28 novembre, 2011

Syrie - Un niveau de violence « afghan » ou « irakien »

L’OSDH a annoncé que 17 soldats victimes des groupes armés ont été portés à leur dernière demeure samedi 26 novembre à Homs. Des obsèques un peu plus médiatisées que d’habitude, le gouvernement ayant voulu rappeler que la Syrie était en état de légitime défense.

Par Louis Denghien,

Funérailles de 17 soldats à Homs, le 26 novembre...

En tout, 22 soldats ont été portés en terre samedi selon l’OSDH et 25 selon l’agence officielle syrienne Sana qui précise que les victimes sont tombées à Homs, Hama et dans la banlieue de Damas, et que six de ces « martyrs » sont des pilotes victimes d’une embuscade tendue contre leur véhicule, jeudi.

Sana qui rend compte de nouvelles obsèques, dimanche 27 novembre, de neuf autres soldats et policiers tombés entre Homs et Hama.

Par ailleurs huit soldats – ce sont sans doute ceux enterrés dimanche – avaient été tués – et 40 blessés – ce même samedi dans une embuscade tendue par des déserteurs dans la région d’Idleb/Ma’arat al-Numan, dans le nord du pays.

Dans la nuit de vendredi à samedi, 10 autres soldats seraient tombés dans des combats avec des déserteurs ou du moins les activistes que les médias ont pris l’habitude de présenter comme tels.

Et jeudi, selon les chiffres toujours sujets à caution de l’OSDH, 23 soldats et 15 « déserteurs » avaient péri dans des affrontements entre Homs, Hama et Rastan – peut-être bien ceux dont Sana annonce les funérailles samedi 26 novembre.

Funérailles de 9 soldats à Homs le 27 novembre...

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L’ASL, fauteur de guerre civile et, si possible, d’agression étrangère

Un fait est en tout cas patent : les combats entre forces de l’ordre et opposants armés sont quotidiens et de plus en plus sanglants : si l’on additionne les chiffres fournis pour jeudi, vendredi et samedi par l’OSDH – et en partie corroborés par Sana – on arrive à une quarantaine de victimes pour les trois ou quatre derniers jours.

La Syrie est confrontée, non pas à une insurrection populaire – même si ça et là des manifestations réunissent quelques centaines ou quelques milliers de personnes – mais à une guérilla armée – pas forcément structurée et coordonnée militairement – forte de quelques milliers d’hommes sur tout le territoire, équipés et armés par des transferts de matériel via les frontières turque, jordanienne, libanaise.

La responsabilité du clan libanais Hariri et d’au moins certains secteurs du gouvernement et des services turcs est clairement engagée.

Et on peut aussi pointer la bienveillance certainement active de l’Arabie Séoudite ou du Qatar. La Jordanie vient de reconnaître la réalité des trafics d’armes transitant vers la Syrie depuis son territoire et s’est engagée à y mettre fin.

Le Liban collabore aussi avec Damas pour juguler « sa » filière. En revanche, une telle collaboration n’existe évidemment pas entre Ankara et Damas.

Le niveau et le rythme des pertes enregistrées par les forces de l’ordre – une dizaine par jour cette dernière semaine, sans compter les blessés – sans oublier les décès survenus ans les rangs des activistes, s’apparente au niveau quotidien de violence enregistré en Irak et en Afghanistan.

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L’« Armée syrienne libre », nouvelle coqueluche des médias occidentaux, s’attribue l’essentiel de ces attaques, mais il est exclu qu’elle ait le monopole de la violence anti-régime : encore une fois des groupes d’obédience islamiste sont à l’œuvre depuis le début de la crise en Syrie, et se moquent bien des consignes du colonel Ryad al-Asaad, chef auto-proclamé de l’ASL, qui prétend coordonner depuis le territoire turc toutes les actions dirigées contre les soldats et policiers syriens.

Il est presque certain que le sigle ASL est devenu, – c’est plus ou moins le cas déjà pour al-Qaida – une sorte de « marque franchisée », sous la bannière de laquelle les activistes de toute obédience, ou même des bandits de droit commun, revendiquent leurs actions.

Le fait est qu’à défaut d’être toujours et partout présente sur le terrain militaire, l’ASL occupe bien le terrain médiatique : al-Asaad a notamment réclamé, jeudi 24 novembre, des frappes aériennes de l’OTAN contre certaines « cibles stratégiques » en Syrie, et plus précisément

« les missiles avec lesquels le régime pourrait menacer la région ». Quelle région ? Le « colonel » de l’ASL pense-t-il à ses protecteurs turcs ?

Essaie-t-il ainsi d’accréditer la possibilité de frappes de missiles syriens contre son voisin ?

On voit à quel point comme des personnages comme cet al-Asaad s’efforcent à tout prix d’internationaliser un conflit que certes l’ASL, en dépit de ses coups de main et de ses proclamations triomphalistes, serait bien en peine de gagner.

Guerre civile, intervention étrangère, c’est tout le programme de l’ASL – et du CNS qui la couvre – qui à défaut de pouvoir « libérer » la Syrie compte bien l’irakiser.

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