28 novembre, 2011

BURKINA, NIGER ET MALI: les réponses aux menaces terroristes et à la crise alimentaire

FOCUS SUR L'ACTUALITÉ


Des menaces de crise alimentaire et de terrorisme planent sur le Mali, le Burkina et le Niger. Les chefs d’Etat de ce trio de pays enclavés, se sont penchés sur ces questions à la conférence de haut niveau de l’Autorité du Liptako-Gourma, le 24 novembre 2011 à Niamey.

Réunis autour des grands projets de développement au Sahel, les présidents Blaise Compaoré du Burkina Faso, Issoufou Mahamadou du Niger et Amadou Toumani Touré du Mali ont exprimé leurs inquiétudes face aux problèmes d’insécurité dans la vaste zone du Liptako-Gourma, à cheval sur les trois pays. Le premier type d’insécurité qui menace ces pays est celle dirigée, notamment contre les ressortissants européens.

On se souvient encore de la prise d’otages de deux Français, le 7 janvier 2011 au Niger, qui s’est achevée en territoire malien, avec à la clé la mort des otages. La chasse aux terroristes sur un itinéraire allant d’un pays à un autre s’était complexifiée pour les sauveteurs, mais pas pour les terroristes. L’armée nigérienne s’était arrêtée à sa frontière quant les terroristes l’avaient franchie allègrement. Les chefs d’Etat se sont alors inquiétés des « menaces transfrontaliers » qui, à leurs yeux, « constituent un frein au développement de la région ». D’autant que ces actes sont de nature à faire baisser les recettes touristiques et à créer des brouilles diplomatiques avec certains partenaires. Leur inquiétude est d’autant plus fondée qu’au moment où ils s’exprimaient, deux Français avaient été enlevés au Mali, à leur hôtel d’Ombori.

Quatre autres dont un tué, allaient être victimes le lendemain, d’attaques de ravisseurs. Si le Mali est actuellement au-devant de l’actualité sur cette question, le Niger a aussi connu ses heures sombres d’attaques, notamment avec la capture des employés d’Areva en pleine ville d’Arlit, suivie quelques semaines plus tard, de la prise d’otages des deux français cités plus haut. Quant au Burkina, il est pour le moment épargné des actes terroristes, mais pas des menaces. Des volontaires américains avaient été évacués du Nord du pays, tandis que la France mettait à l’abri ses ressortissants exerçant à l’Est du Burkina sur la base d’informations peu rassurantes. Le second type d’insécurité dans cette partie d’Afrique de l’Ouest est d’ordre alimentaire. Blaise Compaoré et ses pairs se sont dit préoccupés de la situation alimentaire du fait du déficit pluviométrique de cette saison. Il y a menace de crise alimentaire, d’où leur appel à la communauté internationale « à accompagner les Etats dans leurs efforts, pour juguler la crise alimentaire qui en découle ».

Ces Etats aux contextes similaires, sont les seuls sans littoral en Afrique de l’Ouest, peu désenclavés par les voies routières et ferroviaires, a fortiori aéroportuaires. C’est l’une des raisons pour lesquelles ils sont réunis autour de l’Autorité du Liptko-Gourma, appelée à devenir une agence de développement à l’horizon 2015. Blaise Compaoré propose donc de façon générale, « l’agrégation des forces et des potentialités », une question qui lui paraît « essentielle ». Plus spécifiquement, il propose « d’œuvrer au désenclavement intérieur, à travers la construction de routes reliant les villages à leur chef-lieu de commune et au réseau classé ». Ses préoccupations devraient également se traduire par la réalisation du « chemin de fer du Sahel ». Il a, en outre, exprimé le « ferme attachement » de chefs d’Etat à la construction d’une « zone sahélienne stable et prospère ».

Les menaces terroristes et les crises alimentaires sont donc à contrer pour atteindre un tel objectif. « Liptako viendrait du mot peulh, Libtako qui signifie ‘‘qu’on ne peut terrasser’’, a rappelé le président nigérien, Issoufou Mahamadou, qui espère que l’organisation commune qui regroupe les trois pays, hérite des gènes de cette force d’antan et résistera aux assauts des terroristes.

Aimé Mouor KAMBIRE



Les coulisses du Sommet de l’Autorité du Liptako-Gourma

Sommet cauchemardesque pour un M. C.

Le maître de cérémonie a passé certainement le plus mauvais temps de sa vie d’animateur. Pour annoncer l’arrivée des chefs d’Etat, il a saisi le micro pour dire : « S’il vous plaît, leurs excellences M. le président de la République ! ».
Comme cela a mal commencé, il passe à l’impair suivant citant son excellence le président de la conférence (Blaise Compaoré, ndlr) et son excellence le président de la République du Mali. Celui du Niger est oublié. Puis, il annonce le programme où figure l’hymne du Liptako-Gourma qui n’aura finalement pas lieu. L’heure des allocutions ayant sonné, il prévient qu’il n’y aura plus de discours de bienvenue (celui du maire de Niamey). Dit-il, « nous allons continuer sans…maintenant accueillons le discours du président…le maire de la ville…oui les oulemas ». Le président du Faso qui le regardait d’un air amusé, a fini en rigolades, tout comme ses camarades du présidium. C’est bien les oulemas qui ont ouvert le sommet par une prière de bénédiction qui n’a pas eu d’effet sur le MC. Car à l’heure de la pause musicale, il a invité le public à accueillir « la Troupe… s’ils sont prêts ». Enfin, il lui fallait annoncer la fin de la première partie, pour permettre aux chefs d’Etat de se retirer pour un huis clos et décliner la suite du programme. Mais il s’était égaré pour longtemps dans ses petits papiers. Agacé, le ministre nigérien du Plan a quitté le présidium pour le secourir. Ce qui a fait dire à un membre de la délégation burkinabè que ce MC a « gâté son manger » pour toujours.

La religiosité nigérienne est visible

Le Niger est un pays laïc, mais la religiosité des Nigériens est visible et lisible. Juste à l’entrée du palais présidentiel à Niamey, l’écriteau sur une pancarte commence par « Allah est notre Dieu ». Aussi, la rencontre du sommet des chefs d’Etat de l’Autorité du Liptako-Gourma a-t-elle commencé par une prière des oulemas. A l’intérieur du palais des congrès, on peut aussi remarquer un endroit pour les ablutions. C’est l’espace le plus en vue dans les toilettes et qui malheureusement, est pris pour un urinoir.

Rassemblés par AMK

© Copyright Sidwaya

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire