15 novembre, 2011

Avec Sarkozy, c'est travailler plus pour se soigner moins»

RÉACTIONS - Suite aux annonces faites par le chef de l'Etat sur la lutte contre la fraude fiscale, l'opposition et les syndicats s'insurgent contre la volonté du gouvernement de «punir les malades».

«Avec M. Sarkozy, c'est travailler plus pour se soigner moins». La formule, qui reprend le slogan de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, est de Jean-Marie Le Guen. Le député socialiste de Paris s'est élevé contre l'arsenal anti-fraude dévoilé mardi, à Bordeaux, par le chef de l'Etat. «Pourquoi la santé est-elle mise à l'encan, les victimes et les coupables sont toujours les malades ? C'est une drôle de pensée sociale et politique», estime-t-il. «Pour s'en sortir, il cherche des boucs émissaires, les malades, les socialistes, les réformes d'hier et d'avant-hier. Tout cela n'est pas sérieux», ajoute le parlementaire, qui assure, que «la fraude sociale tout compris, c'est 1/1000e des dépenses sociales de notre pays».

Même son de cloche chez Jean-Luc Mélenchon, qui estime que «la fraude aux prestations alors qu'elle ne représente que 20% du total de la fraude sociale». Pour le candidat du Front de gauche, la droite «reste silencieuse face aux responsables de 80 % de la fraude : les patrons voyous qui soustraient 14 milliards par an de recettes aux régimes sociaux. L'arsenal anti-fraude de Sarkozy n'est donc pas fait pour améliorer les comptes sociaux mais juste pour mener une bataille idéologique».

«Taper sur les salariés et les pauvres devient un argument électoral», renchérit Philippe Poutou, le candidat du NPA. «Mais Sarkozy va comme d'habitude rater volontairement le plus gros gibier!». Car «la sous-déclaration massive des cancers professionnels et des troubles musculo-squelettiques, les pressions sur les salariés pour qu'ils renoncent à déclarer les accidents du travail sont le sport favori des patrons pour payer le moins de cotisations possibles». Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, note pour sa part que «pour la droite, chaque personne en congé de maladie est un fraudeur en puissance qu'il faut punir. Alors en plus, s'il cumule avec un statut de fonctionnaire, il s'agit sûrement d'un Bernard Madoff en puissance ! Sauf que personne n'est dupe de la manœuvre!»

«Une attaque contre les salariés les plus fragilisés»

«Une fois de plus le gouvernement agit au coup par coup avec une idée par semaine. Tout cela est brouillon au regard des enjeux alors qu'on attend de lui un projet global de lutte contre les déficits», assure de son côté Yann Wehrling, le porte-parole du MoDem.

«Ce qu'a feint de déplorer Nicolas Sarkozy à Bordeaux est d'abord et avant tout le bilan désastreux de sa politique: fraudes sociales en explosion selon tous les rapports, récemment évaluées à 20 milliards d'euros par an, et effacement progressif de l'autorité publique face aux fraudeurs et à la triche», accuse pour sa part Florian Philippot, porte-parole de Marine Le Pen. Pour le responsable frontiste, le lien entre hausse continue de l'immigration et montée de la fraude est «évident».

Les critiques sont aussi venues des syndicats. La CFDT accuse ainsi le gouvernement d'avoir «choisi le populisme» et estime qu'il «instrumentalise la fraude et punit les malades» avec son projet de mettre à l'amende les salariés dont l'arrêt maladie serait jugé abusif. FO a «dénoncé fermement la suspicion à objectif politicien que fait peser le gouvernement sur les salariés en situation d'arrêt maladie». Pour la CGT, Nicolas Sarkozy «a mis systématiquement et méthodiquement à mal ce qu'il appelle la solidarité nationale». «Sous couvert d'une cure d'austérité, ce sont les salariés, les privés d'emploi et les retraités à qui l'on demande toujours plus de sacrifices, en abaissant le niveau de protection sociale», ajoute le syndicat. Sur la même ligne, Solidaires accuse pour sa part le gouvernement de chercher «à opposer les salariés du public à ceux du privé» mais aussi «de s'attaquer aux salariés les plus fragilisés pour sauver son fichu ‘triple A'», par des mesures «injustes qui sont une nouvelle atteinte aux droits sociaux».

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