23 novembre, 2011

La répression en Syrie condamnée à l'ONU

Manifestation antirégime à Hama, en Syrie

Photo: AFP/YouTube

Manifestation antirégime à Hama, en Syrie

La commission des droits de l'homme de l'Assemblée générale des Nations unies a condamné mardi la Syrie pour sa répression du mouvement de contestation du régime de Bachar Al-Assad.

La commission onusienne a adopté par une très forte majorité, soit 122 votes pour, 13 contre et 41 abstentions, la résolution non contraignante qui condamne les « exécutions arbitraires » et « l'usage excessif de la force » contre les manifestants qui réclament le départ du président Bachar Al-Assad.

La résolution appelle les « autorités syriennes à cesser immédiatement toutes les violations des droits de l'homme » de même que la « persécution » exercée par le régime syrien à l'encontre des manifestants. De plus, le texte « condamne sévèrement les violations des droits de l'homme graves et systématiques par les autorités syriennes », ainsi que « le meurtre de manifestants et de défenseurs des droits de l'homme ».

La résolution condamne également « les détentions arbitraires, les disparitions forcées, la torture et les mauvais traitements infligés aux détenus, dont des enfants ». Elle appelle les autorités syriennes « à mettre en oeuvre le plan d'action de la Ligue arabe dans sa totalité et sans délai ».

Absentions notables de la Russie et de la Chine

Élaborée par la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, la résolution était parrainée par 13 pays arabes, dont Bahreïn, Oman, la Jordanie, le Koweït, le Maroc, le Qatar, le Soudan, la Tunisie, la Mauritanie, les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite. L'Égypte a également voté pour, de même que la Libye et la Turquie, ancienne alliée de Damas.

L'Algérie, le Yémen, le Liban et les Comores se sont abstenus. La Russie et la Chine ont fait de même. En octobre, ces deux pays avaient bloqué un projet de résolution similaire au Conseil de sécurité, où ils disposent d'un droit de veto. Des diplomates estiment que cette abstention pourrait annoncer un changement de position.

Parmi les pays qui ont voté contre la résolution, on retrouve l'Iran, la Corée du Nord, la Biélorussie, le Nicaragua, le Venezuela et le Vietnam.

Les trois pays européens parrains de la résolution se sont félicités du vote de mardi, espérant que le Conseil de sécurité emboîtera le pas. Les 15 nations du Conseil de sécurité sont actuellement dans une impasse sur la Syrie en raison de l'opposition de la Chine et de la Russie.

L'ambassadeur allemand à l'ONU, Peter Wittig, a estimé que le Conseil de sécurité ne pouvait plus rester à la traîne. « Nous allons encourager le Conseil de sécurité à revenir sur cette question », a-t-il déclaré.

De son côté, l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar Djaafari, a accusé la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne « d'incitation à la guerre civile » dans son pays. Il a aussi qualifié le texte d'initiative politique inspirée par les États-Unis.

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan

Photo: La Presse Canadienne /AP

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan

Le premier ministre turc appelle Bachar Al-Assad à quitter le pouvoir

De son côté, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté le président syrien Bachar Al-Assad à quitter le pouvoir afin de « prévenir davantage d'effusion de sang » dans le pays.

La Turquie est le deuxième pays voisin de la Syrie à demander le départ du chef d'État syrien. Le roi de Jordanie Abdallah II lui a lancé un appel similaire la semaine dernière.

Pour le salut de ton peuple, de ton pays et de la région, quitte désormais le pouvoir.

— Recep Tayyip Erdogan

Ces déclarations de M. Erdogan devant le groupe parlementaire de son Parti de la justice et du développement marquent une nouvelle dégradation des relations entre la Turquie et la Syrie.

Le premier ministre turc est revenu une fois de plus sur les propos que M. Assad a tenus au quotidien Sunday Times. Le président s'est dit « tout à fait » prêt à combattre et à mourir s'il devait affronter des forces étrangères.

« Combattre jusqu'à la mort contre son propre peuple ne relève pas de l'héroïsme, mais de la lâcheté. Si tu veux voir quelqu'un qui a lutté à mort contre sa propre population, regarde l'Allemagne nazie, Hitler, Mussolini ou la Roumanie de Ceausescu », a ajouté M. Erdogan.

Le premier ministre turc a aussi appelé Bachar Al-Assad à tirer les leçons du sort subi par l'ex-leader libyen Mouammar Kadhafi, tué en Libye le 20 octobre dans des circonstances encore floues.

Pourquoi n'as-tu pas combattu jusqu'à la mort pour le plateau du Golan [annexé par Israël]?

— Recep Tayyip Erdogan s'adressant à Bachar Al-Assad

Lundi M. Erdogan avait affirmé que les jours de M. Assad au pouvoir étaient comptés. « Le jour viendra où tu partiras aussi », lui a-t-il lancé, en soulignant qu'on ne peut se maintenir au pouvoir « avec des chars et des canons ».

M. Erdogan a aussi appelé Damas à assurer la sécurité des représentations diplomatiques et des ressortissants turcs dans le pays.

Dans la nuit de dimanche à lundi, des autocars transportant des pèlerins turcs revenant du pèlerinage du hadj à La Mecque, en Arabie saoudite, ont essuyé des tirs qui ont blessé deux personnes.

Des missions turques ont précédemment été attaquées par des manifestants progouvernementaux.

Depuis le début du soulèvement populaire, qui a fait quelque 3500 morts en Syrie selon l'ONU, quelque 7000 Syriens ont trouvé refuge dans la province de Hatay, dans le sud de la Turquie.

Le Conseil national syrien, qui représente différents courants de l'opposition au régime syrien, mène aussi des activités en Turquie. L'Armée syrienne libre, qui prône la lutte armée, est également dirigée par un colonel syrien réfugié en Turquie, Riad Al-Asaad.

La Syrie et la Turquie ont une frontière commune d'environ 850 kilomètres.

Nouvelles violences

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 21 civils et 5 déserteurs de l'armée ont été abattues les forces fidèles au président Bachar Al-Assad.

Cinq enfants sont au nombre des victimes. « Quatre jeunes de 10, 11, 13 et 15 ans ont été tués par des tirs indiscriminés de la part de militaires et membres de services de sécurité postés à un point de contrôle à Houlé », une localité au nord-ouest de Homs, indique l'OSDH. Un garçon de 12 ans a aussi été tué lors d'une manifestation à Deïr al Zor, dans l'est du pays.

L'organisation, basée à Londres, rapporte aussi que trois civils ont été abattus dans la ville de Homs, à 160 km au nord de Damas, et qu'un autre a subi le même sort à Talbissé, à 15 km au nord de Homs.

Les quatre déserteurs ont été tués lorsque des soldats ont pris d'assaut la ferme où ils se cachaient près de la ville de Deraa, dans le Sud, non loin de la frontière jordanienne. Un déserteur a aussi été abattu à Qousseir, au sud de Homs.

À Idleb, à 320 km au nord-ouest de Damas, trois frères ont été tués par les forces de sécurité alors qu'ils circulaient en voiture.

Radio-Canada.ca avecAgence France Presse et Reuters

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