23 septembre, 2011

Terrorisme: le Pakistan menace de rompre son alliance avec les USA

Accusations | Le Pakistan a ouvertement menacé les Etats-Unis de mettre fin à l’alliance entre les deux pays si Washington continue de l’accuser de soutenir les talibans en Afghanistan.

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© KEYSTONE | Mme Khar, la ministre pakistanaise des Affaires étrangères, a été nommée à ce poste deux mois plus tôt et remarquée par des médias internationaux pour sa jeunesse et son allure élégante.

AFP | 23.09.2011 | 11:17

Le Pakistan a menacé vendredi les Etats-Unis de mettre fin à l’alliance entre les deux pays si Washington continue de l’accuser de soutenir une faction des talibans en Afghanistan, a menacé vendredi la ministre pakistanaise des Affaires étrangères, Hina Rabbani Khar.

La veille à Washington, le plus haut responsable militaire américain, l’amiral Mike Mullen, avait brutalement accusé Islamabad d’exporter, via ses services secrets, la violence en Afghanistan en y soutenant le réseau Haqqani, l’un des groupes les plus actifs au sein du mouvement taliban.

Jamais les Etats-Unis, auxquels le Pakistan s’est rallié lorsqu’ils sont envahi l’Afghanistan à la fin 2001, n’avaient accusé aussi directement Islamabad d’y être impliqué dans les attaques contre les Occidentaux.

"Nous avons fait passer aux Etats-Unis le message suivant: vous allez perdre un allié. Vous ne pouvez pas vous permettre de vous aliéner le Pakistan. Vous ne pouvez pas vous permettre de vous aliéner le peuple pakistanais", a déclaré Mme Khar à la télévision privée pakistanaise Geo TV.

"S’ils choisissent de le faire, ce sera à leurs propres dépens", a-t-elle ajouté, interrogée depuis New York où elle participe à l’Assemblée générale des Nations Unies.

"Pas dans l’esprit du partenariat"

Mme Khar, nommée à ce poste deux mois plus tôt et remarquée par des médias internationaux pour sa jeunesse et son allure élégante, rappelant à certains Benazir Bhutto, a dénoncé les dernières déclarations américaines, qui ne sont selon elle "pas dans l’esprit du partenariat" entre les deux pays.

"Toute déclaration publique visant à critiquer ou humilier un allié n’est pas acceptable", a-t-elle ajouté, avant de souligner à l’attention des Pakistanais qu’ils "doivent comprendre clairement que notre pays n’est pas dépendant des Etats-Unis militairement ou économiquement".

Les Américains versent chaque année au Pakistan plusieurs milliards de dollars d’aide, un apport crucial pour le budget de ce pays très corrompu, en partie déchiré par les violences et en déficit chronique.

Jeudi devant les sénateurs de la commission de la Défense, l’amiral Mullen avait délaissé le langage diplomatique en désignant le réseau Haqqani, proche d’Al Qaïda, comme le bras armé des services secrets pakistanais, signe de l’exaspération des Américains vis-à-vis du double jeu joué selon eux par leur allié pakistanais.

Les Haqqani dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan

Les Haqqani disposent de bases arrières dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, frontalières avec l’Afghanistan, un bastion des talibans pakistanais et le principal sanctuaire dans le monde d’Al-Qaïda.

Washington estime que le Pakistan instrumentalise clandestinement les réseaux talibans pour défendre ses intérêts stratégiques en Afghanistan et y contrer notamment l’influence de son rival de toujours, l’Inde, alliée de Kaboul aux côté des Etats-Unis.

Attaquer le réseau Haqqani et ses alliés pakistanais dans les zones tribales très montagneuses, comme l’en presse Washington, serait militairement difficile et exposerait le Pakistan à davantage d’attentats sur son sol, estiment des responsables militaires pakistanais et des experts occidentaux.

Les talibans pakistanais mènent une campagne extrêmement meurtrière d’attentats --suicide pour la plupart-- qui ont fait plus de 4.700 morts ces dernières années dans tout le pays. Au diapason d’Al-Qaïda, ils avaient décrété le jihad à Islamabad en 2007 pour son soutien à Washington dans sa "guerre contre le terrorisme".

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