussant les partis, qui se querellaient des questions budgétaires, à sceller un compromis. Ils se sont ainsi entendus dimanche sur un budget de rigueur pour réduire le déficit du pays à 2,8% du PIB en 2012 et atteindre l'équilibre en 2015, conformément aux demandes de la Commission européenne.

Une coalition hétéroclite

Elio Di Rupo dirigera une coalition politiquement hétéroclite regroupant socialistes, démocrates-chrétiens et libéraux francophones et flamands. Ni les Verts, ni surtout les nationalistes flamands de la N-VA, pourtant première formation politique de Flandre, n'y participeront. Ce qui fait peser une hypothèque sur la suite car la N-VA compte mener une campagne de sape. «Ce sera un gouvernement de minorité du côté flamand qui imposera des économies qu'une majorité de Flamands devra payer», tempête déjà le bouillant leader de la N-VA, Bart De Wever.

La crise politique a révélé la profondeur du fossé qui sépare les Flamands au Nord (60% de la population) et les francophones de Bruxelles et de la Wallonie au Sud. Les premiers ont fini par obtenir une autonomie régionale renforcée qu'ils réclamaient. Mais la question de la survie unitaire du pays risque de se reposer, tant les forces centrifuges qui le travaillent restent à l'oeuvre.

LeParisien.fr

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