18 novembre, 2011

Etats-Unis: la magie du cinéma s'empare d'une ville en déclin de l'Indiana

"Pour que des films à petit budget paraissent au contraire avoir été réalisés avec beaucoup d'argent, rien de tel que de la rouille, de la poussière et de la saleté", assure Kely McClung, réalisateur américain de film d'action.

"Pour que des films à petit budget paraissent au contraire avoir été réalisés avec beaucoup d'argent, rien de tel que de la rouille, de la poussière et de la saleté", assure Kely McClung, réalisateur américain de film d'action.

Usines délabrées, maisons en ruines, devantures de magasins barricadées, routes défoncées et églises à l'abandon: à Gary, cité industrielle en déclin de l'Indiana (nord) jadis surnommée "la ville du siècle", la magie du cinéma s'empare petit à petit des lieux.

"Pour que des films à petit budget paraissent au contraire avoir été réalisés avec beaucoup d'argent, rien de tel que de la rouille, de la poussière et de la saleté", assure Kely McClung, réalisateur américain de film d'action.

Dans l'imposante église gothique laissée à l'abandon depuis une trentaine d'années dans le centre de Gary, l'équipe de tournage du film d'horreur "Altered" s'affaire, repoussant décombres et pigeons.

"C'est l'endroit parfait pour tourner un film à suspense", assure le réalisateur qui a désormais élu domicile non loin de là.

"De nombreuses histoires peuvent être racontées dans ce genre d'endroit", ajoute-t-il. "Il n'y a pas seulement cette église. Il y a des gares, des hôpitaux, des salles de spectacles, des usines, des maisons...", énumère-t-il.

Fondée en 1906 par la compagnie américaine des aciéries (United States Steel Corporation) sur les bords du lac Michigan, non loin de Chicago, Gary est passée de 178.000 habitants en 1960 à tout juste 80.000 aujourd'hui, un déclin partagé avec bien d'autres villes industrielles du pays.

Et, après avoir connu son époque de gloire, la ville natale du chanteur Michael Jackson est désormais minée par la pauvreté, la violence et les crimes.

Cependant, elle pourrait renaître de ses cendres. Ben Clement, un ancien présentateur de télévision de l'Ohio (nord-est), désormais chargé du développement économique de la ville --qui n'a pas les moyens de démolir ses milliers de bâtiments laissés à l'abandon-- a décidé il y a quelques années qu'il était temps de faire quelque chose.

En 1997, il crée le Gary Office of Film and Television et depuis il a réussi à attirer dans la ville des centaines d'équipes de tournage.

"Vu que de toute manière ces bâtiments se trouvent là et qu'ils ont un certain intérêt esthétique ou ésotérique, attractif pour les réalisateurs, pourquoi ne pas en tirer avantage?", explique-t-il.

L'église gothique en ruines a ainsi servi de lieu de tournage à 75 oeuvres au moins, dont les films de science-fiction "Transformers 3" et d'épouvante "Freddy - Les Griffes de la nuit".

Depuis février, Gary a même son propre festival de cinéma, consacré aux réalisateurs noirs.

Cependant, à défaut de structures adaptées pour accueillir les équipes de tournage, la plus grande partie de l'argent qu'elles pourraient apporter à Gary est dépensé dans d'autres villes plus dynamiques de sa banlieue.

Sans compter que le coût pour le tournage d'un film dans un des bâtiments laissé à l'abandon reste faible, ce qui ne permet pas de faire rentrer beaucoup d'argent dans les caisses de la ville, selon Ben Clement. Ainsi, la location d'un lieu pour un jour coûte 500 dollars pour les longs-métrages, 250 pour les courts-métrages et 50 pour les oeuvres d'étudiants.

Mais l'argent n'est pas tout. "Des milliers de personnes ont assisté au tournage de +Transformers+", souligne Ben Clement. "Qui sait quelle étincelle a jailli dans l'imagination des enfants qui étaient là", ajoute-t-il songeur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire