25 octobre, 2011

L'iPhone, la meilleure arme de la Chine contre les Etats-Unis

Dans un document de travail, deux chercheurs du National Graduate Institute for Policy Studies de Tokyo, Yuquig Xing et Neal Detert ont décomposé la chaîne de valeur d'un iPhone et révélé l’impact du bijou d’Apple sur la balance commerciale américaine.

En 2009, l’iPhone a affecté le déficit commercial américain à hauteur de 1,9 milliard de dollars et a été à lui seul responsable de 0,8 % du déséquilibre des échanges américains vis-à-vis de la Chine.

Selon les statistiques douanières américaines, l'importation d'un iPhone, fabriqué en Chine, est comptabilisée pour une valeur de 178,96 dollars. Mais, si le smartphone est assemblé dans les usines chinoises, la plupart de ses composants n'est pas fabriquée en Chine. En effet, la mémoire flash (24 dollars) et l'écran (35 dollars) sont produits au Japon, le processeur et ses composants associés en Corée (23 dollars), les puces GPS, camera, système wi-fi en Allemagne (30 dollars), le Bluetooth, les composants audio et la 3G aux États-Unis (12 dollars).

Si l’on ajoute ces composants technologiques avec également les autres matériaux plastiques, aluminium, licences et brevets sur les logiciels qui pèsent à hauteur de 48 dollars, on se rend compte que, dans la valeur d'un iPhone, le poids de la Chine est finalement très relatif, seulement 6,50 dollars pour l'assemblage final.

Du coup, les douanes américaines enregistrent une importation chinoise de 179 dollars, puisqu’elles mesurent la valeur finale du produit fini, mais l'appareil intègre 34 % de produits japonais, 17 % de produits allemands, 13 % de produits coréens et 6 % de produits américains, la Chine ne contribuant qu’à 3,6 %.

L’impact Chinois est donc à mesurer, d’autant plus que le creusement du déficit commercial américain vis-à-vis de la Chine s'est accompagné d'une réduction des déséquilibres des échanges américains face aux autres pays asiatiques, notamment le Japon. A la fin des années 1980, le Japon représentait près de 40 % du déficit commercial américain, contre moins de 10 % actuellement.

À l'époque, les États-Unis pestaient déjà contre la faible appréciation de la devise japonaise et souhaitaient une augmentation du yen pour réduire l'excédent commercial japonais. L’effet s’est fait sentir, le yen s'est apprécié et les entreprises nipponnes produisent en Chine. Les dirigeants chinois connaissent cette histoire par cœur. Il n’en ont pas intérêt, et Apple non plus, d’ailleurs.

Si la Chine ajuste trop rapidement son taux de change, l'effet à court terme est négatif pour Apple, puisque les coûts de production seront en forte hausse. A long terme, la Chine risque de subir une délocalisation de la production d’Apple vers des pays où le coût du travail est plus faible, comme la Malaisie par exemple.

L’excédent commercial chinois vis-à-vis des Etats-Unis va forcément finir par se réduire, grâce à la naissance d’une classe moyenne, la hausse des salaires minimum et le développement de la demande intérieure. Cependant, le déficit commercial américain se creusera probablement rapidement vis-à-vis d'un autre pays d'Asie, disposant d'une main-d'oeuvre à bas prix, et les problèmes recommenceront. Les ajustements de taux de change ne changeront finalement rien si les modèles de développement économique restent basés sur une forte consommation et une demande étrangère importante.

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